Hyesu avait perdu son carnet. Pour beaucoup ils n'y verraient qu'un livre aux dessins enfantins, trop ancien pour avoir une quelconque valeur réelle mais aux yeux de la brune, il représentait tout. Elle y avait écrit certaines de ses pensées et émotions les plus profondes, les plus intimes dedans. Et elle l'avait perdu. Elle ignorait où, elle ignorait quand mais une chose était sûre et certaine, un jour elle l'avait et le lendemain Hyesu avait eu beau chercher partout... impossible de retrouver le livre. Dire qu'elle était inquiète, ce n'était pas assez fort, la jeune femme était désespérée car en plus d'être comme son journal intime, c'était avant tout un cadeau de sa grand-mère. L'héritière avait refait dès le lendemain le chemin de la veille, venant jusqu'à ce café où elle était encore là aujourd'hui, toujours pour la même raison, toujours pour la même question. Est-ce qu'ils avaient retrouvé son journal ? La réponse était semblable aux autres jours, son livre n'était pas chez eux. « Un carnet avec des dessins ? Un jeune homme est passé pour demander si quelqu'un a perdu le sien. » Hyesu et la serveuse se tournèrent vers la nouvelle voix, une dame plus âgée venait de sortir de la cuisine, un éclat d'espoir qui vient éclairer le regard de la jeune femme. « Vraiment ? Vous savez qui c'est ? » Quelqu'un l'avait retrouvé ? « Il vient souvent, normalement il ne devrait pas tarder c'est un habitué. » Un sourire qui étire ses lèvres à l'idée, « Je vais l'attendre alors. » En espérant que c'était bien son carnet. Hyesu commanda une boisson chaude, allant par la suite s'installer à une petite table près de la vitrine, comme si ça lui permettrait de voir le jeune homme en question arriver alors qu'elle ignorait totalement qui il était.

code by kerushirei.

Myungjin se demandait s’il allait un jour retrouver la propriétaire du livre. Il l’avait trouvé il y a quelques jours maintenant et il venait à ce café où il avait mis la main dessus pour le lui rendre. Mais il n’arrivait jamais à la croiser. Il aurait pu simplement le laisser aux employés du café mais le baekje avait commencé à lire les écrits. En fait, il avait tout lu. Et il s’était retrouvé dans les mots de la jeune femme. Enfin, était-ce bien une femme ? Il n’en était pas certain mais il l’avait supposé. En tout cas, le garçon avait envie de rencontrer cette personne. De pouvoir discuter avec elle. bon, peut-être que lui avouer qu’il avait tout lu était délicat et qu’elle n’apprécierait pas mais… Il n’avait pas pu s’empêcher. Au départ, il l’avait ouvert simplement par curiosité, pour le feuilleter et rien de plus. Mais Myungjin avait lu une phrase. Puis une seconde. Et il avait fini par toutes les lires. L’étudiant poussa la porte, comme il l’avait fait tous les jours depuis un petit moment maintenant. Il s’avança jusqu’au comptoir, ses yeux trouvant ceux de la serveuse qui, maintenant, le reconnaissait. Il n’avait même plus besoin de dire ce qu’il voulait qu’elle le préparait, demandant un simple : comme d’habitude ? Auquel il répondait par un : oui. Ce fut encore une fois la même chose mais cette fois-ci, elle ajouta que la propriétaire du livre était là. Son regard s’illumina et la serveuse lui indiqua la table. Myungjin, tout sourire, se tourna dans la direction montrée et… resta bouche bée. Hyesu ? Rhee Hyesu ? Sa fiancée ? Il cligna des yeux, bien surpris de la voir là et surtout d’apprendre que le livre lui appartenait. Parlait-on bien du même livre ? Le président des baekje récupéra sa boisson et s’avança vers la jeune femme. Il sortit le livre quand il arriva à sa hauteur et le lui tendit. « C’est à toi ? » Demanda-t-il simplement, la regardant. Il ne s’était jamais imaginé que ça pouvait être elle. Et maintenant qu’il le savait… ça changeait tout. Il la voyait différemment. Et se trouvait surtout bien idiot de s’être comporté ainsi avec elle.

code by kerushirei.

Hyesu était dans tous ses états, il fallait dire que son carnet était l'un de ses biens les plus précieux alors ne pas savoir où il était ? Elle était en panique. À l'idée qu'un inconnu puisse tomber sur lui et le lire ? Même si elle n'avait pas cité de nom en particulier car à l'époque trop jeune pour y penser, ça restait horrible comme sensation. Et elle n'osait imaginer si elle l'avait perdu au final chez elle et que ses parents tombaient dessus, ça serait encore pire. Mais elle avait retourné la demeure familiale sans le trouver alors elle venait ici, encore et encore dans l'espoir qu'un miracle se produise. Miracle qui semblait d'ailleurs être arrivé quand l'une des dames du café lui parla d'un jeune homme ayant justement trouvé un carnet avec des dessins, peut-être que c'était le sien ? Ça pouvait aussi ne pas l'être mais Hyesu espérait maintenant beaucoup trop pour oublier cette possibilité. Alors elle avait commandé comme à son habitude, trouvant une place à une table près de la vitrine afin d'attendre la venue de ce fameux jeune homme... tout en ignorant totalement à quoi il ressemblait. La dame n'avait rien dit de plus, Hyesu ne pouvait qu'attendre et voir si le garçon allait venir aujourd'hui ou non. Les doigts serrés autour de la tasse pour se réchauffer les mains, la brunette mordillait nerveusement sa lèvre, des tas de scénarios lui passant en tête mais rien n'aurait vraiment pu la préparer quand elle vit Myungjin passer la porte du café, encore moins quand la dame de tout à l'heure indiqua la table où l'héritière se trouvait. De toutes les personnes possibles, c'était son fiancé qui avait trouvé son journal intime ? Hyesu était comme figée sur place, croisant le regard de Myungjin quand il se dirigea vers elle et pourtant c'était bel et bien son journal qu'il lui tendit. « O-oui, c'est bien le mien. » Elle murmura doucement, levant les mains pour attraper l'ouvrage, timide soudainement alors qu'une pensée la traversait, l'avait-il lu ? Elle ne l'avait pas nommé à proprement parler mais elle s'était confiée sur la situation... Elle sentit son visage s'enflammer, que c'était gênant. « Je, hm, tu- » Une grimace vient déformer ses traits un quart de seconde. « Merci Myungjin, j'y tiens beaucoup. » La brunette ramena le carnet contre sa poitrine. « Tu... veux t'asseoir avec moi ? » Elle n'avait toujours pas quitté le regard du garçon depuis le début, malgré le rouge de ses joues.

code by kerushirei.

Myungjin tenait à ce livre qu’il avait découvert. Ou plutôt, il tenait à la personne qui avait écrit tous ses mots dedans. Il ne savait pas pourquoi ni comment c’était possible mais il se sentait proche d’elle. Il vivait la même situation, ressentait exactement pareil. Enfin, pas tout à fait non plus, car sa fiancée n’était pas incorrecte avec lui. Contrairement à cet homme qui se comportait vraiment comme un crétin avec elle ! Aberrant ! Tout comme ce mariage arrangé dont elle faisait les frais. Tout comme lui. Non, vraiment, il se sentait proche d’elle, même sans la connaître et il avait hâte de la rencontrer. Rencontre qui allait arriver car la serveuse lui indiqua que la propriétaire du livre, il semblerait, était là. Un sourire illumina son visage tandis qu’il récupérait sa boisson. Le jeune homme se tourna dans la direction indiquée et resta bouche bée en découvrant sa fiancée. Il se sentit totalement idiot d’un coup. Vraiment idiot. Parce que le comportement de cet homme qu’il avait insulté de tous les noms, c’était le sien. Il réalisait, maintenant, à quel point il avait été con avec Hyesu. L’étudiant s’approcha d’elle, masquant sa gêne, et tendit le livre. Son regard s’accrocha au sien et ne le quitta pas. Mais qu’est-ce qu’il lui avait fait vivre, bon sang ?! Myungjin s’en voulait. Il lui laissa l’ouvrage, se pinçant les lèvres quand elle le remercia. « Il n’y a pas de quoi… » Répondit-il dans un souffle, avant d’hausser les sourcils, surpris par sa proposition. Il n’était à rien de se pointer du doigt et lui demander si c’était bien à lui qu’elle posait la question. L’étudiant ne répondit rien et s’installa dans le silence, ses mains s’accrochant toutes les deux à sa boisson. Il regarda son gobelet un instant avant de relever les yeux vers Hyesu. « Je… » Il s’interrompit, craignant la réaction de la jeune femme. Mais il devait l’avouer tout de suite. Elle devait se poser la question alors autant couper court à la torture de l’ignorance. « J’ai lu ce qu’il y avait… enfin, ce que tu as écrit. » Avoua-t-il. « Je voulais pas, au début. Je feuilletais juste et puis, j’ai… lu une phrase. Puis deux. Et je me suis retrouvé à tout lire. » Admit-il avec honte. « Je suis désolé. » Souffla-t-il. Désolé d’avoir lu, désolé d’avoir eu un tel comportement.

code by kerushirei.