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SONG MINHUN
min : 1/ peuple, 2/ vivacité, agilité
hun : exploit, acte méritoire, mérite
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séoul // 12 octobre 1995
C'est une fraîche journée d'automne qui accueille ses premiers cris. Une mélodie accompagnée d'une autre, alors que sa jumelle le suit de près. Un moment partagé et Minhun ne se voit pas passer cette journée seul. Elle est la célébration de leur existence dans ce monde qu'il ne sait pas gérer. La capitale les a accueilli pour ne jamais les laisser partir et ça lui convient très bien comme ça. Il ne supporterait pas d'être loin de sa soeur pendant des jours, des semaines ou des mois. Même s'il la suivrait partout. Lui qui n'a pas d'avenir.

D'origines purement coréennes, mais s'il en possède d'une autre nature, il n'en a pas conscience. N'ayant jamais quitté le sol coréen, il en détient donc la nationalité. Il n'a pas encore accompli son service militaire et c'est le moment qu'il redoute le plus, puisqu'il sera séparé de sa précieuse jumelle pendant plus d'un an. Certes, les permissions lui permettront d'aller la voir, mais pas aussi souvent qu'il le désirerait. C'est, pour lui, comparable à une prison.

Il est l'échec ; elle est l'accomplissement. Minhun ne peut s'empêcher de se comparer à sa douce jumelle ; la femme de sa vie. Si elle est à l'université et travaille fort pour réussir sa vie, lui travaille fort pour détruire la sienne. Le lycée à peine terminé ; le garçon ne possède aucun diplôme scolaire, peu en importe le genre. Décrocheur scolaire, il s'est comdamné à errer de boulots minables en boulots minables. Il en a connu plusieurs ; s'est fait congédier de plusieurs, également. Ses écarts de conduite qui le mènent derrière les barreaux pour une nuit ou deux ne l'aident en rien. Pour le moment, il s'évertue à garder ce job de bodyguard dans une boîte de nuit, mais ça ne lui convient qu'à moitié. C'est que Minhun rêve de faire carrière en musique. Faire partie d'un rock band ou en monter un est ce qu'il désire le plus en ce monde. Cependant, il doute pouvoir arriver à le faire. Il est donc dealer en parallèle et il s'assure d'être assez discret, car il ne sait pas comment Minhee réagirait face à ce secret. Face à tous ses petits secrets, en vérité.

Sa famille n'a jamais roulé sur l'or et depuis l'acquisition de sa tendre indépendance jumelée à son autonomie, il croule sous les dettes. Un combo réellement désastreux, puisque l'illégalité le ronge. L'absence d'avenir, également. Il en est réduit à parfois voler pour survivre dans ce monde sans pitié. Il a déjà vendu son corps pour amasser un peu d'argent, mais ça, c'est une toute autre histoire. Aujourd'hui, il s'en sort un peu mieux, mais c'est seulement grâce à la drogue qu'il vend dans l'ombre. Minhun n'a jamais eu que ce qu'il méritait. Avant, il avait l'amour de sa famille ; aujourd'hui, il se laisse sombrer malgré celui-ci.

C'est au milieu de l'adolescence qu'il comprend que ses prunelles ne sont attirées que par ces messieurs. Pourtant, il n'a jamais eu le courage de faire son coming out. Seule Minhee est au courant, car il n'a pas eu d'autres choix que de lui dire. Et puis, elle est celle à qui il dit tout. Il sait qu'elle ne va pas le juger pour ce qu'il est. Ou en tout cas, pas pour son orientation sexuelle. Même encore aujourd'hui, maintenant âgé de 28 ans, Minhun n'est jamais sorti du placard. Le fera-t-il, un jour? La seule chose qu'il regrette, c'est de ne pas avoir pu le dire à son père avant qu'il ne les quitte tragiquement. Peut-être le regard et le jugement des autres lui importe-t-il un peu trop? Ou c'est peut-être parce qu'il a honte? Trop de possibilités sur lesquelles il préfère ne pas se pencher. Bien que célibataire depuis toujours, ça ne l'empêche pas de nourrir des sentiments pour un homme qu'il ne pourra sans doute jamais avoir. Et en parallèle, il ignore que quelqu'un d'autre s'est attaché à lui de cette façon. Minhun est trop dur envers lui-même ; il ne se pense pas assez bon pour rendre heureux qui que ce soit.

Sa famille, c'est sa jumelle. En vérité, il a toujours été proche de sa famille, pas seulement que de Minhee. Cependant, il n'a gardé contact qu'avec elle. Un comportement probablement égoïste, puisqu'il n'a pas reparlé à sa précieuse mère depuis trop longtemps. La mort de son père a brisé quelque chose en lui qu'il n'a jamais su comment réparer. Il se sent honteux de se présenter devant celle qui l'a enfanté. Il est une cause perdue ; impossible de le récupérer. Il aime sa mère plus que tout, mais il se sent incapable d'affronter son regard plein de déception ( c'est du moins ce qu'il pense ). Au fond, il ignore comment elle le regarderait. Peut-être que ce ne sont que des excuses pour ne pas voir sa douleur suite à la perte de son partenaire de vie. Peut-être qu'il ne veut pas la voir, parce que ça lui rappelle justement cet homme qu'il admirait plus que tout. Peut-être qu'il est simplement un mauvais fils.