Moins je vais en cours moins j'ai envie d'y retourner. Moins j'y retourne plus je m'approche du quotidien tant rêvé. Je suis pas fait pour les longues études. Je suis pas motivé, l'ambition est ailleurs. J'arrive plus à me voiler la face et mes proches ne peuvent plus se mentir non plus. Je sais pas où je finirai, je m'imagine pas dans dix ans. Mais tout le monde sait que je serai pas derrière un bureau à recevoir des ordres même s'ils n'arrivent pas encore à se l'avouer. Tout particulièrement mes parents. Ils pensent que j'ai fais médecine parce que c'est prestigieux. Et puis quoi encore ? Médecine ou littérature c'est du pareil au même. Ouais mais un fils issu d'une famille moyenne qui devient médecin, voit la fierté dans le quartier. Sauf que j'ai jamais voulu finir médecin. Je sais même pas ce que je fais dans cette filière.

Résultat déjà deux semaines que j'y suis pas retourné. Dire que c'est la crise à la maison c'est gentil, c'est plutôt la guerre ouais. Journée de repos pour les parents, je sors avant que tout le monde se réveille pour éviter les discours moralisateurs. J'ai mal dormi. Je sais pas où aller. Je me dis qu'il faudrait quand même que je fasse un petit tour à l'université. Brin de mauvaise conscience qui n'a pas encore volé en éclat. J'arrive alors que le cours à déjà commencé. Je sais ni quel cours ni combien de temps j'ai raté. Je prends même plus la peine de regarder l'emploi du temps. Suivre gentiment ce qu'on me dit ce n'est définitivement pas pour moi. J'entre sans prendre la peine de me faire discret et encore moins de m'excuser. C'est déjà un exploit que je sois là. Le prof s'arrête de parler et je sens ses yeux se poser sur moi. J'avance et cherche Hyo Jin du regard et m'installe à côté de lui. Le prof soupire mais reprends comme si de rien était. Génial. Je me tourne vers mon pote. « Salut mec. Tu me réveille quand c'est fini ? » Je pose mes bras sur la table et ma tête sur mes bras. Bonne nuit.

Quand j’étais gosse, plus mon père me repoussait pour s’occuper de ma cousine, plus j’avais envie de me dépasser pour attirer son attention, lui montrer que moi aussi j’étais capable de faire ce qu’elle faisait. C’était pour cela qu’en cachette j’imitais les mouvements de taekwondo qu’il lui montrait. Le soir, je m’isolais dans ma chambre et je répétais les mouvements que j’avais vu, je répétais jusqu’à ce que cela ressemble à quelque chose, jusqu’à ce que j’y arrive, jusqu’à ce que je sois content de moi. Cela prenait du temps et pouvait prendre toute la nuit, mais je progressais. En grandissant, quand je perdis ma mère d’un cancer du sein sans rien pouvoir faire à par être auprès d’elle, j’ai fait le choix de commencer des études de médecine. Je ne voulais plus revivre cela. Jamais. C’était la première fois que je faisais quelque chose pour moi et non plus pour épater mon père ou quiconque. Voilà deux ans maintenant que je trimais pour avoir d’excellentes notes en cours de médecine. D’ailleurs j’avais rencontré Hee Jae à l’université avec qui ca avait toute de suite collé. On était de total opposé et pourtant on s’entendait bien. Bon après, quand nos deux mondes se rencontraient, ca faisait souvent boum, mais la plupart de temps, on était de très bons potes. Lui aussi excellait dans ses études et disons que, j’étais inconsciemment en compétition avec lui pour la première place. Pourtant, cela faisait deux semaines que je ne l’avais plus vu. Que ce soit en cours ou en dehors de l’école. Pourtant on se retrouvait souvent chez lui pour boire une bière devant le foot. Parfois, sa copine Sunah était là aussi et nous servait nos bières. Il m’avait brièvement parler qu’il voulait tout lâcher pour pouvoir gouter à la liberté la dernière fois que l’on s’était vu. J’avais d’abord cru qu’il plaisantait, mais maintenant, je commençais à me dire qu’il était sérieux. Le cours d’anatomie avait déjà commencé de quelques minutes que la porte de l’amphithéâtre s’ouvrit sur Hee Jae. Sur le coup, je le fixais, me disant qu’un revenant était de retour. Il ne s’excusa même pas auprès du prof, se dirigeant droit vers moi, s’asseyant à mon côté gauche. Comment ca le réveiller quand c’était fini ? Il comptait vraiment dormir ? Son geste répondit à ma question. Je restais là à le regarder un instant avant de lui donner un coup de coude. « Hé mec, c’est pas vraiment le temps de dormi… » Je jetais un coup d’œil au prof qui avait déjà repris son cours nous portant plus aucune intention. « Qu’est ce que tu as foutu ces quinze derniers jours ? T’as disparu de la circulation ou bien quoi ? » J’étais vraiment inquiet. Je ne savais pas à quoi Jae jouait. Aussi bien qu’il avait eu des problèmes et qu’il n’avait pas osé en parler, sait-on jamais.

Je suis revenu dans cet amphithéâtre où se joue mon destin. Destin, bien grand mot et pourtant c'est le cas. Et j'ai déjà envie de repartir. Le brin de conscience qui m'a ramené ici et bel et bien en train de se fissure. Je crois que revenir ne fais que renforcer mes convictions. Celles qui me disent de lutter pour mes idées, pour la liberté. Liberté, bien grand mot encore. Je m'avance vers Hyo Jin et lui demande de me réveiller quand le cours sera fini. Pour des retrouvailles c'est pas la meilleure chose à dire mais je sais que contrairement à moi, lui il tient à son diplôme. Alors le déranger pour faire passer le temps il y a plus sympa comme preuve d'amitié. Si j'arrive à m'endormir on aura tout le temps de parler après le cours. Rien de grave.

Mais son coup de coude me fait comprendre que le repos se sera pour plus tard. Toujours la tête sur mes bras je tourne mon visage vers lui. Merde, il a l'air inquiet. Je sais jamais comment réagir dans ces cas là. D'accord, quand quelqu'un est inquiet on le rassure. Le problème c'est que ma réponse risque pas de le rassurer. Voilà pourquoi j'aime pas ces situations là. J'ai peur que nos deux mondes entrent encore en collision et rien que d'y penser j'ai envie de partir en courant. « Je me suis fais chier, c'était cool. » je lâche un rire discret devant ma connerie. Je décide de me motiver à me justifier même si j'ai plutôt tendance à changer de sujet. « J'ai pas assuré et j'aurais dû prévenir. » C'est bien de s'en rendre compte. Mieux vaut tard que jamais comme on dit. « Mais avoue j'ai rien raté ? » Un sourire mi amusé mi fier se dessine sur mon visage. Et sans que je m'en rende compte je commence à changer de sujet. Irrécupérable.

Il avait l’air mou aujourd’hui. Je ne savais pas qu’elle mouche l’avait piqué, mais il n’était pas à son affaire. Dormir en cours … quelle idée. Et ce n’était pas ce qu’il me dit qui allait me rassurer. Monsieur c’était fait chier et c’était cool. C’était quoi ce raisonnement à deux balles ? J’avais la mauvaise impression de ne pas bien comprendre. Au fond de moi, je savais pertinemment bien ce qu’il voulait dire. Il n’avait jamais aimé les règles, les cours, les horaires, étudier…Tous ce qui organisait une vie en somme, ce qui donnait des limites. Lui son truc, c’était la liberté, vivre le jour, le jour. Il me l’avait déjà bien fait comprendre plus d’une fois. Pourtant, ma tête ne voulait pas comprendre ce qu’il disait. J’avais une toute autre manière de penser que lui. Pour moi, étudier, travailler. La médecine et la bijouterie, c’était toute ma vie. Je bossais comme un malade tous les jours. Alors qu’il vienne me dire de but en blanc qu’il s’était fait chier et qu’il aimait ca … ça me sidérait. Sur le coup, je n’avais su que penser. Au moins, il se rendait compte par lui-même qu’il n’avait pas assuré. Mais son comportement pouvait cacher tout autre chose. Peut-être avait-il des problèmes d’argent, ou avec sa famille ou pire… Je n’en savais rien. J’essayais donc de ne pas conclure d’avis trop rapidement sans preuve. Je secouais la tête. Il faisait comme si de rien était. Jouait-il la comédie ou restait-il lui-même ? Difficile à dire. On était bons potes, voire même de très mon pote, mais il arrivait que je n’arrive pas à distinguer ce qu’il avait dans la tête. « Rien de ce que tu pourras rattraper rapidement. » Répondis-je avec un demi-sourire. Pas besoin de s’affoler sur les cours perdus. Hee Jea était quelqu’un d’intelligent, il rattraperait le temps perdu en moins de quelques jours. « Je te passerais mes notes quand le cours  sera terminé. » Avec cela, c’était comme s’il n’avait raté aucun cours. Il sera en ordre en un rien de temps. « Tu sais… si tu as de quelconques soucis, tu peux m’en parler… on a dépassé le stade de se cacher des choses tu ne penses pas ? » Je le gratifiais d’un sourire qui se voulait rassurant. Je voulais l’aider rien de plus. J’avais peu d’amis auxquels je tenais, mais lui en faisait partie. Je voulais l’aider comme je le pouvais, je ne voulais pas le laisser dans la merde. Il méritait mieux que cela. « Si tu as des problèmes d’argent, tu sais que je peux t’en prêter comme tu veux. » Je n’étais pas bien riche, mais j’avais les moyens tout de même. Mon père était riche, mais je ne voulais pas de son argent sale. Je payais l’école avec l’argent que je tirais en vendant mes créations à la bijouterie. Cela faisait peu de temps que j’avais rouvert la bijouterie, mais cela marchait plutôt pas mal.

Dormir ou pas dormir, une chose est sûre c'est que je compte pas suivre sagement le cours. Et vu mon comportement c'est vraiment plus que sûr. C'est comme si je vivais un retour de vacances et que je voulais pas me faire au retour à la réalité. A la vraie vie, comme dirait certains. Mais c'est pas que je veux pas, c'est que je peux pas. Non, la vraie vie c'est pas être enfermé dans une salle à prendre des notes. La vraie vie elle est dehors. N'importe où, surtout loin d'ici. J'ai comme l'impression que Hyo Jin ne sait pas comment réagir à mon commentaire alors que moi je me trouve plutôt drôle. Drôle, façon de parler. Au fond je peux le comprendre. Je sais à quel point la médecine compte pour lui. Je connais aussi l'importance de son job en dehors. Alors quand moi je débarque heureux d'avoir rien fait … ouais difficile de savoir comment réagir. Quoi que j'ai pas réellement rien fait. Juste rien de constructif qui pourrait aider la société.

Comprenant plus ou moins la situation de mon voisin j'essaye de me justifier à ma façon. Je réalise bien que voir un pote sur le point de foutre son avenir en l'air c'est sûrement pas facile à regarder. Oui je m'en rends compte mais je suis un putain d’inconscient et il le sait. Sauf que pour une fois mon attitude est toute réfléchie. J'en ai marre de tout ce qui nous entoure, qui nous enferme et nous retient par des chaînes invisibles. Je veux juste les briser et va falloir qu'il commence à l'accepter. Quand il me propose de me passer ses notes je reste silencieux un court moment. Je ne veux pas le blesser et j'ai de la chance de le compter dans mes amis. « Jin, te fatigue pas. Garde les pour réviser. » Ton amical mais sous entendu je ne rattraperai pas. Au début je le faisais mais là j'en vois plus l’intérêt. Je me redresse pour passer mes bras derrière ma tête et m'étirer. Là il m'annonce que je peux me confier si j'ai des soucis. Mon visage affiche un air surpris. Je sais que je peux lui en parler, c'est pas ce qui me surprend. C'est juste la tournure de la conversation. Je me sens un peu mal de voir qu'il fait tant d'efforts pour m'aider. Je me contente de lui offrir un sourire gêné mais sincère pour le remercier. A sa nouvelle phrase j'arrive à cacher ma surprise. C'est vraiment du sérieux là. Toujours avec mon insouciance naturelle je croise mes bras et penche la tête en arrière comme pour regarder à travers le plafond. « Tu sais bien que mon problème c'est l'argent. » Avouons le avec mon ambition, j'aurais jamais le salaire d'un grand médecin. Je suis bien parti pour finir comme mes parents, me tuer au travail pour gagner une misère. La base de mon envie de liberté. « Mes quelques soucis c'est ce système et cette société qui m'offre des problèmes d'argent à vie. Rien de grave. » Sourire ironique au bord des lèvres. « Faut pas que tu t'inquiète, crois moi. Écoute le cours comme si j'étais pas là, on parlera après. Fais moi confiance. » On dirait pas mais je sais ce que je fais.

La vraie vie était incontestablement celle qui se trouvait dehors, en dehors des salles de cours. Et ce n’était pas juste le point de vue de Hee Jae. C’était également la réalité. Sauf que cette réalité rime avec liberté pour mon ami, alors que pas du tout. Ce n’est que le début des responsabilités et tous autres problèmes d’adultes. Sortir d’ici sur un coup de tête et d’être lancé dehors juste comme ca, sans préparation, c’était se jeter directement dans la gueule du loup, se jeter la tête la première contre un mur. Bon sang Hee Jae, à quoi tu pensais sérieusement ? On avait besoin des études pour nous préparer un minimum pour affronter l’extérieur. Mais cela, il n’arrivait pas à se l’enfoncer dans le crâne, il jurait que par la liberté. Je n’avais pas envie qu’il foute sa vie en l’air sur un coup de tête. Quel ami je serais si je ne tentais pas un minimum pour essayer de lui faire entendre raison. Même si nous n’avions pas la même façon de penser, il y avait bien un moyen de lui faire comprendre son erreur non ? J’avais compris où il voulait en venir dès le moment où il refusa mes notes de cours. Je savais qu’il ne chercherait pas à rattraper son retard, car dans sa tête, il était déjà prêt à tout lâcher, prêt à foncer je ne sais où tête baissée. Pourtant, je ne pouvais pas l’accepter. Je l’observais du coin de l’œil, tout en suivant d’une oreille ce que le prof disait du cours, et prenant quelques notes par ci par là. Quand il évoque ses soucis par rapport au système et de la société, je ne peux m’empêcher de sourire. Un sourire amer, car j’étais d’accord sur ce point avec lui. Notre société était vraiment merdique sur bon nombre de points. Je hochais la tête quand il me proposa d’en reparler après le cours. C’était sans doute ce qui avait de mieux à faire. Me connaissant, je risquais de m’énerver plus tard en relisant mes notes, en pestant contre moi-même d’avoir écrit comme un cochon.

Une heure plus tard. L’heure de la pause, je me tournais vers Hee Jae bien décidé à lui tirer les vers du nez. « Bon mec ! Tu me dis ce qui se passe exactement maintenant ? T’étais passé où ces dernières semaines ? » Je n’étais pas du genre curieux, mais je sentais la mauvaise nouvelle arrivée, alors autant crever l’abcès tout de suite, non ?

On naît tous libres mais à partir du moment où on se tait on ne l'est plus. Voilà comment je vois les choses. Et je n'ai plus envie de me taire. Je veux résister. Je sais qu'il me voit comme un grand utopiste, après tout c'est ce que je suis. Il doit penser que si j'abandonne tout je risque de tomber. Moi je pense que si j'abandonne pas tout, je tombe. Il comprend mon point de vue mais ne le partage pas. L'inverse est vrai aussi. Entre nous c'est un débat sans fin. C'est ce que je me disais au début. Ce qu'il trouve bien c'est mal pour moi. On se contredit puis on change de sujet. C'était bien un temps mais tout à une fin. Et même s'il refuse de l'accepter, la fin on la connaît tous les deux. Il comprends que je ne rattraperais pas. Il comprend que cette fois c'est plus qu'une simple conversation. C'est le début de la fin. Moi aussi je le comprends, plus les minutes passent, plus j'en prends conscience. Heureusement pour moi, heureusement pour lui, il accepte d'en parler plus tard. Finalement je décide de ne pas dormir, j'attrape un des livres de Hyo Jin. Pas la bonne matière, pas grave. Je lis quelques chapitres en diagonale avant de le reposer à sa place. L'ennui. Je me redresse sur ma chaise, tape du pied inconsciemment, je fumerai bien.

Je ne sais pas comment j'ai tenu une heure mais j'ai tenu. Sans perdre de temps Hyo Jin se tourne vers moi et me redemande où j'étais pendant deux semaines. Je sors mon paquet de cigarettes pour en attraper une. Je me lève. « Je vais fumer tu viens ? » Je l'allume à peine dehors. Je prends un air sérieux. « Je sais pas ce qu'ils ont foutu mais mes parents peuvent plus payer le crédit de la maison. Du coup je suis pas venu pour aider tu vois. Entre aller-retour à la banque et à l'assurance, j'ai pas vu le temps passer. » Impossible de garder mon sérieux, éclats de rire. « Jin, tu veux pas l'entendre mais va falloir t'y faire. » de toute façon il connaît déjà tous mes arguments. « Cette histoire de crédit c'est des conneries. J'ai traîné en ville et je me suis fais de bonnes connaissances. Du coup j'ai fais soirée sur soirée. J'ai vu mon groupe aussi. On a bien composé. Écoute, je veux plus perdre de temps dans les études. » En deux semaines j'ai bien plus appris dans la rue qu'ici.

Hee Jae savait ce que je pensais de sa façon de penser. J’avais la mienne et on n’était jamais d’accord sur ce sujet. On en parlait rarement, car on finissait toujours par se clacher. Donc on évitait le sujet, car en dehors de cela, on s’entendait comme des frères. On se disputait, mais cela ne durait jamais bien longtemps. Une bonne bière devant un match de foot et on avait déjà tout oublié, faisant place aux rires. On était comme cela lui et moi. Mais je ne me doutais pas que tout allait changer aujourd’hui. Je lui jetais un coup d’œil quand il attrapa un de mes bouquins et le feuilleter. Ce n’était pas le bon cours, mais peu importe. C’était mieux que dormir, et un instant, je nourris encore l’espoir qu’il s’intéresse à ses études et que ce que j’appréhendais ne viendrait pas. Je me faisais encore des illusions, monsieur reposa le livre à sa place avant de taper comme un gamin mécontent. Je souris malgré moi. Dans le fond, c’était ce qu’il était. Il était encore un gamin.

Le cours terminé, je lui demandais vivement où il était passé ces dernières semaines. Il évita la question en me proposant de venir avec lui pour fumer. « Bonne idée, je sens que je vais en avoir besoin aussi … » Je fumais de temps en temps. Pas par besoin, mais par plaisir. Je n’en étais pas vraiment accroc. Je pouvais rester de longs moments sans toucher à une cigarette, mais il arrivait des moments comme celui-ci où il n’y a que cela qui me calme. Une fois dehors, je lui en pique une dans son paquet sans lui demande d’autorisation et l’allumais à mon tour. Suite à ce qu’il me dit, j’avalais la fumée de travers, manquant de m’étouffer un instant. je toussais deux fois avant de reporter mon regard sur lui. « T’es sérieux ?...bah merde alors ! » Si je m’attendais à cela. Ses parents qui ne peuvent plus payer leur crédit… Moi qui me faisais tout un cinéma inutile dans ma tête. A peine avais-je posé ma question que mon ami éclatait de rire. Je ne voyais parce qu’il y avait de drôle la dedans. Un rire nerveux peut être ? Une deuxième fois je faillis m’étouffer avec une bouffée de fumée. Je toussais et jeta la cigarette sur le sol en l’écrasant du pied. C’était mieux ainsi. Au moins, si il me sortait encore un truc pareil, je serais en état de lui en coller une et non pas entrain d’agoniser sur le sol. "Ne me refais pas un coup comme ca, tu veux ?" Je soupirais. « Alors t’es sérieux cette fois ? Tu comptes vraiment tout claquer comme ca ? Sur un coup de tête ? Parce que tu as marre des études et tout le reste ? » Je me tournais vers lui, posant une main sur son épaule. « Merde Hee Jae ! Réfléchis y encore une fois au moins…. Et puis, tu as pensé à Su NAh ? Qu’est-ce que vous allez faire ? Et elle, ses études ? » C’était vrai. Il ne pouvait pas tout claquer ainsi. Il n’était pas seul dans l’histoire. Il était deux. Je bouillonnais de colère contre lui de tout vouloir arrêter pour se lancer dans une aventure folle, mais je restais calme. Rien ne valait encore vraiment la peine que je m’énerve.

L'air libre me fait du bien. Encore une nouvelle raison de ne pas passer mes journées enfermé. Et des raisons je peux encore en trouver un bon paquet s'il le faut. Le truc c'est que si mon pote est incapable de me faire changer d'avis c'est pas mes vingts raisons qui feront changer son opinion. J'attrape une cigarette et il en profite pour en piquer une aussi. Je le regarde sceptique, pas parce qu'il n'a pas demandé mais bien parce que c'est rare de le voir fumer. S'il dit en avoir besoin, je regrette déjà d'avoir proposé de poursuivre la conversation. Je dis ça mais je lui sors quand même une excuse venue tout droit de mon imagination. Merde, faut pas plaisanter avec ces trucs là mais c'est pas grave, pourquoi on pourrait pas. Je savais qu'il me prendrait au sérieux et c'est ce qui me fait rire. Sa réaction. Je le vois jeter la clope au sol et je peux pas m'empêcher de faire une remarque avec mon humour plus que foireux. « Et bah alors on sait plus fumer ? » qui n'amuse que moi. Il me demande de ne plus lui refaire un coup pareil. Le soucis c'est que c'est naturel chez moi de rire de tout mais j'essaye de le rassurer quand même parce que c'est pas vraiment le moment. « J'essayerai de faire un effort la prochaine fois. » Je porte le bâton de nicotine à mes lèvres et recrache la fumée alors qu'il me sort une liste de questions.

Questions qui me font perdre mon calme à l’intérieur de moi. Il n'y a aucun coup de tête là dedans, depuis le temps qu'on s'embrouille à cause de ça, qu'on évite le sujet pour pas mettre notre amitié en danger il ose parler de coup de tête. Non. Je peux tout entendre mais ce qu'il me dit là passe mal. Inconsciemment je m'en prends à ma cigarette qui devient rapidement un tas de cendres. Je sens sa main sur mon épaule et mon cœur rate un battement en entendant le prénom de mon ex-petite amie. Oui ex, je sors une autre cigarette, j'ai encore du mal à me l'avouer.  Et putain, je vais devoir le dire à voix haute. J'ai le cœur serré mais comme il le dit si bien, qu'est ce qu'on va faire, et ses études … Oui j'ai pensé à elle. Il peut pas imaginer à quel point j'ai pensé à elle et combien de fois toutes les options on fait le tour de mes pensées. D'un geste je pousse sa main et je fais un pas pour lui faire face et annoncer les choses sans détour. « Elle est moi c'est fini. » J'écrase mon mégot et mes mains viennent se perdre dans mes poches. « J'ai jamais été aussi sérieux de ma vie. Mec, faut vraiment que tu t'enfonce cette idée dans le crâne. Et quand la pause sera finie je rentre chez moi. » Sans m'en rendre compte que je suis devenu froid. J'avais pas l'intention de dire les choses de cette façon mais c'est toujours pareil je m'en rends compte une fois que c'est trop tard.

« Si je sais plus fumer ? Tu devrais plutôt t’inquiéter de ce qui se passe dans ta tete. Tu m’en as déjà lâché des conneries, mais celle-ci est la pire de toute et de loin. » Il m’avait plus d’une fois rabâcher les oreilles avec sa liberté sans limite là. Mais aujourd’hui, il était plus que sérieux. Il était prêt à mettre à exécution ce qu’il rêvait depuis si longtemps. Cette discussion qu’on avait toujours repousser ou éviter, pour sauver notre amitié, éclatait enfin au grand jour. On était au pied du mur, on ne pouvait pas y échapper cette fois. Et ses plaisanteries n’arrangeaient pas la situation, elles faisaient que m’irriter d’avantages. Je me demandais parfois comment on avait fait pour que notre amitié dure aussi longtemps. Deux têtes brulées comme nous, avec des convictions totalement opposées avions réussi à cohabiter en paix pendant plusieurs années. Surprenant n’est-ce pas ? Tout étant que je croissais les bras tout en ruminant entre mes dents. « Tu fais la plus énorme erreur de ta vie, Hee Jae. » J’aurais beau lui dire un milliard de fois, ca s’enregistrera jamais dans son crâne. Il était aussi borné que moi. Je soupirais et abordais le sujet de sa copine pour essayer de le faire réagir. C’était sa réponse qui me surpris que j’en perdis mon irritation quelques secondes. « Comment ca finit ? » Qu’est-ce que ca voulait dire ? Il avait juste cassé avec elle pour assouvir son envie de liberté ou pour qu’elle ne coule pas si sa vie à lui ne marchait pas ? Je ne savais pas trop. Avec hee Jae, tout était possible. Mais bon après tout, cela ne me regardait pas. Sunah était une bonne amie, je m’entendais bien avec elle quand je l’a voyais chez Hee Jae, mais ca s’arrêtait là. Sérieux ? Ouai, j’avais capté qu’il était sérieux. N’empêche que je ne démordais pas sur le fait qu’il allait gâcher sa vie. Sa manière froide de me parler s’était transmise jusqu’à moi. « Fais ce que tu veux Hee Jae. Mais, je suis certain que tu finiras par le regretter. Et ce jour-là, viens pas dire que je ne t’avais pas prévenu. » J’avais presque craché ces mots, sans vraiment le vouloir. J’adorais ce mec, mais là, il dépassait les bornes. Pour moi, il ne faisait pas le bon choix. J’enfonçais mes mains au fond de mes poches et soupirais bruyamment, me calmant un peu. « Ca veut dire que c’est la dernière fois que l’on se voit ? » J’étais attristé de perdre un ami et pourtant, je pense que ca valait mieux. Rien ne serait plus pareil après. On serait comme deux étrangers. Notre amitié ne marchait que parce qu’on faisait taire certaines chose après tout.