J'sais pas c'que j'aurais fait sans Eunhye à c'moment précis. J'serais certainement en train d'continuer à m'enfumer la gueule, à m'morfondre en m'disant que d'toute façon, j'pourrais jamais voir l'bout du tunnel. Sans ma meilleure amie, j'aurais personne à qui parler d'ça, déjà qu'j'avais l'impression que personne pouvait m'comprendre. Eunhye, elle avait toujours les bons mots, puis, elle savait prendre le temps de m'écouter, pour savoir exactement s'qui allait pas. C'est grâce à elle qu'j'ai compris que parler, ça pouvait faire du bien ,qu'ça pouvait libérer d'un poid quelque part. J'lui étais tellement reconnaissant du temps qu'elle pouvait m'accorder, juste pour m'écouter, m'donner quelques conseils. Même si c'était pas facile, j'essayais toujours de les suivre, faut dire qu'elle était douée pour ça.

Quelque part, ça aurait pt'être été plus simple si elle était dans la même frat, si j'avais eu l'occasion d'la rencontrer autrement. Faut dire, on pouvait faire difficilement pire comme première rencontre. «En fait... C'était sur l'chemin. J'marchais derrière elle, mais j'faisais pas trop attention t'sais. Puis elle m'a surprit, elle s'est r'tournée vers moi, croyant que j'la suivais. Mais c'était pas ça du tout. Puis elle a commencé à parler et... elle s'est effondrée d'vant mes yeux. Sur l'coup j'savais pas quoi faire Eunhye. J'suis allé l'aider. En plus, j'sais qu'ma jumelle est anémique. Alors j'ai flippé grave...» Ouais, c'était l'cas de l'dire. Heureusement, depuis qu'j'avais trouvé cette info, j'gardais toujours quelque chose à grailler dans mon sac. C'était un réflexe, c'était au cas ou j'la retrouve, et qu'il y ait un problème. C'était avec des détails comme ça que j'm'accrochais d'toute façon.

Mes yeux s'étaient relevés vers ma meilleure amie quand elle m'proposait d'regarder l'dossier que j'avais monté sur ma jumelle. Elle avait pas tord, un regard extérieur pouvait que m'aider à savoir si j'm'étais planté quelque part. J'me pinçais les lèvres, même avec un regard neuf, j'espérais vraiment pas avoir fait d'boulette. «J'veux bien ouais... J'la connais pas vraiment. Enfin, j'ai eu son nom par un mec d'sa frat, et ça correspond au nom qu'j'avais trouvé à l'hôpital, dans les papiers d'adoption. J'pensais vraiment pas que j'pouvais autant m'planter...» J'avais baissé la tête, les yeux rivés sur nos commandes. J'touillais mon chocolat chaud, écoutant Eunhye. En y réfléchissant, si j'avais raison, j'devais lui laisser du temps. Pt'être qu'avec ça, elle finirait par m'croire, pt'être qu'elle avait juste flippé dans l'fond. «T'as pas tord... Mais... J'fais comment pour savoir si j'ai raison et qu'elle veut juste pas m'croire ? Si elle a juste pas envie de m'connaître ... ?» C'était surement ça l'plus douloureux, d'penser qu'une des raisons pour lesquelles elle avait réagit comme ça, c'était seulement parce qu'elle voulait pas savoir qui j'étais.

Je suis un peu perdue car je n’arrive pas à m’imaginer la situation. Les propos de mon meilleur ami me semblent confus mais à mon avis ce n’est pas la seule chose qui l’est en ce moment-même. Depuis cette surprenante nouvelle, le jeune homme est confronté à beaucoup d’éléments et de sentiments. C’est notamment le seul point que je peux voir en lui actuellement. Et pour être honnête, ce ressenti me dérange profondément. J’ai beau ne pas le connaître depuis toujours, il y a eu cette alchimie directement entre nous. J’aime être là pour lui depuis que je l’ai rencontré dans une situation tout aussi indélicate. « Oui j’imagine. Avec tout ce que tu sais à côté, c’est difficile de rester neutre ou autre… Mais elle s’en est vite remise ? Elle a dû aller à l’hôpital ? » Je lui pose beaucoup de questions qui ne vont pas clarifier la situation. Ce n’est pas l’important dans cette histoire. Je risque surtout de le rendre encore plus nerveux et déprimé. Je sens que je gaffe alors je lâche un « Pardon ». Chujung doit sûrement en savoir plus que moi mais vu la réaction de sa supposée sœur, il n’est pas en mesure de me donner son carnet de santé. Qu’est-ce que je peux être stupide parfois !  Toutefois, une idée surgit dans ma tête. Après une courte réflexion, je m’empresse de la déclarer au pyobeom. « La prochaine fois, tu me donneras tout. J’ai une amie qui travaille à l’université, peut-être que je pourrais accéder à son dossier scolaire, qui sait ? Si elle est atteinte d’anémie, je suis certaine que ça sera inscrit dessus. Ça fera toujours une preuve en plus. » Je bois ensuite une nouvelle gorgée de ma boisson sans perdre une miette des propos tenus par le jeune homme. « Très bien. Posons la question différemment. » J’arque un sourcil et esquisse un faible sourire : « Tu ferais quoi à sa place ?  Qu’est-ce qui te ferait changer d’avis ! »

J'touillais mon chocolat, sans même avoir mit d'sucre. Juste dans l'vide, comme ça. J'savais plus vraiment quoi faire. Voir Eunhye, c'était mon seul moyen pour trouver une solution, arrêter d'aller taper tout c'qui bouge le soir, et ne pas désespérer. C'était pas vraiment facile, mais j'étais arrivé à un stade ou j'savais que j'avais pas la force de tenir tout seul. Que j'avais besoin d'une aide pour parler, pour libérer un peu toute cette pression que j'avais pu accumuler. Et parler... J'avais jamais su qu'ça pouvait faire autant d'bien des fois. Bien sûr y'avait les rumeurs, beaucoup avaient entendu que j'cherchais mon jumeau. Mais personne savait exactement toute l'histoire, et c'que j'avais pu ressentir, sauf Eunhye.

Même si j'essayais d'faire de mon mieux pour expliquer tout c'qui s'était passé au moment ou j'ai parlé pour la première fois à ma jumelle, j'savais que j'oubliais des trucs, que j'm'embrouillais un peu moi même. Alors j'essayais de m'reprendre du mieux que j'pouvais. «Ouais, elle a pu rentrer chez elle directement. J'lui ai juste ... filé à bouffer pour qu'ça aille mieux. Ca a l'air d'avoir marché.» C'était bizarre comme situation quand on y repensait. J'continuais de regarder ma meilleure amie, sûrement à la recherche de réponses, mais elle s'excusait juste pour des raisons qui m'étaient inconnues, et j'lui offrais un petit sourire.

J'continuais d'tenir la main d'Eunhye, comme si ça m'permettait de m'accrocher à quelque chose. Je tournais ma tête en sa direction quand elle continuait de me parler. En plus d'être là pour moi, elle proposait même son aide, intérieurement, j'savais plus ou me mettre. J'étais loin d'être le genre de mec qui acceptait facilement un coup d'main, préférant d'habitude tout faire par moi-même. Mais là, j'devais être tellement désespéré que j'pouvais pas refuser ça, surtout venant d'elle. «Ca pourait m'aider ouais... Ce s'rait vraiment gentil d'ta part.» Elle l'était toujouts d'toute façon, mais j'me sentais obligé de l'préciser quand même. Sa façon d'voir les choses sous un autre angle m'faisait réfléchir quelques secondes, en buvant un peu d'mon chocolat. «J'sais pas trop... J'crois que j'irais voir mes parents, que j'leur poserais des questions. Ou un truc du genre...» En fait, j'en avais strictement aucune idée. Dans un sens, j'comprenais que ça pourait trop surprendre ce genre d'nouvelles, et que j'saurais vraiment pas quoi faire si ça m'arrivait.

Désormais, j’assimile plus facilement la situation. Avec cette déception, les mots de Chujung ne m’ont pas aidé à comprendre cette affaire. J’ai dû insister un peu pour pouvoir avoir tous les éléments en mains. Et malgré cela, on ignore encore de nombreux détails. Je lui propose alors de me joindre à son enquête. Je connais quelques personnes qui travaillent à la faculté. Je pourrais également demander à mes quelques amis mais cette histoire doit encore demeurer secrète. Je ne voudrais pas causer du tort à mon meilleur ami. Les gens sont censés être mâtures mais la vie nous réserve toujours des surprises, pas vrai ? En tout cas, je fais clairement plus confiance à des adultes, à des employés de l’université. « C’est normal. Je vais faire de mon mieux. » Il faut que je trouve un moyen de les convaincre avant tout ! Puis, je tente de trouver une alternative ou du moins propose une autre façon pour voir le problème de base. Et, la réponse courte de Chujung me fait penser qu’il ne sait pas comment y répondre. « Tu vois, tu ne sais pas comment tu réagirais. Et si j’étais dans son cas, je ne saurais pas quoi faire non plus. C’est tellement difficile de croire ce genre de choses alors de la part d’un inconnu ... Elle n'a rien vu venir tout comme toi. » Je lui adresse quand même un sourire. « Mais d’après ce que tu m’as dit, je pense qu’elle y repensera quand même. J’ai l’impression de me contredire mais cela me paraît tellement logique dans ma tête. » Je lâche finalement un rire et souffle un bon coup : « Je veux juste dire que tu n’es pas venu vers elle juste pour faire une vilaine une boutade. Sois patient. » On va dégager vérifier si c’est bien cette fille et peut-être que le reste suivra. Jetant ensuite un coup d'oeil autour de nous, je lâche un faible soupir d'aise et décide de changer de conversation: «  Sinon, les cours se passent bien ? »

Y'avait encore pas mal de zones d'ombres. J'avais beau avoir réussi à collecter pas mal d'infos sur ma jumelle, il n'empêche que c'était pas encore suffisant pour être sûr d'moi. Mais j'avais espoir, chaque nouvel élément étant un pas d'plus vers la personne que j'cherchais. Seulement, sur certains points, ça restait plus compliqué d'être sûr d'soi, d'avoir les bonnes infos. Encore une fois, j'pouvais compter sur Eunhye pour m'aider, j'savais pas vraiment c'que j'ferais sans elle, surtout dans un moment aussi difficile. J'lui offrais un léger sourire en guise d'réponse, seule chose dont j'étais capable.

Pour m'montrer que j'm'inquiétais p't'être trop pour pas grand chose, Eunhye m'faisait réfléchir à la situation, mais en sens inverse, et j'devais avouer qu'elle avait pas tord sur un point, c'était que j'aurais pas su comment réagir si ça m'étais arrivé à moi. Et encore moins venant d'un mec que j'connaissais pas. Baissant un peu la tête, j'me mordais les lèvres. Pt'être qu'il fallait lui laisser un peu d'temps. Maintenant que j'lui avais dis c'que j'savais, c'était une des seules choses qui m'restaient à faire. En espérant qu'ça porte ses fruits. « Ouaip... On verra bien d'toute façon... Nan mais oui, j'vois c'que tu veux dire... Lui laisser l'temps d'réfléchir, p't'être qu'elle reviendra d'elle même pour parler ? » La question paraissait stupide, mais c'était tout c'que j'imaginais à c'moment là. Dans tous les cas, fallait juste être patient.

Prenant une gorgée d'mon chocolat chaud, j'continuais d'regarder Eunhye. Ca allait être dur, mais fallait pas que j'y pense autant, on finirait bien par savoir la vérité d'toute façon. Tout c'que j'espérais, c'était que ça s'fasse rapidement. Mais ça, j'pouvais pas l'prévoir. Pour palier à ça, Eunhye décida d'changer d'sujet, histoire d'pas trop ressasser tout ça surement. Ca en restait quand même une bonne idée. « Ca va.. J'ai mes derniers exams dans pas longtemps. Les premiers s'sont bien passés, ça d'vrait aller. » J'lui offrais un nouveau p'tit sourire. Les études restaient trop importantes pour moi pour les laisser d'côté, alors malgré tout ça, j'essayais vraiment de m'donner à fond. « Et toi ? L'boulot tout ça, ça s'passe bien ? »

Je hoche la tête pour répondre positivement à sa dernière question. Je ne saurais quoi dire de plus pour aider mon meilleur ami. Après une telle situation, je suppose qu'il faut savoir garder son calme tout comme il faut savoir faire preuve de patience. Je ne peux pas savoir si celle-ci viendra de nouveau vers lui mais la braquer encore plus ne risque de ne rien arranger. Je peux comprendre que cela soit dur mais est-ce qu'il a réellement le choix ? Pourtant d'un naturel optimiste, je ne peux pas m'empêcher de douter. Alors, à défaut d'avoir une option à lui proposer, je change de sujet de conversation après avoir profité un minimum de ma commande. Malgré les problèmes, je suis quand même contente de partager ce moment avec Chu Jung. Il a tendance à me manquer un peu trop rapidement. Je crois que cela vient du fait qu'on ne peut pas se voir comme on le voudrait. Il a une vie étudiante tandis que j'ai un emploi. Nos horaires ne sont pas forcément compatibles. D'ailleurs, je n'ose même plus compter le nombre de fois où on s'endort tous les deux devant la télévision. Enfin, tant que cela n'arrive pas au cinéma, je pense être en mesure de l'accepter. Ca serait dommage de finir enfermé dans ce lieu public ou de payer une séance inutilement. Mais soit,je ne peux pas non plus m'empêcher de penser que les soit disant pires moments constituent les meilleurs souvenirs. Affichant un sourire à cette pensée, je me demande quel serait l'avis du pyobeom à cette question. Toutefois, je préfère le questionner quant à ses études. Si je n'ai jamais saisi la chance de rejoindre les bancs de l'université, je tiens toujours à ce que mes proches se concentrent. Yonsei ouvre des portes, ils se doivent de saisir leur chance jusqu'au bout ! Ainsi, je n'hésite pas à en rajouter une couche ! « Yah ! Chujung-ah ! Tu crois que j'ai envie d'entendre juste : '' ça d'vrait aller '' ? » Je croise les bras et secoue la tête d'un air faussement boudeur. « Je pensais que tu étais capable de faire beaucoup plus. Tu n'as pas intérêt de te relâcher pour la seconde partie de tes examens alors ! » J'esquisse finalement un petit sourire. « Je saurais honorée d'être amie avec le major de promo. » Entre ma cousine et mon meilleur ami, je pourrais me la péter à défaut d'avoir d'autres capacités. « Et bien.. » Je masse délicatement mon menton, faisant guise de réfléchir sérieusement avant de répondre. « Il y a des métiers qui demandent beaucoup plus de réflexion. » J'échappe un rire et ajoute après une courte pause. « Le salaire tombe à chaque fin de mois, c'est le plus important. Quant à la fatigue, je crois que j'ai appris à la gérer depuis que je suis toute jeune alors... » Le travail à la ferme est quotidien. Pas le droit à une pause, ni à des congés. « Et quant à la mauvaise humeur des gens, j'ai réussi à m'y habituer à force de te fréquenter. » Je lui tire un peu la langue, éclate de rire avant de boire un petit coup.

Même si je le montrais pas vraiment, cette discussion à propos de ma jumelle avec Eun Hye me faisait vraiment du bien. J'avais besoin d'en parler à quelqu'un de confiance, et je savais qu'il n'y avait qu'avec elle que je pouvais le faire. Non pas que les autres auraient fini par tout balancer à des inconnus, mais j'accordais trop peu ma confiance, surtout depuis que j'avais mis les pieds en Corée du Sud, et elle faisait partie de ces gens que j'pouvais compter sur les doigts d'une seule main. Au moins, tout ça avait eu le mérite de répondre à certaines de mes interrogations.

Plutôt que de trop m'apitoyer sur mon sort, je préférais tenter de penser un peu à autre chose, maintenant que j'avais pu parler de ce qui me pesait le plus, d'avoir pu, avec l'aide de ma meilleure amie, penser à ça d'une autre manière, il était temps de passer à autre chose, au moins pour le reste de la journée. Parler des cours était une bonne manière de m'vider l'esprit, Eun Hye le savait bien. A croire qu'elle me connaissait bien plus que je ne pouvais le penser, avec elle, pas besoin de faire semblant, mais surtout, elle était d'une aide réellement précieuse quand ça allait pas. Elle était aussi au courant pour mes études, et savait à quel point ça pouvait me tenir à coeur. Sa réaction me faisait décrocher un petit sourire alors que je gardais la tête encore un peu baissée. « T'inquiètes, tu m'connais, ça m'tient trop à coeur pour que j'plombe mon année... » Et ça, problèmes persos ou non, j'comptais pas redoubler. J'passais bien trop d'temps à bosser mes cours pour en arriver là, ce qui pouvait paraître bizarre quand on m'voyait de prime abord. Ce décalage en moi m'a toujours fait rire, mais l'important au final, ça restait juste que j'puisse réaliser mes rêves. « Major d'la promo, ça s'rait bien quand même. »

J'esquissais un nouveau sourire à ma meilleure amie. Elle avait un réel don pour me remonter le moral, c'était certain. Mais si on devait faire en sorte que je m'change les idées, je ne voulais pas parler que de moi, et m'assurer que ça pouvait aller de son côté aussi. Je la regardais en buvant ma boisson qui commençait déjà à refroidir. « Fais quand même attention à toi. Pas trop t'bousiller la santé hein. Repose toi quand tu peux. » J'voudrais pas qu'il lui arrive quoi que ce soit, c'était un fait. Je tenais quand même à elle et à ce que tout aille pour le mieux pour elle, c'était important à mes yeux. Sa dernière remarque me fit légèrement hausser des épaules et lâcher un petit rire. « Ca, j'en doute pas. »

Malgré sa situation familiale des plus délicates, mon meilleur ami ne semble pas perdre sa détermination concernant ses études. Même si je ne suis pas forcément emballée par les projets universitaires de la plupart de mes contacts, je suis ravie de savoir qu'il ne veut pas changer ses plans à cause d'une histoire qui remonte à longtemps. Je peux, pourtant, comprendre à quel point la famille est importante, à quel point je serais bouleversée de savoir que j'ai une sœur cachée depuis des années. Mais, comment une inconnue pourrait remettre tout en question ? Les sentiments sont parfois incontrôlables et tout humain ne peut pas réfléchir d'une manière objectif dans ce genre de situation. Je pousse un bref soupir. Notre système éducatif est tellement lourd. Je sais l'importance d'avoir un bon classement, et ce, dés la première année de l'université. Mais, toutes ces choses peuvent nuire à leur santé physique ou mentale. Chu Jung a beau mené une vie saine, je ne peux pas m'empêcher de m'inquiéter au fond. « Tu veux être de l'as des as, prétentieux. » Alors, je préfère en rire, c'est tellement plus simple comme ça.

Me concentrant ensuite de nouveau sur ma commande, son conseil me fait doucement sourire parce que finalement, je ne suis pas la seule à faire preuve d'inquiétude vis-à-vis d'autrui. Au bout de quelques secondes de réflexion, je finis même par lâcher un rire. C'est à se demander si mon camarade ne sait pas lire dans mes pensées. « Ne t'inquiète pas. Je préfère mourir sur un sol fertile que sur un stand rempli de produits surgelés. » J'ai l'impression d'être une vieille paysanne en tenant de tels propos mais au fond, ce n'est pas complètement faux. Je dois encore apprendre beaucoup de choses en matière d'agriculture mais cela ne m'empêche d'aimer mes origines, mes terres. On m'a forgé un tel état d'esprit et je ne le regrette absolument en aucun cas. « On s'en va ? Mon popotin va vraiment finir collé au siège et je ne suis pas certaine de vouloir passer ma nuit voire ma vie ici. » Je m'étire doucement avant de rajouter. « J'ai quelques courses à faire avant de rentrer. Tu m'accompagnes ou tu fais partie de ces hommes qui refusent de mettre les pieds dans un supermarché ? »