[TENUE ]

Je me tiens face à lui, sans vaciller, pourtant notre rencontre de la dernière fois ne me laissait pas entendre qu’il perdrait à nouveau son temps avec moi. Pourtant il était là, ne trouvant en ma compagnie qu’une maigre échappatoire à cette réception ennuyante et pleine de faux semblant. Je n’étais qu’une occupation comme une autre, une distraction qui lui faisait passer le temps. Il n’avait n’y intérêt ni curiosité à mon égard. Qui en aurait après m’avoir connu sous mon jour le plus sombre ? Il déteste le monde comme je déteste le mien, il ne comprend pas pourquoi j’ai pu le désirer ? Il ne comprendrait pas alors à quel point nous sommes similaires. Si pareil. Si détruit. Avec des rêves si grands qu’on nous traitait de fou, ces rêves qu’on a vécu, ces rêves qu’on nous a arrachés … Je penche la tête sur le côté et le fixe, longuement, le laissant détailler mon corps sous ma robe, le laissant afficher ce sourire insolent et arrogant sur les lèvres. Je m’approche de lui d’un pas, un seul, le seul qui me séparait de lui, et pose mes mains sur son torse en remontant lentement jusqu’à son cou. Je n’ai pas lâché son regard, je n’ai pas lâché ses yeux si perçant, si mauvais et si doux. Je viens lui voler un baiser en mordillant sa lèvre inférieure et murmure contre ses lèvres « Tu es vrai au moins toi … t’as connu la gloire et tu t’es cassé la gueule … alors peut être que je me retrouve en toi. » Je me penche et me tortille avant de me redresser et de glisser dans sa poche ma petite culotte. Je lui revole un baiser et me saisis de sa canne que je garde contre moi. « Tu as quelque chose à moi, en échange je te prends ça. » Je ne fais que le pousser à se redresser, après tout avec un peu de chance ces cachets feront assez effet pour qu’il n’est pas besoin de sa canne pour simplement venir jusqu’à moi. Ou alors peut être que je prenais un malin plaisir à l’obliger à boiter jusqu’à moi. Je me colle plus loin, contre le mur d’en face, utilisant sa canne pour soulever ma robe le long de mes cuisses. « Tu m’as drogué, c’est le moment d’abuser de moi non ? » soulignais-je avec un sourire moqueur et amusé en pensant à notre dernière rencontre et sa tournure ridicule.

 

Wearing | Il détestait entendre les mots qui venaient de sortir de la bouche de la jeune femme. Il avait connu la gloire... Y repenser lui nouait les tripes. Plus que la gloire, c'était l'excellence qu'il avait connu. Il s'était entraîné toute sa vie pour être le meilleur, pour être un champion, et c'est ce qu'il avait été. Il n'y avait pas meilleur prétendant que lui au titre de champion olympique lorsqu'il avait été fauché par cette putain de voiture... Il s'était cassé la gueule... Non il s'était brisé en mille morceaux, ce n'était pas la même chose. Rei n'avait grandit que dans un seul but, sans autre centre d'intérêt que le sport, sans autre but dans la vie. Après l'accident, il n'avait été qu'une simple âme errante, il avait tout perdu, tout... La douleur des souvenirs le tiraillait, ça le bouffait vivant, ça le dévorait. Il avait envie de la gifler d'avoir ravivé cette douleur, autant qu'il avait envie de se perdre en elle pour l'oublier. Elle se rapprochait, dangereusement. L'envie de la repousser, de la punir de lui faire ressentir ces douloureux souvenirs lui serraient la gorge. Mais l'envie de la toucher, de la posséder, de la salir de sa propre salissure était dévorante. Il eut un rire rauque en la sentant mettre sa petite culotte dans sa poche. Il s'amusa même à la sortir, et apprécia la vue de cette lingerie fine. Il émit un petit son approbateur. Ce son disparut alors qu'elle lui prenait sa canne des mains, et s'éloignait avec. Il était incapable de se lever. Ou plutôt il le refusait, jamais il ne se rabaisserait à boiter jusqu'à une femme qu'il voulait sauter. Il la fusilla du regard, tout en la dévorant des yeux alors qu'elle levait sa robe. Maudite soit-elle d'être si désirable, et maudite soit-elle de connaître sa faiblesse. « Tu fais chier... » Il ouvrit sa veste, en écarta les pans, et s'assit plus confortablement sur les marches. Il la défia du regard. « La marchandise est là. » Il pointa son entre jambe d'un mouvement de la main. « Elle ne viendra pas à toi, c'est à toi de venir à elle. » Il eut un sourire arrogant. « Regarde, je t'aide. » Il fit sauter le bouton de son pantalon, comme pour illustrer le fait qu'il lui mâchait le travail. Il croisa son regard, serrant les mâchoires. « Ne me force pas à faire ça. » Fut la seule chose qu'il eut à rajouter. Si elle avait un minimum de pitié, qu'elle ne l'oblige pas à boiter jusqu'à elle. D'autant plus qu'il risquerait de raviver la douleur et ne serait plus opérationnel pour ce qu'elle avait en tête.

[TENUE ] Je le fixe avec cet air un brin moqueur et provocateur. De le voir ainsi me fait sourire, comme une revanche sur notre dernière nuit. Ne va-t-il vraiment pas venir ? Rester assis sur cette marche, sans faire d’effort, sans supporter la douleur ? Se complait-il dans sa douleur ? Je baisse mon regard sur sa jambe en penche la tête sur le côté. A quel point a-t-il mal ? A quel point la douleur lui est-elle insupportable ? Laissant tomber sa canne au sol pour lui montrer que je ne cherchais ni à lui faire du bien ni à me montrer conciliante avec lui. J’avance vers lui avec l’impression malsaine d’avoir le dessus pour aujourd’hui. Plus j’avance plus je remonte le tissu de ma robe sur mes cuisses. Je frissonne en regardant en direction de la ruelle, n’importe qui pourrait débarquer et nous surprendre, encore plus par cette porte qui nous fixe d’un air complice. J’aurais voulu m’arrêter à mi-chemin pour le forcer à se lever et me rejoindre mais … la vérité c’est que j’avais envie de lui, dangereusement envie de lui. Je relevais ma lèvre pour un grognement sourd et le surplomba de ma taille en le fixant. Je baisse mon regard vers ce qu’il m’offrait déjà et l’enjamba pour m’assoir sur ses cuisses. A califourchon, face à lui, je plongeais mon regard dans le sien pour sentir toute l’animosité qu’il éprouvait pour moi. Consciemment j’appuyais sur sa jambe douloureuse en me saisissant de son érection que je massais d’une main douce. Je souriais le corps soudain brûlant, l’attirant à moi avec un simple regard. Mon souffle était rauque et mon ventre se creusait sous l’impatience. Une main sur le mur derrière lui, je me soulevais juste assez pour me présenter à lui et me glisse lentement sur son sexe. Je lâche un souffle de surprise, ayant presque oublié à quel point il pouvait être délicieusement bon de le sentir en moi. La première fois je n’ai pas réellement profité des sensations, perdue, à la recherche de l’orgasme je n’avais pas pris le temps de me faire à l’idée que Rei Urakawa était en moi. Rapidement je me mets à soulever mon bassin totalement maitre de la situation ainsi positionné. C’était tout mon corps qui brûlait de désir, c’était tout mon corps qui l’appelait pour un plaisir brusque et rapide. J’étouffais mes gémissement contre ses lèvres et ondulait déjà du bassin sur le sien la robe négligemment remonté sur mes hanches, l’intérieure des cuisses griffées par la fermeture de son pantalon que je n’avais pas prit soin de retirer suffisamment pour ne pas le salir ou être gênée. Je plongeais mon regard vitreux de plaisir dans le sien et donna des coups plus rapidement et féroce. L’adrénaline du lieu et de l’interdit me donnaient l’impression d’être … vivante.

 

Wearing | Wen Yi excitait le japonais autant qu'il souhaitait la repousser. Elle ne le dégoûtait pas, mais une fois encore, qu'elle sache qui il avait été un jour et connaisse ses faiblesses le dérangeait. L'avoir à califourchon sur lui était une excitante torture. Partagé entre l'envie de la repousser et l'envie de la posséder une nouvelle fois, il frissonna lorsqu'elle prit son organe en mains, son regard dur plongé dans le sien. Il avait du mal à se mouvoir, sa jambe lui faisait mal, et elle avait un malin plaisir à s'appuyer dessus, ce qui instinctivement le faisait jurer dans sa langue natale. Les doigts de Rei étaient crispés sur les cuisses de la jeune femme, ses ongles entamant sa chair blanche. Sans qu'il n'ait à bouger, elle se plaça de façon à ce qu'il la pénètre, et ses mâchoires se crispèrent tant la sensation était plaisante. Elle était désirable, et savait définitivement comment jouer de ses hanches, ce qui rendait encore plus fou le japonais. Fou d'envie et fou de rage. Ne pouvant prendre appuie sur ses jambes, Rei accompagnait les mouvements de Wen Yi de ses mains. Ses deux paumes sur les fesses rebondies de la jeune femme, il les caressait et les malmenait tout en l'embrassant à en étouffer. Son souffle rauque venait s'entrechoquer aux gémissements qui sortaient de la bouche rougit de la coréenne, elle était terriblement et dangereusement désirable. Il l'encourageait à accélérer le rythme de ses mouvements de bassin, la guidant d'une poigne ferme. Cet ébat n'était pas de ceux que l'on fait durer, mais de ceux qui sont rapides, bruts, passionnés. Et c'était ce qu'était ce moment non d'intimité mais d'envie et de plaisir sauvage. Il la regardait le chevaucher, ses cheveux en bataille, elle était belle putain. Sachant qu'elle était marié, il avait l'impression de croquer l'interdit, de la voir reprendre sa liberté l'espace de quelques instants. C'était beau et jouissif. Les soupirs qui s'échappaient de la bouche du japonais étaient de plus en plus rauque alors que Wen Yi accentua le rythme et l'angle de son déhanché. L'idée que l'on puisse les surprendre d'un instant à l'autre ne faisait qu'ajouter à son excitation. « Tu fais chier putain... » Grogna-t-il contre ses lèvres. Partagé entre plaisir et frustration de ne pouvoir bouger à sa guise à cause de sa jambe.

Wearing | Il avait mal putain. Mal parce qu'elle appuyait sur sa jambe, mal parce qu'il n'arrivait pas à se lever, à dominer cette situation. La frustration était aussi douloureuse que les sensations qui transperçaient sa jambe. Et pourtant... Était-ce parce que c'était Wen Yi ? Mais il adorait avoir mal. Ils semblaient autant apprécier le fait de se faire mal, que le fait de se faire du bien. Rei ne parlait pas, ne répondait pas à ses provocations, du moins par la parole. Il lui répondait par le corps, en guidant le bassin de la jeune femme sur le sien avec plus de ferveur. Oui il avait mal, il détestait ça, mais en même temps, c'était tellement bon. La vision de la jeune femme sur lui l'excitait presque autant que l'acte en lui même. Elle avait cette sensualité désespérée qui ne faisait qu’accroître son désir pour elle. Ses mains caressaient, malmenaient et guidaient les hanches de la jeune femme sur son organe avec une brutalité proportionnelle au plaisir qu'il ressentait. Perdu dans un flot de sensations contraires alors qu'ils s'embrassaient à suffoquer, une voix se fit entendre au bout de la ruelle. Une voix qu'il ne reconnaissait pas, mais qui appelait le nom de la jeune femme. Au vu de la lueur de crainte qui passa dans le regard de Wen Yi, il devina facilement de qui il s'agissait. Il s'attendait à devoir remettre la fin de leur échange à plus tard, mais il fût surpris de la voir reprendre constance, un sourire carnassier se dessina sur les lèvres du japonais. Encore à l'abri du regard du mari de la jeune femme dont ils entendaient encore les appels, Rei puisa dans ses dernières ressources pour se lever. Il recula jusqu'à plaquer la jeune femme contre le mur, sous le porche de la sortie de secours devant laquelle ils étaient assis jusque-là. Prenant appuie sur sa jambe valide, il souleva la jeune femme, noua ses jambes autour de sa taille et la pénétra sans plus de cérémonie. Il donna plusieurs coups de reins profonds, brusques, rapides, retenant son souffle pour ne pas être entendu. En quelques coups de reins, il atteignit l'orgasme. Il se retira juste un instant avant pour ne pas venir en elle mais sur la cuisse de la jeune femme. Il pinça les lèvres respirant par le nez pour reprendre son souffle. Il planta son regard dans le sien. « Tu sais comment on appel l'orgasme ? La petite mort... » Il faisait référence à la question de la jeune femme. Meurs ou jouis... C'était un peu la même chose, il n'avait pas à choisir. Il entendit les pas de l'homme se rapprocher. Il dénoua les jambes de la jeune femme d'autour de lui, et remonta rapidement son sous vêtements et remit son pantalon en place. Il caressa les lèvres rougies de Wen Yi du bout du pouce, de son autre main, il lui rendit sa lingerie qui était encore dans la poche de sa veste. « Tu risques d'avoir besoin de ça. » Il avait ce sourire particulier, difficile à déchiffrer. Du regard il lui indiqua la sortie de secours, comme une invitation à rentrer dans la pièce. Quant à lui, il descendit les quelques marches d'un pas maladroit, ramassant avec difficulté sa canne posée sur l'escalier. Il avança à peine de quelques pas, prenant appuie sur sa canne, et tomba nez à nez avec le mari de Wen Yi. Il afficha un sourire narquois face à cet homme dont il s'était déjà fait un avis tranché. Cet homme, si tant est qu'il puisse porter le titre d'homme, le regarda de travers et le bouscula pour continuer la recherche de son épouse. Rei le stoppa dans son mouvement de sa main qui tenait sa canne, l'empêchant d'avancer davantage, il le regarda d'un œil assassin. « Cette canne n'est pas assez visible ou vous pensiez vous prouver quelque chose en bousculant un infirme ? » Il détestait se désigner ainsi, ça lui faisait mal, mais au fond, le faible entre eux deux n'était pas Rei. Il fit claquer sa langue dans un son méprisant et désapprobateur, affichant son sourire le plus insolent qu'il avait en stock. « C'est bien ce que je pensais... Fillette... » Il parlait dans sa langue natale, se moquant complètement qu'il parle cette langue ou non. Il reprit son chemin, ayant permit à Wen Yi d'avoir assez de temps pour rentrer dans le bâtiment de nouveau. De son côté, il rentrerait de nouveau par l'entrée principale. Il avait envie de partir, mais il devait d'abord retrouver Bom Chan, et voulait garder un œil sur Wen Yi, ou plutôt son bâtard de mari.

Wearing | En rentrant dans la salle de réception, Rei se sentait encore oppressé,  mais bien moins amer. Il détestait toujours cette caste, ceux qui se sentaient au dessus des autres, et il n'en faisait pas partie, du moins, il n'en faisait plus partie. Dans ce genre de moments, il se souvenait des toutes ces réceptions où il s'était rendu en tant que champion pour faire briller ses sponsors. Sponsors pleins aux as qui avaient vite fait de l'abandonner après son accident. C'était sans doute une des raisons pour laquelle ce milieu le débectait tant... Parce qu'il savait à quel point ils étaient hypocrites et se détourneraient complètement des uns des autres dès qu'ils ne pourraient plus mutuellement s'utiliser... Il continuait de toiser la foule, à la recherche de Bom Chan qui n'était toujours pas revenu, à la recherche de Wen Yi également, qu'il ne voyait pas revenir. Il prit une coupe de champagne, et se plaça près des petits fours et autres amuses bouches raffinés disposés sur les tables de la réception. Il reconnu le mari de la jeune femme, lui adressant un sourire narquois alors qu'il croisa son regard. Allez savoir pourquoi, depuis qu'il savait ce qu'il faisait subir à la brunette, il avait encore plus envie de lui coller son poing entre les deux yeux. Il mangeait sans grande distinction, il n'avait même pas assez de respect pour tous ces hommes ici pour avoir un minimum de tenue. Il mâchait tranquillement un toast au foie gras lorsqu'il vit entrer non pas son meilleur ami, qui semblait grandement occupé, mais Wen Yi. Il fût surpris de constater qu'elle ne portait plus sa robe bleue, mais une tenue noire, bien plus courte. Il ne s'en plaindrait pas. Il croisa le regard de Wen Yi lorsqu'elle reprit place auprès de son mari, il eut un sourire en coin, levant discrètement sa propre coupe de champagne, comme s'il portait un toast à leur petit secret. Avisant un homme qu'il connaissait, bien qu'il avait oublié la fonction de ce pauvre type, il s'avança pour aller le saluer. Ni voyez là aucun altruisme, c'était juste une occasion pour se rapprocher de la jeune femme. Face à cet homme dont il ne se souvenait que du nom, Monsieur Yim, il était dos à dos avec Wen Yi. Ce monsieur Yim se souvenait de lui aussi, comme étant une sorte de bras droit pour Bom Chan, ce titre ne le dérangeait pas. Il lui demanda des nouvelles rapidement, avant de s'étaler sur sa propre réussite, que cela soit sa carrière ou sa fortune, Rei fit semblant de s'y intéresser alors que son attention était en réalité concentré sur la présence féminine juste derrière lui. S'appuyant sur sa canne, d'un air nonchalant, il glissa une main dans son dos, comme s'il s'installait plus confortablement pour écouter l'homme en face de lui déblatérer sa merde. En réalité, ses doigts vinrent frôler discrètement l'extrémité de la jupe de Wen Yi, frôlant la peau  de ses jambes. Il inclina sa main de façon à toucher légèrement l'intérieur de la cuisse de la jeune femme, parvenant même à frôler son sous-vêtement. Malgré lui, un sourire en coin étira ses lèvres, surprenant l'interlocuteur qu'il avait en face de lui. « Vous trouvez ça drôle ? » Rei croisa son regard, se retenant de l'envoyer balader. « Non Monsieur Yim. Je trouve votre histoire fascinante. » Son ton était faussement mielleux, et l'homme d'un certain âge en face de lui sembla apprécier ce faux compliment, reprenant son explication. Gardant sa main dans son dos, il continuait de caresser furtivement et discrètement la jeune femme. Il aurait payé cher pour voir l'expression de son visage.