Dewei et bago s’étaient retrouvés par hasard sur le quai de la gare il y a quelques semaines de cela. Il était plaisant de revoir un ami, surtout que ce garçon, le sango le connaissait depuis son plus jeune âge. Un jour, lors d’un office, ce gamin qui était sorti du bâtiment religieux pour fumer un joint. L’enfant l’avait rejoint et les voilà plus d’une dizaine d’années plus tard, non loin de chez eux, sur un canapé dévasté mais confortable, en train de se partager toujours le même bout. Le pyobeom à ses côtés, sans forcément qu’ils se parlent, la tige entre ses lèvres et le requin se sentait plutôt détendu. Il fallait dire qu’il était souvent sous pression ces temps-ci, Jae, son nouveau jouet ou plutôt son nouveau maitre l’avait encore gratifié d’un bel œil au beurre noir. Ça n’était pas grave, et il ne fallait surtout pas que son frère s’inquiète. Jae lui a déjà infligé pire que ça, mais le petit en redemandait toujours plus. C’est addictif. Malgré ça, l’étudiant appréciait les moments où il pouvait s’éloigner de ses hontes et de son quotidien qui lui brisait l’échine. Dewei était une bouffée d’air frais encore plus que ce joint fraichement roulé. Bago en inspira le contenu pendant plusieurs minutes avant de lui tendre, ramolli « - t’inquiète ..y a encore de quoi en faire un autre de toute façon. » ça n’était pas vraiment une bonne idée mais les deux pauvres garçons n’en avaient plus conscience. Le sango se prit soudain un coup de poing non volontaire de son compère qu’il eut à peine le temps de le voir s’écraser au sol qu’il s’était déjà, pour sa part, assommé. Le brun ouvrit les yeux quand il sentit une pelouse verte pomme lui chatouiller les narines. Ben merde alors. Il y a à peine cinq minutes ils étaient sous l’autoroute, affalés dans un canapé détruit. Le protagoniste se frotta la tête et tourna des talons pour voir si dewei l’avait suivi dans son délire. Visiblement oui, et il semblait davantage atteint. Un chat ? bago ne voyait qu’un lapin qui lui chuchotait à l’oreille. « - t’as rêvé..c’est un gros rongeur qui..parle ? » il parle ? sérieusement ? le gamin souffla un coup avant de s’approcher d’une marre dont l’eau reflétait leurs corps comme s’il s’agissait d’un vrai miroir. C’était vraiment bizarre. Le sango n’avait jamais vu une flaque pareille. « - p*tain, j’ai plus mon œil blessé ! c’est quoi ce vieux délire ? » finalement, c’est un rire qui s’échappa des lèvres du jeune homme. Il regarda l’endroit coloré et presque aveuglant avant de faire trois pas. « - attends, y a un chemin. » ben oui, suivons le, ce chemin ! le tatoué passa devant mais attrapa la main de dewei afin de s’accrocher à quelqu’un pour ne pas tomber lors de la descente légèrement raide. « - c’est un délire, on dirait le jardin de charlie et la chocolaterie ! » la seconde surprise ne se fit pourtant pas attendre. Une espèce de panthère rayée s’avança vers eux pour leur souhaiter la bienvenue. Elle portait sur son dos une peluche de chien. Alors ça c’était vraiment malsain.

Bago semblait réellement transporté dans ce monde fruiter et sucré, où l’air n’était plus pollué par des voitures et où le vent chaud vous chatouillait les narines. Il n’avait à peine remarqué qu’il portait d’autres vêtements. En effet, sur sa peau rose était légèrement posé un tshirt clair et il était habillé d’un short qu’il n’avait à peine remarqué. Le sango en fait, se sentait littéralement, à poil. Il marchait, trainait son frère derrière lui avant que ce dernier ne se mette totalement à péter un plomb. Déjà il crie, il provoque cet espèce de dragon, lui vole sa peluche et lui fait piquer une colère noire. Le requin n’eut à peine le temps de comprendre ce qu’il venait de se passer qu’il se mit déjà à essayer de jouer les mecs diplomatiques. C’était compliqué et délicat de discuter avec une pareille créature. Il tentait des mots mais bien vite, bago se mit à courir, de toutes ses forces, et dieu sait qu’il allait étrangement vite pour une habitude. Il arriva à la hauteur de dewei quand il lui donna une frappe derrière l’oreille. « - RENDS LUI SA P*TAIN DE PELUCHE NON DE DIEU ! » il s’arrête, épuisé et pique le doudou chien avant de le dévisager. ok, comment on fait là, le monstre semble vouloir plus que son jouet maintenant, comme s’il voulait se venger. « - dewei je te déteste. » cordialement. Les deux garçons venaient à peine d’arriver dans ce monde fabuleux qu’ils allaient déjà mourir. Mais, et dans une surprise sans fin, bago laissa la peluche à terre et s’apprêta à bondir alors qu’il se fit attraper entre les pattes d’un griffon qui l’emmena de l’autre côté d’une rive. Il espérait que son ami allait le suivre, et pour ce faire, il poussa un cri de terreur mêlé à un ordre mal placé. La bête déposa le sango sur une pelouse sucrée alors que ce dernier choisit de se rouler dedans et de commencer à la dévorer. C’était bon, c’était même excellent, mais le garçon se sentit bientôt pris d’un mal de ventre qu’il vit grossir petit à petit avant de sentir celui-ci s’aplatir soudainement « - Ah ! ça fait un mal de chien ! » l’étudiant se tint les côtes avant d’apercevoir au loin dewei à qui il faisait des signes pour lui faire comprendre que tout allait bien. Oui tout allait bien, en moins de vingt minutes ils se sont faits poursuivre et sauver par des créatures dont ils ne soupçonnaient même pas l’existence, mais qu’importait désormais. Le pays semblait s’étendre à perte de vue et déjà bago s’avançait pour cueillir des fruits avant de se faire interrompre par de jolies demoiselles. On aurait dit des nymphes, elles se pavanaient autour de lui avant de s’arrêter net. Elles commencèrent alors à parler, à désigner la route, à faire de grands signes, comme s’ils ne devaient pas y aller, ce que le philosophe eut beaucoup de mal à comprendre en effet.

C’était vraiment étrange et perturbant de constater à quel point ils s’étaient retrouvés dans un fourbi sans nom. Néanmoins, bago ne cessait de se dire qu’il avait de la chance que dewei soit à ses côtés même si ce dernier semblait faire n’importe quoi au risque de leur attirer les pires ennuis. Après avoir dévalé à toute vitesse la colline afin d’échapper à ce matou gigantesque, le sango se trouva attiré par des sortes de nymphes qui étaient davantage en train de le séduire par des propositions alléchantes. Mais, dieu merci, son frère débarqua de suite après lui et commença à dévorer un cornet. « - ya un truc qui m’a dit de ne surtout pas marcher sur la route et de rester sur la pelouse. Et les autres là, ils m’attirent sur la route. » qu’allait-il se passer si le requin désobéissait et suivait ces jeunes gens qui semblaient heureux ? ils étaient en train d’attirer les deux asiatiques en leur montrant des mets aux allures irrésistibles. Il ne fallait pas céder parce que si ça se trouvait, marcher sur la route allait sonner la fin de leur voyage ou même allait signer leur descente aux enfers, et bago ne voulait pas ça. Il y avait encore tellement de choses à voir. Le coréen prit alors son ami par la main et le guida vers un logis où de la poudre bleuâtre semblait s’échapper. « - on va tomber sur quoi encore ? la maison en pain d’épices ? » un ricanement passa ses lèvres alors qu’il s’avança vers la demeure qui sentait délicieusement bon. L’enfant priait pour qu’il n’y ait pas de mauvaises surprises à l’intérieur, il voulait se montrer prudent mais d’un autre côté, il était aussi impatient qu’un bébé qui attendait ses cadeaux de noël. An jeta un coup d’œil à dewei comme pour lui demander s’ils devaient ouvrir la porte. Une peur commençait cependant progressivement à l’envahir, il serra un peu plus les doigts de son ami entre les siens avant de pousser la porte. Un sourire étira ses lèvres alors qu’il pénétrait à l’intérieur : la maison était vide et elle était splendide : d’un style baroque avec de la nourriture à perte de vue. « - oh bon dieu ! » il lâcha la main de l’étudiant et sauta sur une canapé avant de s’emparer d’une coupelle de muffins. C’était clairement le paradis ici, et l’enfant était tellement transporté qu’il se goinfra de gâteaux avant de constater que sa vue commença à divaguer et que ses gestes étaient aussi lents que ceux de son ami tout à l’heure. Il se sentait lourd, épuisé et il avait chaud. Il ferma les yeux et laissa le plat se briser au sol. « - dewei qu’est-ce qui m’arrive... » c’était comme s’il avait trop mangé et qu’il était en train de gonfler de l’intérieur comme ces gens en surpoids qui ne pouvaient pas dépasser une certaine vitesse. C’était étouffant et désagréable.

Dewei et bago étaient en plein bad trip. Ils étaient rentrés dans cette maison et essayaient désormais d’en sortir. Le sango était soulagé d’un côté de voir que son frère se trouvait dans le même état que lui, mais il grimaçait de constater qu’il ne pourrait cependant pas courir en le tirant derrière lui comme un ballon. Il avait l’impression d’être Violette dans Charlie et la chocolaterie qui aurait abusé des chewing-gums. Mais le jeongal avait raison, il était temps de filer avant de se faire attraper et très certainement punir. « - je sais pas bro mais faut se tirer d’ici ouais ! » ils nagèrent donc jusqu’à la porte. Le requin se sentit dégonflé aussitôt sorti de la maison et il grimaça d’inconfort sous la mauvaise surprise de cette baraque. Il fallait dire qu’il avait vraiment eu peur si bien qu’une fois sur la pelouse, il avait presque oublié les gens qui venaient de descendre les escaliers, ne se cachant pas alors pour râler [i]« - c’était de la merde ! j’ai détesté ça ! » s’esclaffa-t-il devant dewei. La porte s’ouvrit alors sur deux enfants qui tenaient des guns dans les mains. Mais c’était quoi encore ce nouveau délire ? déjà ils parlaient pas coréens et en plus ils les menaçaient avec des bazookas ou on ne sait quoi. Bago poussa un grognement, tellement énervé qu’il n’avait même pas peur de leurs armes. Il se dirigea donc vers eux en continuant de gueuler parce que dans l’espace d’une seconde il avait failli se faire dessus et que c’était vraiment nul d’avoir fait tout ce manège pour les voir gonfler et éclater comme des ballons. « - allez viens dewei on se casse. » susceptible, il prit à nouveau son ami par la main et souffla en tournant le dos aux deux gosses qui se mirent alors à tirer dans le dos du coréen, ce qui lui fit un trou complet dans le bide, sans pourtant avoir mal. Le sango se mit alors à hurler sous la peur et la surprise avant de constater qu’en fait, il n’était fait que de mousse ou même de nuage on ne savait pas trop. Bago releva son visage vers son camarade. « - fait toi tirer dessus ! je veux voir si t’es aussi en truc mou ! » il se planqua alors derrière le chinois et le poussa légèrement vers les gamins. « - dit un truc sur un ton méchant ? ils vont ptête te planter ! » le requin avait une nouvelle lubie, mais il voulait comprendre pourquoi ils étaient comme ça, et aussi savoir où ils étaient tombés, parce que là ça devenait vraiment flippant.

Dewei l'avait fait. Il avait gueulé sur ces mioches qui lui avaient tiré dessus presque aussitôt. C'était un bon moyen de se défendre des gens comme les deux étudiants après tout. Même s'ils n'étaient pas vraiment dangereux, plutôt inoffensifs. Mais voilà, alors que leurs deux corps se reposaient petit à petit sur le sol, le sango constata, avec un amusement mais surtout une incompréhension sans pareil, que les deux garçons s'étaient réellement perdus et qu'ils semblaient avoir touché un point de non retour. Bago inspecta le corps de dewei légèrement plus fleuri que tout à l'heure alors que ce dernier semblait tout fou de voir qu'une plante sortait de sa poitrine. C'était dingue de voir des trucs comme ça. Le tatoué fronça les sourcils et passa un doigt dans le trou du cœur de son frère "- hein ? Une fleur ? Tu vois une fleur ? Moi je vois plutôt une espèce de dessin chelou qui commence à s'envoler." Le gosse se recula, alors qu'il voyait une ombre virvoltante s'échapper du corps de l'asiatique, avant de trébucher un tronc d'arbre qui, de sa branche la plus épaisse, envoyant valser le coréen à l'autre bout du décor, d'un coup dans la tête. Bago lâcha un juron avant de se frotter l'arrière du crâne, chouinant comme un gosse. Il resta assis et appel dewei au secours. Il ne comprenait plus rien à ce qu'il lui arrivait et ça lui déplaisait fortement "- quel batard ! Il m'a frappé !" Le marmot poussa un grognement avant de se lancer, dans une impulsion, et de voler jusqu'à l'arbre pour lui en arracher l'écorce, tel un petit monstre enragé. Ce qu'il n'avait pas vu c'était que derrière la chair de ce dernier, se glissait un flot de sang comme si ce tronc était en vie.