Emi Burton

Je ne sais plus depuis combien de jours je suis dans cette chambre… Cinq ? Six ? Peut-être même sept, en fait... Je ne sais pas. La notion du temps m’échappe totalement depuis que je suis ici… D’après les médecins, il m’a fallu pas moins de trois jours pour enfin me réveiller, après avoir été hospitalisé en urgence. Et ayant été particulièrement affaibli physiquement par tous ces évènements, sans compter qu’ici il n’y a pas forcément grand-chose à faire à part dormir, je passe pratiquement les trois quarts de mon temps à pioncer depuis. Il n’est alors pas rare que je m’endorme alors qu’il fait encore jour et que je me réveille le lendemain, alors que le soleil s’est déjà levé depuis belle lurette. En plus, Min Ah refuse de venir me voir depuis notre dernière altercation. Elle m’en veut… Elle m’en veut de l’avoir laissé aux soins de cet ambulancier pour aller aider Su Nah. Elle m’en veut de m’être pris cette balle et elle m’en veut parce que, comme eux, j’ai bien failli l’abandonner pour de bon moi aussi… Alors elle cherche à me le faire payer et m’éviter est, apparemment, la seule solution qu’elle ait trouvée pour y parvenir. Mais, je n’ai pas le droit de le lui reprocher. Je l’ai blessé, je le sais… Je prends donc mon mal en patience et me contente de la compagnie des quelques infirmières qui viennent parfois me voir pour s’assurer que je vais bien, comme celle qui vient tout juste de changer la poche de ma perfusion. Cependant, et alors que je baisse les yeux sur mon portable que je tiens entre les mains, la voix de cette dernière résonne dans la chambre alors qu’elle s’apprête à la quitter. Arquant alors un sourcil interrogateur, une expression quelque peu surprise prend possession de mon visage lorsque je vois Woo Ri entrer dans la pièce. C’est vraiment la dernière personne que je m’attendais à voir ici. Mais, bizarrement, je suis plutôt content de la voir et de savoir qu’elle va bien. Je laisse donc échapper un faible rire amusé, à ses paroles, avant de lâcher un : « Drôle de façon de dire bonjour… » Observant ensuite le sac qu’elle se met à agiter légèrement, j’esquisse un faible sourire en coin, tandis qu’elle en vide le contenu sur la table, et ne peux m’empêcher de m’exclamer : « Je ne savais pas que tu t’inquiétais autant pour mon alimentation… » Mais elle a raison. J’vais pas dire non à un peu de bouffe extérieure. Vu le peu de nourriture que mon estomac a pu se mettre sous la dent, ces derniers jours, il risque de ne pas tenir bien longtemps. Me contentant donc de laisser échapper un « Hm… » à ce qui semble être un reproche concernant mon comportement pseudo héroïque lors de l’attaque de notre fac, j’ouvre la boite contenant le riz que j’inspecte pendant quelques secondes, ce qui ne passe pas inaperçu aux yeux de la jeune femme. Et, en effet. Elle semble s’être améliorée derrière les fourneaux. Visuellement parlant, tout du moins. Maintenant, pour ce qui est du goût… « Ça, ça reste encore à prouver… » Je la gratifie d’un sourire un brin moqueur mais laisse finalement échapper un « Merci… » avant de m’emparer de la cuillère en métal qu’elle avait également emmené et que je plonge sans attendre dans le riz. Portant ensuite cette dernière à ma bouche, je savoure cette première bouchée. Puis une seconde. Et, il n'y a pas à dire, c'est quand même bien meilleur que la bouillie de riz à laquelle j'ai eu droit jusqu'à maintenant...Toutefois, entre deux bouchées, je finis par demander à la jeune femme : « Au fait... Comment t'as su que j'étais hospitalisé ? »

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C’est vrai… Je n’ai jamais été très à cheval sur la politesse. Et, pour être honnête, je m’en fous complètement qu’elle n’ait pas daigné me dire « bonjour » en entrant dans la chambre. C’était juste histoire de la taquiner un peu et elle le sait. Me contentant donc d’esquisser un faible sourire, amusé, je dépose mon portable sur la table de chevet et viens caler mon dos contre le haut du lit, que j’ai au préalable remonté pour être confortablement installé. M’emparant ensuite de la cuillère pour pouvoir goûter aux bonnes choses que la jeune femme m’a apporté, j’enchaine les bouchées et cela me vaut bien évidemment une remarque de la part de cette dernière. Avalant alors le riz que j’ai dans la bouche, je reporte mon attention sur la Sango et m’exclame, sur un ton tout ce qu’il y a de plus évident : « Pourtant, c’est le cas… J’ai vraiment la dalle ! » Je m’accorde ensuite une courte pause, le temps de replonger la cuillère dans le riz, et poursuis : « Mais tu as raison, c’est pas mal… » Cependant, une nouvelle fois, cette éternelle moue un peu trop taquine prend possession de mon visage, et alors que je viens de porter la cuillère à ma bouche, je finis par ajouter : « De toute façon, cha ne peut pas être pire que che qu’on mange ichi ! » Je l’embête mais je dois l’avouer… C’est plutôt bon ! Sans compter que je lui suis quand même reconnaissant d’avoir pensé à moi parce que ce n’est pas avec le peu de bouffe que j’ingurgite ici que je risque de me rétablir rapidement. Toutefois, je m’interromps quelques secondes dans cette dégustation pour lui demander comment elle a appris que j’étais ici et suis un tantinet étonné lorsqu’elle me dit que c’est Min Ah qui le lui a transmis l’information. Je me contente toutefois de lâcher un simple « Ah… » et me reconcentre sur ce riz qui n’aura pas fait long feu puisque j’en viens finalement à bout après quelques bouchées de plus. Posant ensuite la cuillère, je me tapote légèrement le ventre, pas forcément rassasié mais déjà un peu plus rempli, et jette rapidement un coup d’œil vers mon épaule, à la question de la jeune femme. « Pour l’instant, ça va. Mais on verra quand les effets de la morphine se seront dissipés… » Cette putain de morphine dont j’allais finir par devenir accro, si je continuais d’appuyer sur ce bouton, toutes les heures... M’enfin, c’est pas comme si j’étais du genre à me plaindre d’un bobo. Ainsi, un peu plus sérieux, bien que pas forcément très honnête pour le coup, je juge bon d’ajouter : « Plus sérieusement… C’est supportable… » Venant ensuite caler ma tête contre le haut du lit, je laisse échapper un faible soupir quand la Sango évoque les drames qui ont eu lieu et le fait que les coupables n’aient pas encore tous été arrêtés. Parce que ça me fait chier. Et le pire dans tout ça, c’est que je ne leur en veux même pas pour m’avoir presque envoyé à la morgue. C’est surtout le fait que certains de mes proches aient failli y passer qui me met en colère. Cependant, je préfère ne pas m’éterniser sur ce sujet et demande : « Bon, et toi, sinon ? » Comme pour lui montrer où je veux en venir, j’indique sa blessure d’un faible mouvement de la tête. « Ça va ? » Puis, quelque peu hésitant dans un premier temps, je finis quand même par dire : « Et lui ? Il va bien ? » Par lui, entendez bien évidemment son gamin. Qui d’autre ?

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Lorsque je vois la jeune femme m’adresser ce magnifique majeur, je ne peux m’empêcher de laisser échapper un faible rire amusé, avant d’hocher légèrement la tête de gauche à droite. Que de vulgarité. De la part d’une maman, qui plus est… Heureusement, il en faut un peu plus pour me choquer. Et puis, ce n’est pas comme si j’étais un parfait exemple d’élégance, on va pas se mentir. Faisant donc abstraction de ce joli geste que la Sango vient d’avoir à mon égard, notre conversation s’oriente finalement sur un sujet un peu plus sensible, à savoir l’incendie. Incendie qui a fait pas mal de dégâts mais incendie auquel on a quand même eu la chance d’échapper même si pour cela on a dû y laisser quelques plumes… Voire un bras, en ce qui me concerne. Mais peu importe. Je ne suis pas le plus à plaindre. Sûrement pas… Il y a eu quelques échos. Des murmures échangés entre les infirmières que j’ai réussi à entendre, peu de temps après que je me sois réveillé. Et les mêmes mots revenaient sans cesse. Blessés graves, brûlures, morts… Il y en a même une d’entre elles qui, manquant cruellement de tact, a jugé bon de me dire devant ma sœur que j’avais eu beaucoup de chance et qu’il s’en était vraiment fallu de peu. Que si j’avais été conduit à l’hôpital ne serait-ce que cinq minutes plus tard, j’y serais surement passé vu la quantité de sang que j’avais perdu. Personnellement, et bizarrement, cette nouvelle ne m’avait pas secoué plus que ça mais j’ai bien cru que ma sœur, elle, allait étrangler l’infirmière sur le coup. Mais, encore une fois, et au risque de me répéter, je ne suis pas le plus à plaindre. Je suis encore en vie et la quasi-totalité des personnes que j’apprécie vont bien. En tout cas, physiquement parlant…C’est d’ailleurs ce que m’assure la jeune femme que j’observe attentivement, lorsqu’elle touche son pansement, avant de la questionner sur l’état de son fils. Détournant toutefois le regard dans un premier temps, celui-ci vient se perdre dans le vide, alors qu’elle m’explique que son gamin va bien malgré le choc. Mais quand elle m’avoue l’avoir perdu durant l’incendie, avec cette pointe d’amertume dans la voix, une expression quelque peu surprise prend possession de mon visage et je reporte alors mon attention sur la jeune femme, peut-être un peu trop concerné malgré moi. Laissant cependant échapper un faible soupir lorsqu’elle termine son récit, je finis par m’exclamer sur un ton que je tente de rendre impassible : « Mais t’as fini par y arriver. Tu l’as retrouvé… Alors tout est bien qui finit bien… » Ouais, j’ai ma façon à moi de réconforter les gens… Et ça manque franchement de délicatesse, j’vous l’accorde. Mais c’pas comme si la jeune femme n’y était pas habituée, pas vrai ? Mais soit. Quittant finalement la verte du regard, je ramène mon bras non blessé au-dessus de ma tête pour m’étirer légèrement et laisse échapper un faible bâillement. Je suis toutefois interrompu dans mon geste quand Woo Ri balance un truc sur mon lit que je finis par identifier comme étant une figurine de dinosaure. Une nouvelle fois surpris, je regarde alors la jeune femme, un air interrogateur sur le visage, et m’empare du jouet pour y jeter un coup d’œil, avant de laisser échapper un faible rire, à la fois quelque peu gêné mais dans lequel on peut également déceler de l’amusement. Oui, de l’amusement… « Tss… Les gosses… » C’est pour cette raison qu’ils ont tendance à me saouler. Ils sont trop gentils. Même quand on leur donne toutes les raisons du monde de ne pas l’être avec nous… M’enfin. En tout cas, ce n’est certainement pas de moi qu’il la tient, cette générosité… « Qu’il ne se fasse pas trop de soucis de ce côté-là. Je vais le lui rendre… » C’est pas comme si j’allais en avoir une grande utilité, après tout. « Tu lui diras merci, d’ma part… » Sur ces mots, je pose la figurine sur la table de chevet et un silence finit par s’installer dans la pièce. Silence auquel je décide toutefois de mettre fin, après quelques secondes, pour finalement m’exclamer : « Au fait… J’ai pas mal réfléchi depuis la dernière fois… » Ouais. Ça a pas mal cogité dans ma tête, ces derniers temps. Encore plus depuis que je suis ici, dans cette chambre… « Et j’pense qu’il faut qu’on le fasse… » Comprenez par-là, le test de paternité… Non pas que mon avis sur la question ait changé depuis. Je ne suis toujours pas prêt à devenir papa. Je ne vous cache d’ailleurs pas que quand on le fera, je vais certainement prier de tout mon cœur pour que le test soit négatif. Mais j’ai besoin de savoir quand même… Il faut que je sache. « En plus, ça tombe bien, je suis déjà sur place… » Et ouais... Fallait que je sorte une connerie. Comme d’hab’...

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La conversation sur l’incendie passée, c’est finalement le fils de la jeune femme qui devient le sujet principal de nos échanges. Et tout ça, pourquoi ? A cause d’une figurine de dinosaure que celui-ci a jugé bon de me prêter, apparemment dans un élan de générosité. Générosité qu’il a d’ailleurs certainement héritée de la Sango, comme cette dernière s’empresse si bien de le faire remarquer, et ce à quoi je me contente de répondre un « Ça ne fait aucun doute… » avant d’hausser faiblement les épaules. Un silence s’installe ensuite entre nous. Mais, finalement, et après un petit moment d’hésitation, je décide de le briser, annonçant alors à la Sango une nouvelle qui ne manque pas de la surprendre. En effet. J’ai beau ne pas la regarder pendant que je parle, je suis certain qu’elle est surprise... Et ce silence – une nouvelle fois – qui plane dans la chambre, avant qu’elle ne réponde, ne fait que le confirmer. D’ailleurs, ça n’a pas été facile de prendre cette décision. Loin de là… J’y ai pensé durant des heures et il ne s’est pas passé une seule journée sans que je ne me remémore la conversation que j’ai eu avec la jeune femme, il y a de cela quelques semaines maintenant. Oui, quelques semaines… C’est le temps qu’il m’a fallu pour enfin prendre ma décision. Celle de franchir le pas en faisant ce test de paternité. Celle d’enfin obtenir des réponses. Cela ne veut pour autant pas dire que je suis prêt à en assumer les conséquences. J’ai encore beaucoup de mal à me faire à l’idée que le test puisse être positif. C’est juste impossible que ce soit le cas. Impossible que cet enfant soit de moi. Ou, en tout cas, c’est ce que je n’ai eu de cesse de me répéter ces derniers jours, tentant en vain de m’en convaincre. Mais, on ne va pas se mentir, une partie de moi ne peut s’empêcher de douter. Et je ne sais pas s’il s’agit là de curiosité malsaine ou si mon inconscient se soucie, malgré moi, un peu trop de ce gamin… Parce que j’aurais très bien pu ne pas vouloir savoir. J’aurais très bien pu mettre tout ça de côté, que le résultat aille ou non dans mon sens. J’aurais très bien pu me montrer égoïste et faire une croix là-dessus, sans penser à ce môme ou même à Woo Ri. Mais, finalement, j’ai pris la décision de le faire, quitte à le regretter une fois que le résultat sera là… Car elle a beau me répéter que dans le cas où le test serait positif, elle ne me demanderait rien en retour, les faits seront quand même là. Et que je décide ou non de ne rien vouloir avoir à faire avec son gosse, ça n’effacera pas le fait que nous partageons le même sang… Je lâche toutefois un faible « Je sais… Tu me l’as déjà dit… » dans un murmure, plus pour moi-même cela dit, avant de finalement reporter mon attention sur la verte, quand elle me demande de lui promettre que jamais je ne lui retirerais son fils, s’il s’avérait que je suis le père de ce dernier… D’ailleurs, quelque peu surpris par ses paroles, je ne peux m’empêcher de laisser échapper un faible rire, un brin contrarié je l’avoue, et finis par détourner le regard, m’exclamant alors : « On en est pas encore là… »  A l’écouter parler, j’ai limite l’impression d’être le pire des monstres sur cette planète. Alors, certes, c’est vrai que je ne suis pas la personne la plus intègre qu’il soit mais de là à vouloir lui prendre son gosse, quand même… Lâchant donc un faible soupir, je finis par ajouter quelque peu las et un tantinet frustré, malgré moi : « Mais n’te fais pas trop de soucis de ce côté-là. Je n’ai pas l‘intention de te le voler, ton gosse… » Puis, de nouveau, un silence... Et, bizarrement mal à l’aise à l’idée de croiser le regard de la jeune femme, je jette un coup d’œil vers ma perfusion et porte instinctivement ma main à mon épaule blessée, lorsque je sens la douleur dans cette dernière se réveiller. Je réprime d’ailleurs rapidement une faible grimace et appuie sur le bouton de la pompe à morphine, avant de lâcher un bref soupir, tandis que ma tête vient se caler contre le haut du matelas que j’ai au préalable surélevé. Tournant ensuite légèrement cette dernière vers la Sango, je finis par demander : « Au fait… Quoi de neuf du côté des Sangos ? Personne n’a prévu de profiter de mon absence pour me piquer ma place de vice ? » Je souris légèrement. Au fond, je m’en fous un peu, pour le coup. C’était plus ma façon à moi de demander des nouvelles des autres, tout en essayant de cacher le fait que je m’inquiétais pour eux… Du moins, un minimum.

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D’ordinaire, qu’on me voit comme le pire des salopards, ça ne me fait ni chaud ni froid. Au contraire. Je suis même du genre à en jouer, à tout faire pour bien ancrer dans l’esprit des gens cette image négative qu’ils ont de moi. Mais, pour je ne sais quelle raison, et même si je suis conscient de lui avoir donné toutes les raisons du monde de penser une telle chose de moi, ça a le don de me contrarier que ce soit Woo Ri qui en vienne à croire ne serait-ce qu’une seconde que je puisse être capable d’une telle chose. Toutefois, pas vraiment d’humeur à me lancer dans une tirade dans le but de me justifier, je me contente d’hausser faiblement les épaules – ou du moins la seule que je sois en état d’hausser sans trop souffrir – et laisse échapper un soupir aux paroles de la jeune femme, avant de finalement m’exclamer, quelque peu agacé : « En effet, c’est stupide. Tu devrais arrêter les dramas, ça te rend un peu trop parano… » Et, si je dis ça, c’est pour son bien. Je veux bien croire qu’elle s’inquiète, qu’en tant que mère célibataire elle ait l’impression d’être l’un de ces nombreux boucs émissaires sur lesquels notre société actuelle aime tant s’acharner – et c’est certainement le cas, je ne dis pas le contraire – mais il y a quand même des limites à la connerie. Je sais que je ne suis pas à sa place, que je ne peux pas comprendre ce qu’elle a pu ressentir ces dernières années mais, par contre, je sais ce que c’est d’avoir peur, d’être terrifié à l’idée qu’un jour ou l’autre, on puisse vous prendre un être qui vous est cher. Durant des années, j’ai été confronté à cette peur. Celle qu’on m’enlève ma sœur. Je suis donc rodé de ce côté-là et parfaitement en mesure d’affirmer que se faire des films n’est vraiment pas la solution. Sauf si l’on possède quelques tendances masochistes, bien évidemment. Mais soit. Ne préférant finalement pas m’éterniser plus longtemps sur un tel sujet, conscient que cela ne nous apportera pas grand-chose, je me risque à prendre des nouvelles des autres. Du moins, à ma manière… Et la réponse de la Sango ne manque pas de m’arracher un faible rire. « Proche du tyran ? Rien que ça… » Faut pas exagérer, non plus. Un tyran envers les autres fraternités, ok. Mais envers les Sangos… Je m’abstiens tout de même de tout commentaire et arque un sourcil, interrogateur, quand la verte évoque une possible fête de retour. Avec un gâteau, en prime, s’il vous plait… « Je vais vraiment finir par te croire quand tu dis que les gens m’aiment bien… » Ce qui, assurément, est totalement faux. J’ai peut-être plus d’amis chez les Sangos que dans toutes les autres fraternités réunies mais de là à dire que les verts, dans leur généralité, m’aiment bien… Quel monde utopique… « Plus sérieusement, une fête de retour ? Tu m’as bien regardé ? » Je laisse de nouveau échapper un rire, un tantinet moqueur cette fois, et ajoute : « Heureusement qu’il ne s’agit que de quelques semaines. Je n’ose pas imaginer ce que vous seriez capables de préparer si je devais être absent plus longtemps… » Loin de moi l’idée de passer pour un rabat-joie allergique aux fêtes. Au contraire, même. J’suis plutôt du genre fêtard, habituellement, et la jeune femme ici présente pourrait en témoigner. Mais une fête de retour… Faut pas déconner. J’suis pas partie faire la guerre, non plus. Même s’il est vrai que la balle dans l’épaule pourrait presque le laisser à penser… « Franchement, laisse tomber. Contentez-vous juste d’un "bon retour" et ce sera très bien comme ça… Puis, si vous tenez tant à faire la fête pour quelqu’un, faites-le pour Aliyyah. J’ai entendu dire qu’elle avait été hospitalisée, elle aussi… » Une façon quelque peu subtile de prendre des nouvelles de la jeune femme, également, je l’avoue… D’ailleurs, je devrais peut-être aller la voir quand je serais en état de tenir debout plus de dix minutes… Mouais, peut-être… « Par contre, si tu tiens réellement à m’offrir un gâteau, tu peux toujours me l’amener ici, tu sais ?! J’ne suis pas contre… » Je laisse échapper un faible rire. Un gâteau, ça ne se refuse pas, quand même…