Je manque de m'étrangler avec la nourriture présente dans ma bouche lorsqu'elle m'annonce, de manière si naturelle, son âge. Je la scrute quelques secondes, appuyant mon regard, pour vérifier qu'elle ne me ment pas. Je suis sincèrement surprise d'entendre que la jeune femme est beaucoup plus âgée que ce que j'avais pu imaginer. Il est vrai que je lui donnais 22 voir 24 ans, mais pas plus. Certes 26 ans ce n'est pas vieux et elle est encore jeune comparée à d'autres. Pour moi il n'y a pas d'âge pour être assise sur les bancs de l'école. Il y a des personnes qui ne trouvent pas immédiatement leurs voies, ou alors qui prennent plus de temps à choisir ce qu'elles souhaitent faire plus tard. Chacun a son propre rythme, il ne faut pas critiquer ou juger. Chacun est singulier. « C'est vrai que je n'imaginais pas . . . 26 ans. Mais ça ne veut rien dire. C'est vrai qu'une première année âgée de 26 ans c'est quelque chose de rare, mais ce n'est pas pour autant que tu n'as pas le droit d'avoir le statut d'étudiante. Il n'y a pas d'âge ». Je ne sais pas si je tente à l'heure actuelle de la rassurer ou pas, mais en tout cas, elle n'a pas à craindre les étudiants, ou sa place dans l'université, en tant que première année. Elle passe très bien en tant qu'étudiante de première année. J'écarquille les yeux quand elle parle d'être heureuse de discuter aussi amicalement avec une personne comme moi. Ce qui sonne particulièrement étrange pour mes oreilles. Je ne suis pas du genre à être une partenaire agréable quant aux conversations, c'est pour cette raison que je suis assez surprise de ses dires, mais je suis aussi ravie. « Et bien . . . c'est que tu ne dois pas côtoyer grand monde pour dire ça de moi ». Je lui fais quand même un discret sourire. Je penche ma tête légèrement sur le côté et hoche vigoureusement celle-ci quand elle me demande si elle peut jouer. « Oh mais bien sûr, vas-y, fais toi plaisir. Est-ce que . . . ça te dérange si je reste quelques minutes pour t'écouter ? ». Je sais que certaines personnes n'aiment pas avoir de public et comme elle a l'air d'être une personne timide, je préfère lui demander, par politesse. « Enfin, c'est comme tu veux, je ne t'oblige pas à accepter ».