Je fais mine de prendre un air faussement choqué et déçu, portant ma main à ma poitrine, blessé par ses paroles, enfin faisant semblant d'être touché par ses mots. « Oh pourquoi ? Comment peux tu savoir que je ne suis pas ton genre alors qu'on ne se connaît que depuis aujourd'hui ? Peut-être que physiquement je ne te plais pas, mais que mentalement je suis totalement un de ceux qui peuvent te faire succomber », je lui fais un clin d'oeil, prenant tout cela sur le ton de la rigolade. J'ai arrêté d'être sérieux depuis qu'elle a pris peur et surtout, j'ai arrêté d'être dans la séduction Je fronce quand même tes sourcils, comprenant peut-être les sous-entendus qu'elle vient tout juste de me dire. « Oh pardon . . . je ne savais pas. T'es intéressée par les filles en fait ? Je comprends mieux que tu ne sois pas intéressée par aucun de mes congénères masculins ». Je hoche minutieusement de la tête, semblant être perdu dans mes pensées les plus profondes. Dommage que je ne sois pas attiré par les femmes, ni même un pervers, un scénario aurait déjà tourné dans mon esprit. Mon visage s'illumine soudainement lorsqu'elle avoue qu'elle n'est pas désenchantée et que donc elle n'est pas mécontente de me voir ici présent, encore à ses côtés, alors qu'elle me rejetait quelques minutes avant. Je lui fais mon plus beau sourire, heureux de lui entendre dire. « Je suis flatté d'entendre enfin ça. Tu viens d'illuminer toute ma journée et ma soirée, je vais quitter ce café avec le cœur léger ». J'en deviendrai presque poète à force.

Je fronce des sourcils et me penche un peu en avant, histoire de la fixer quelques secondes, pour essayer de voir ce qu'elle peut cacher de si surprenant. « Vraiment ? Des talents cachés tu dis ? Je me demande bien lesquels ? Je peux en voir ou pas ? Parce que je ne suis quand même pas certain que ça soit vrai, ça se peut que tu me mens pour me faire croire que tu en as alors que pas du tout ». Je pose mes mains contre mon torse, les croisant, prenant un air très sérieux, semblant analyser la situation. « Tu peux être bien parlée, il  n'y a pas que les hommes ». C'est vrai que l'Homme a tendance à sous-estimer la femme et ses capacités à utiliser le langage, à jouer avec les mots. Je pose ma main sur mon front, l'air désespéré lorsqu'elle insiste sur le fait qu'elle m'avait prévenu de son incapacité à danser. « A ce stade ce n'est pas une question de pouvoir ou non, mais de volonté. Si tu as la volonté de danser alors tu y arriveras et puis, je n'ai jamais demandé à ce que tu saches danser, c'est juste défoulant, quitte à danser n'importe comment ». Je me ridiculise en tout cas à ses yeux pour essayer de lui montrer que ce n'est pas si compliqué que ça, et que même si elle ne croit pas pouvoir danser, elle le sait très bien. J'esquisse un sourire quand je la vois tenter quand même, agitant ses bras, tel un oiseau prêt à s'envoler. Je me retiens de rire, non pas parce qu'elle est ridicule mais parce que je la trouve mignonne, et aussi parce que c'est marrant, je dois l'avouer. Mais qui n'a pas été ridicule une fois dans sa vie en dansant ? La danse ce n'est pas inné, ça s'acquit, ça s'apprend, c'est une expérience. Je ne sais pas non plus danser, mais en général je ne danse pas, je discute, je drague, rien de plus, ou avançant sur le piste faisant quelques pas de danse des plus anodins. « Moi aussi je ne sais pas danser, tu n'as pas besoin de savoir danser pour danser. Ça permet juste de te défouler, de te décontracter, d'extérioriser, quitte à être ridicule ». Je regarde aux alentours, vérifiant que nous sommes seuls, ou pas nombreux. « Tu peux te défouler, sans avoir peur du regard des autres. Ce n'est qu'entre toi et moi ». Mais je peux comprendre qu'elle soit intimidée, je ne vais pas insister plus.