À l’unanimité, nous serons assurément tous d’accord pour dire que ce qui est des plus fâcheux durant les premières années d’études supérieures, c’est que nous sommes encore obligés de nous farcir des matières et des options parfois à choix unique obligatoire – ce qui n’en doutons pas, correspond parfaitement à la définition du mot « option » – et dont nous nous tamponnons royalement le coquillart ! D’ailleurs, c’est un peu le thème de la matière en question. Quoique non, à moins de glisser vers ces pratiques dérivées, officieuses et voire parfois propice à des invitations cordiales au tribunal pour procès. Laissons donc cette partie de l’anatomie aux spécialistes et intéressons nous plutôt au sujet de notre étude. Ou précisément encore des études de l’élèves en deuxième année de médecin : Zhang Hera.

Vêtue d’un simple peignoir blanc qu’elle gardait bien serrée contre son petit corps svelte, les bras croisés, elle persifflait entre ses dents. Pourquoi avait-il fallu qu’elle suive ce cours ? Parce que si elle ne l’avait pas fait cette année, elle aurait dû le faire l’année prochaine alors autant s’en débarrasser le plus tôt possible. Un module d’initiation aux bases fondamentales de la kinésithérapie ! Genre, elle avait vraiment la tête de quelqu’un qui soignerait les rhumatismes des vieux ? Oui, peut-être que les kinésithérapeutes ne soignent pas que ça, mais il faut pas se voiler la face, la majorité de leurs clients sont déjà tous fripés et bons pour la casse ! Hera faisait médecine mais elle n’aspirait nullement à « sauver des vies » ou soulager le quotidien des personnes souffrantes. Au pire, si elle devait vraiment travailler un jour, elle se tournerait vers la recherche, loin de ces individus sales et puants que sont les malades. Et puis, outre le problème de palper autrui, les travaux pratiques de ce cours posaient un autre sérieux problème à la « Princesse Singapourienne » : celui de se dévêtir !

Oh, elle savait son corps proche de la perfection et désirable ! C’était justement là le problème, plus qu’une question de complexe quant à une telle ou telle imperfection. Hera n’aimait pas qu’on regarde ce qu’elle considérait comme une part de son intimité. Apparement, en médecine, la belle brune allait devoir se faire une raison, et pas seulement en ce qui concernait les TP de kinésithérapie ! Bien sûr, c’était au cours de ceux-ci que l’épreuve à surmonter s’avérait la plus concrète ! Jusqu’à présent, Hera avait toujours trouvé une solution pour contourner le problème mais elle savait qu’elle ne pourrait y échapper éternellement, d’autant plus si elle souhaitait valider cette matière. Et ça, bien évidemment que oui, elle le voulait ! Non ! Elle n’envisageait même pas qu’il puisse en être autrement ! Ainsi, pour l’aider à franchir ce cap imposé par sa pudeur et rattraper les lacunes engendrées en conséquence, Hera avait fait appel à l’un de ces Sunbae. L’un des seuls qu’elle connaissait, membre de la même fraternité qui plus était : Im Yo Han. Difficile de parler d’amitié entre eux, il faut dire que leur capacité à se socialiser – dans l’état actuel des choses pour la jeune fille  – était proche de zéro. Ils se supportaient. Quoique au regard des fréquentations de son aîné, Hera se jugeait bien facile à vivre en comparaison à certaines énergumènes qui l’entouraient. Et le pire était qu’il avait l’air de les apprécier. Les relations humaines se révélaient vraiment étranges. Certes, elle-même avait de l’affection pour son extra-terrestre de frère mais c’était différent, ils étaient de la même famille. Et puis, le moins qu’on puisse dire c’est que cet attachement fut loin d’être inné ! Enfin, en ce qui concernait son entende avec son Sunbae, tous les deux parvenaient à étudier sérieusement et efficacement ensemble, c’était à peu près tout ce qu’ils recherchaient réciproquement.

Cependant, pour le moment, Hera était encore seule à l’intérieur de la salle de travaux pratiques qu’ils avaient réservés pour s’exercer. En principe, son aîné ne devrait pas être loin. Elle lui avait simplement « demander » – à moins qu’exiger soit le terme le plus adéquat ? – de sortir le temps qu’elle ôte ses vêtements. La demoiselle n’avait encore pu se résoudre à demeurer seulement couverte par ses dessous et avait donc renfilé ce peignoir dissimulant sa chaire lorsqu’elle fit savoir à son aîné qu’il pouvait à présent entrer. Elle fixa la poignée de la porte. Rien.

« Sunbae ! Vous pouvez entrer maintenant ! » répéta-t-elle depuis le milieu de la salle.

N’avait-il pas entendu ? La porte ne s’ouvrit toujours pas. Il ne serait quand même pas déjà reparti ? Les hommes avaient donc si peu de patience ? À la lisière de l’agacement, Hera se dirigea jusqu’à la porte. Il n’allait tout de même pas l’obliger à apparaître dans le couloir dans cette tenue. Hera posa la main sur la poignée, prit une profonde inspiration, puis se résigna à l’ouvrir.

« Sunbaenim ? » demanda-t-elle d’une petite voix en passant juste la tête par l’entrebâillement de la tête.

Il était bien là en plus ! Qu’est-ce qu’il foutait donc pour mettre autant de temps à ramener ses miches quand elle l’appelait ? Pour l’heure, elle avait besoin de lui et surtout de son expérience alors Hera ravala son amertume et le laissa rentrer à l’intérieur de la salle en prenant bien soin de verrouiller la porte derrière eux.