Les mains dans les poches d’un air des plus indifférents, son sac de professeur pendu à son poignet et l’expression la plus neutre existant sur cette terre inscrite sur son visage, Gabriel se dirigeait vers l’université. Ses cours ne commençaient que dans une heure mais pourtant, pour la première fois de toute sa vie il prenait l’initiative d’arriver en avance. Non pas parce qu’il avait des devoirs à corriger ou ce genre de connerie de professeur mais seulement parce que c’était le seul endroit où il pouvait potentiellement avoir la paix. Les appartements voisins semblaient en travaux ou alors, son voisin possède des délires sexuels très exclusifs. Se reposer à la YG ? Impossible. Tristement, son bureau était sa dernière alternative pour ne rien foutre en paix.

Son regard se déposant uniquement et discrètement sur le joli petit cul de certaines étudiantes, un type parvint tout de même à attirer son attention. Pancarte accrochée autour du coup, il gueulait des mots qui lui étaient alors incompréhensible. Faisait-il une manifestation à lui tout seul ? Pour l’instant, personne ne semblait prêt à le suivre. Gabriel ne put retenir un léger rire face à l’ironie de la scène. Il avait beau avoir un statut de professeur, il devait avouer qu’il apprécie énormément les éléments perturbateurs.  Cependant, il s’agissait sur ce coup-ci de son ami. Il se sentait tiraillé entre l’envie de l’arrêter et celle de l’entrainer à continuer. «  Hey ! » Criait-il à l’attention du type. «  Fait toi davantage entendre, j’sais pas monte sur une poubelle, personne te suivras si tu fous pas un minimum le bordel. » Ce n’est pas ce qu’il voulait foutre le bordel ? Il hausse alors les épaules avant de s’éloigner pour entrer dans le bâtiment, sortant son téléphone portable pour prévenir son collègue de la présence de ce type.

Une tasse de café sur le côté de son écran, la cravate autour du cou et l'air concentré, Raon avait tout du chargé d’administration responsable. Et contre toute attente, il était vraiment en train de travailler. Depuis le début de journée il ne cessait d'échanger mails et appels téléphoniques avec l'entrepreneur en charge de reconstruire les bâtiments de l'université. Les incendies avaient eu lieu en avril, et pourtant les reconstructions étaient loin d'être finies. La CPE lui avait demandé ce matin-là de leur remuer les miches s'il tenait à finir sa journée sans hurlement. Et ça l'avait motivé à bosser, oui rien que ça. Il était en pleine rédaction d'un mail lorsqu'il reçut un appel de Gabriel. Un sourire étira les lèvres de Raon qui voyait là une mini pause improvisée, et peut-être l'occasion de sortir le soir. Mais il était loin d'imaginer la raison pour laquelle son collègue l'appelait. Le coréen avait d'abord refusé de le croire puis finalement il avait éclaté de rire. « Okay okay je descends voir ça, c'est quoi ce bordel. » Il riait encore en raccrochant. Il termina rapidement d'écrire son mail et l'envoya. Il passa sa veste avant de s'excuser un instant auprès de ses collègues. En quelques minutes, il se retrouva devant la fac, et un type demandant son renvoie se trouvait bel et bien là. Raon s'appuya sur un mur, bras croisés, et observa combien de temps ce type allait tenir. C'était plutôt divertissant, d'ailleurs un petit sourire amusé et arrogant étirait les lèvres de Raon. Il essayait aussi de se souvenir qui était ce garçon, qu'avait-il fait d'aussi terrible pour que ce type en arrive là ? Impossible de se souvenir. Il allait peut-être le savoir parce que le manifestant en colère venait de croiser son regard et de visiblement le reconnaître.

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Sky & earth are overturned trapped in the silence

J’ai pris tout mon temps pour venir à l’université aujourd’hui. J’ai même profité d’avoir ma matinée pour flâner dans les allées de Séoul et surtout pour trainer dans ma boutique de vinyles préférée. C’est donc toujours le casque sur les oreilles et un latte macchiato caramel de chez starbucks dans la main que je rejoins d’un pas lent le campus puis les bâtiments de l’université. J’ai les yeux visés sur mon portable à lire les commentaires sur mes covers de ma page youtube, le tout en chantant ‘Dear No One’ du bout des lèvres. Je relève les yeux trente secondes pour vérifier qu’il n’y a pas d’obstacle sur mon chemin et mes pupilles s’arrêtent sur un type chelou à une centaine de mètre de moi. Je plisse les yeux pour mieux voir ce qui est écrit sur le truc qu’il a autour du cou. Je ne savais même pas qu’on avait un Yeo Leon dans l’administration de la faculté, pourtant je suis presque sûre d’avoir cassé les pieds au moins une fois à chaque personne avec un peu d’autorité dans cette université. Bizarre… Je reprends mon chemin n’ayant pas envie de perdre plus de temps pour un type qui manifeste pour une cause inconnue. Je me remets à tapoter sur le clavier de mon smartphone quand je remarque Yeo Raon appuyé contre un mur à regarder la scène lui aussi. C’est ça que ça fait tilt dans ma tête. Yeo Leon = Yeo Raon. Je pouffe un peu, le non-respect, le mec n’a même pas retenu son prénom. Je me rapproche en enlevant mon casque puis j’appuie fortement mon index sur l’épaule du chargé d’administration. « Dites donc Leon, on en apprend des choses sur vous. Pervers… Bad boy… Je ferai plus attention la prochaine fois que je passerai dans votre bureau. » je souligne avec un sourire moqueur accroché aux lèvres.

Un petit attroupement était en train de se former autour du jeune en colère, mais rien d'inquiétant aux yeux de Raon. Il s'agissait de curieux, et non de personnes qui se joignaient à lui. Probablement parce qu'ils avaient tous du mal à comprendre qui était ce « Léon ». L'intéressé y voyait là une référence au film de Luc Besson, c'était plus badass qu'humiliant. Il tourna la tête en sentant une petite pression sur son épaule. Il vit une élève qui venait souvent hanter les bureaux de l'administration, il ne se fiait plus au visage parfois poupon de la jeune Kim. « Dites donc Kim Mi Hyun-sshi, je vous trouve bien familière. Je sais que vous venez souvent au bureau mais on n'est pas encore amis à mon souvenir. » Il parlait d'un ton plutôt stricte, mais affichait néanmoins un sourire, amusé par toute cette situation. Il reporta son attention sur le révolté, ne trouvant toujours pas d'où pouvait lui venir cette rancœur à son égard. Il le vit en train de parler à une jeune femme, probablement une étudiante (ils étaient tellement nombreux il ne pouvait pas tous les connaître). Il fronça les sourcils en les voyant tous les deux entrer dans l'établissement après avoir parlé. Cette intrusion l'inquiétait un peu plus, mais au fond, la sécurité ne tarderait pas à l'escorter à nouveau vers la sortie. Il y avait davantage de vigiles et la sécurité avait été renforcée suite aux incendies d'avril. Cette idée suffisait à le rassurer. « Aller filez en cours avant qu'un prof vous renvoie dans nos bureaux pour un rendez-vous pédagogique ou que sais-je encore ! » Il fit un signe de main à la jeune Kim Mi Hyun, la chassant comme il chasserait une mouche et reprit le chemin de son bureau. Le révolté avait déjà disparu de son champ de vision, pas rassurant, mais Raon comptait bien sur la sécurité pour intervenir... Avait-il bien fait de prendre cette situation à la légère?

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Sky & earth are overturned trapped in the silence

Ce ton stricte et ce petit sourire amusé voire malsain me fait marrer. Je comprends tellement ce qu’il ressent à ce moment face à ce type inconnu qui crache des trucs injustifiés sur son dos. Ça me rappelle fortement mes années lycées où les adolescentes se montent les unes contre les autres en inventant toutes sortes de rumeurs plus ridicules les unes que les autres. C’est enfantin, puéril et totalement idiot. Mais d’un œil extérieur, c’est très amusant. Surtout quand c’est sur vous qu’on crache. Expérience personnelle. Mais ce qui m’amuse encore plus que ce jeune qui hurle au scandale c’est sa réponse à ma remarque. Mon sourire s’élargie un peu plus avant que s’affiche sur ma bouche une fausse moue triste. « Hm, c’est presque vexant ce que vous dites Leon… À chaque de passer du temps ensemble, je pensais qu’on était devenue une sorte de… famille ? Je ne dois pas encore venir assez souvent, je vais y remédier au plus vite ! » je lui fais en papillonnant des yeux de façon toute mignonne. Il sait aussi bien que moi que je fais ça juste pour l’emmerder, comme d’habitude. Je m’étonner à aimer me mêler de ses affaires. Pas que ça m’intéresse, loin de là, je m’en contre-fiche. Mais contrairement à la plupart des personnes, Yeo Raon ne réagit pas au quart de tour en me gueulant de me mêler de mes affaires, il reste calme comme si mon attitude ne l’atteignait pas. Ça me donne envie d’autant plus de tester ses limites. Alors quand il essaye de se débarrasser de toi pour s’occuper du mec chelou, je ne peux m’empêcher de le suivre. « Oh mais je n’ai pas cours, ne vous inquiétez pas pour moi ! Sinon je peux vous aider ? Nan parce que, même si c’est sûrement la vérité, ce qu’il dit, ou du moins ce qu’il tente de dire, ternit la réputation de l’université. Et j’ai pas envie de regretter de ne pas être aller à Korea University, vous voyez… » je réclame avec une voix mielleuse et un sourire trop angélique pour être vrai.