Et bien, s'il a de la patience, elle est totalement ouverte à ces propositions de lui enseigner l'art et la manière de n'avoir aucun filtre. Mais le moment n'est pas idéal pour commencer une quelconque séance d'apprentissage. Ses lèvres s'étirent doucement quand il lui dit que s'il n'avait présenté que des qualités elle aurait sûrement trouvé des défauts. Personne n'est parfait et tout le monde a de défauts et des qualités. « Pas forcément. Je préfère valoriser l'autre que le dénigrer ». Certes il y a des personnes fondamentalement méchantes, qui ne semblent avoir aucune qualité, mais il y a toujours une part positive. Peut-être est-elle juste sotte de penser ainsi ou tente t-elle de voir les qualités dans le mauvais ? Ça, c'est une bonne question. Elle arque un sourcil lorsqu'il répond à sa question s'attendant quelque part à entendre une telle réplique. Ça se ressent. Qu'il ne se pense pas être une très bonne personne. Elle est quand même curieuse de savoir ce qui le pousse à agir ainsi, quel est son passé...mais pour le moment elle ne peut lui poser de questions trop intimes, au risque de le faire fuir. « Je pense que tu as raison d'être dans une telle démarche. Autant présenter ses défauts avant ses qualités que la personne en face sache à quoi s'attendre. C'est toujours mieux de débuter par le négatif pour aller vers le positif. Mais du coup, serais-tu capable de me citer au moins une qualité ? A part d'être honnête ? ».
Son doigt se fait soudainement secouer, la tenant ainsi en otage, tout en la rassurant sur le fait qu'il peut être une personne sympathique. Quand même ! Elle rigole de nouveau alors qu'il la menace presque avec son petit doigt. « Je te rassure, il y a pire que toi sur cette terre. Enfin....c'est difficile de juger une personne avec qui j'ai une conversation depuis quelques minutes seulement. Seul le temps me le dira si on en vient à se côtoyer par la suite ». Les relations se transforment, se dégradent, s'améliorent, c'est le cycle normal de la vie. La joie de la jeune femme redescend légèrement lorsqu'elle donne sa réponse concernant le fait d'être bien ainsi ou non. « C'est juste plus facile ». Elle répond du tac au tac, sans la moindre once d'hésitation. Elle sourit tout de même lorsqu'il évoque le fait de l'aider sur ça aussi. « C'est fort sympathique de ta part de te proposer pour ça aussi mais pour le moment cela risque d'être inutile. Je ne veux pas te faire perdre de l'énergie inutilement ». Un jour, peut-être. Mais pour le moment non. « Mais en cas de besoin je saurai où frapper ». Enfin...sur le moment.

« Tu sembles vraiment être mon contraire et pourtant, on est là à parler aujourd’hui. » Elle préfère valoriser l’autre que le dénigrer ? C’est étrange d’entendre une phrase comme ça, qui semble décrire exactement mon opposé. Ca lui correspond tout à fait cependant vu la gentillesse et le calme dont elle semble faire preuve. Peut-être que c’est ce que nous sommes au final, deux contraires. Les choses se passent étonnamment bien pour le moment, certainement parce que je fais de efforts et ne m’y prends pas comme d’habitude. « J’ai l’air d’un mauvais gars certainement avec ce que je t’ai dit pour le moment mais ça ne m’empêche pas d’être loyal. Disons que je fais le tri avant de vraiment devenir ami avec quelqu’un, c’est tout. Puis je suis quelqu’un de très patient et calme. » La plupart du temps oui, je suis calme. Je ne sais pas trop ce qu’elle s’imagine que je suis comme personne avec ce que je lui ai dit pour le moment, le tableau doit être un peu bizarre. Je suis effectivement persuadé qu’il y a bien pire que moi sur Terre comme elle le dit elle-même. « Oh ça je ne doute pas du fait que je ne suis pas le plus grand vilain de tous les temps ! »

Elle rigole lorsque je secoue son doigt et cela me tire un nouveau de ces sourires qui semblent récurrents aujourd’hui. Je le relâche finalement et viens me gratter le cou. C’est vrai que les impressions qu’on a l’un de l’autre sont difficiles à vérifier. Je serais quand même curieux de voir si ça colle avec la personne qu’elle est vraiment. Je ne la pense pas capable de mentir mais d’un autre côté, on ne sait jamais, ne pas voir le visage d’une personne avec qui on discute est quand même troublant, même si on s’adapte. La jeune femme me surprend un peu en laissant échapper les mots suivants et je me retrouve un peu dans ces paroles. « J’ai une soudaine envie de te tapoter la tête en signe de compassion mais vu que je ne sais pas où est ta tête et que j’ai déjà raté mon coup tout à l’heure, je préfère éviter de te crever un œil par mégarde ! » Je ricane dans ma non-barbe et me redresse, croisant les mains sur mes genoux, préférant changer de sujet plutôt que de m’attarder sur celui-ci et creuser trop loin. Le but est de découvrir quelqu’un et peut être deviner qui il ou elle est, pas de se prendre pour son psychologue au point de le faire fuir. « Et sinon, qu’est-ce que tu fais dans la vie ? Etudiante ? »

Il est vrai que tous les deux, ils donnent cette impression d'être de parfaits contraires, mais avec qui, pourtant, il est possible d'échanger plus de deux mots sans pour autant se tourner le dos, détestant l'autre à cause de ses propos. Mais quelque part, dans leurs différences il y a quelques ressemblances, et c'est sûrement le complément de deux qui fait que la conversation est agréable. En tout cas, la jeune femme n'a pas encore envie de prendre ses jambes à son cou. « Autant on dit que les ressemblances s'assemblent, autant on dit que les contraires s'attirent. Je crois que c'est pour cette raison qu'on peut discuter toi et moi ». Et tant mieux, elle n'a pas participé à cette expérience pour se faire des ennemis, bien au contraire. Elle arque un sourcil, essayant de comprendre la personnalité du jeune homme. Il a l'air autant froid, colérique, arrogant que doux, franc et conciliant. « Tu vas peut-être rire mais sais-tu quelle image je brode de toi ? ». Elle sourit, se demandant si elle doit révéler sa pensée. « Je t'imagine comme ces hommes qui ont une carrure impressionnante, comme les boxeurs, ou encore ceux qui font du judo,du genre Teddy Riner, et qui pourtant ont cette personnalité de panda. C'est ça, tu ressembles à un panda dans ma tête ». Donc oui, il est bien loin d'être le super vilain. C'est un Gru qui se veut être méchant mais qui n'y parvient pas toujours.
C'est étrange de dévoiler un peu d'elle même à cette expérience singulière. Elle n'aurait jamais cru livrer, indirectement, une part d'elle à cet homme qu'elle ne connaît même pas. Mais parce que c'est plus simple de parler dans l'obscurité que de voir les expression de la personne, de voir de la peine, de la honte, du dégoût, et on en passe. « J'avoue que ça semble difficile d’accéder à ma tête, pour le moment, et même si j'essaye de te guider, ça risque d'être une catastrophe », et un incident est très vite arrivé. « Et puis....j'ai plus l'impression de te faire...pitié ! ». Alors qu'elle n'aime pas, parce que cela lui renvoie des choses souvent négatives. Elle réfléchit quelques secondes, à savoir si elle lui répond ou pas. « Hum....d'après toi? Ma question n'est pas très facile. Je te l'accorde. Mais selon tes impressions, j'ai l'air d'avoir quel âge ? Et est-ce que je semble être étudiante ou non ? ». Elle a bien envie de savoir si elle renvoie l'image d'une jeune adolescente, découvrant à peine le monde des adultes, ou alors une étudiante qui mûrie progressivement ou encore une femme posée ayant déjà une vie professionnelle.

Mes épaules se haussent à ces propos. « C’est peut-être ça. J’ai cette impression assez bizarre qu’on est complètement différent toi et moi et pourtant qu’on peut se comprendre. » Notre conversation depuis le début n’est que découverte sur découverte, partage de choses sur moi que je n’aurais pas dévoilées à n’importe qui, et peut-être est-ce son cas aussi, je ne sais pas trop. Elle dégage quelque chose qui me donne tout simplement envie de lui parler, envie de poursuivre cet échange à l’aveuglette et d’en apprendre plus sur elle. A moins d’un gros changement, d’une grosse révélation ou bourde monumentale d’ici à la fin de cet entretien, je suis presque sûr de vouloir garder contact avec elle. Un de mes sourcils se lève, curieux que je suis à l’idée d’entendre l’image qu’elle a de moi. « Attention, je suis prêt à tout entendre .. » Je ne peux m’empêcher d’éclater de rire à son explication et m’enfouis dans le canapé en riant. « Un panda ! Sérieusement ! » Je me suis imaginé un instant avec une tête de panda et des gants de boxe. « Haha tu me donnes trop de crédit là, je suis sportif mais bien loin de lui au niveau muscles ! » J’entretiens mon physique c’est sûr mais à côté d’un mec comme ça, je suis un gringalet. Je me remets doucement de cet éclat et pousse un soupir encore amusé, me redressant sur l’assise. Alors là, si on m’avait dit un jour qu’on me comparerait à un panda, je n’y aurais pas cru. Enfin.

Je secoue les mains devant moi quand elle me parle de pitié. « Ah non, non ! Pourquoi j’aurais pitié ? Je suis juste du genre tactile, enfin normalement, avec les gens que j’apprécie, alors ça devrait être un bon signe pour toi, pas quelque chose de mauvais ! Si tu penses ça par rapport à ce que j’ai dit, j’en suis désolé, ce n’était pas mon intention. » Ce n’était pas ce que je voulais laisser transparaître dans mes paroles ou gestes. Je lui demande ensuite quelques petites choses sur elle mais sa réponse par une autre question me laisse incertain. Je n’ai absolument aucune idée de qui elle peut bien être alors je vais devoir me fier à mes impressions. « Je ne sais pas trop. Je dirais majeure mais plutôt jeune, plus jeune que moi en tout cas je pense, même si tu as l’air de faire preuve d’une certaine maturité. Donc peut-être bien étudiante, mais après tout, je n’en sais rien, tu pourrais avoir eu une situation difficile et abandonné tes études. » Je me grattouille le menton inconsciemment en réfléchissant. Plutôt dur de dresser le profil d’une personne à partir d’impressions, je m’en rends compte en essayant de décrire ce que j’imagine d’elle. « Peut-être issue d’une famille modeste ? » Supposition, vu son caractère : j’en ai rencontré des filles de riches et de manière générale, elle n’a pas l’air de correspondre au caractère de ce genre de nanas.

Elle hoche de la tête, en accord avec les propos de son vis-à-vis. « Tant mieux. Je ne sais pas comment cela se passe pour les autres mais sache que quelle que soit l'issue, ça a été un plaisir d'échanger avec toi ». Et elle est sincère. Cela fait bien longtemps qu'elle n'avait pas tenu une telle conversation avec un parfait étranger. Elle finit alors par lui dire quelle vision de lui elle a , quitte à paraître stupide, et étrange. Certes, comparer une personne à un panda n'est en rien dépréciatif, au contraire, mais elle ne sait pas si elle risque de le blesser ou non, elle prend tout de même le risque de le faire. Heureusement il ne le prend pas mal et se met même à rire en entendant les paroles de la jeune femme. Elle ne peut s'empêcher de rire à son tour. « Oh quelle déception ! Moi qui pensais être face à un véritable sportif. Je tombe des nues ». Alors que pas du tout. Musclé ou non, elle n'en a que faire. « En tout cas, je t'imagine bien sous cette forme . . . en terme de personnalité. Je crois que je vais garder cette image de panda tout au long de cet échange ». Puisqu'il semble aimer cette comparaison, autant la conserver.
Elle fronce légèrement des sourcils lorsqu'il tente de lui expliquer que ce qu'il a dit précédemment n'était pas de la pitié, mais juste dans sa personnalité. C'est étrange parce qu'elle ne l'imaginait pas tellement tactile. Mais qu'il en soit ainsi ! S'il lui dit que ce n'était pas dans son intention de véhiculer une telle impression alors elle ne peut que le croire. « Pardon. J'interprète parfois de la mauvaise manière certains propos ou même certains gestes. Je dois t'avouer que je ne t'imaginais pas comme une personne très tactile. J'en apprends un peu plus ». Et c'est toujours intéressant de constater à quel point certaines idées sur certaines personnes sont fausses. Elle lui demande ensuite d'essayer de répondre lui-même à sa propre question et la réponse qu'il lui donne la convient totalement. Elle sourit surtout quand il lui dit qu'elle doit être issue d'une famille modeste. « Pour te répondre, déjà, je suis bien étudiante. Même si j'avoue avoir hâte d'en finir avec ces études pour rentrer, réellement, dans le monde du travail. Être active. Mais, de nos jours, il n'y a pas d'âge pour reprendre ses études ou même pour être étudiant ». Même si en Corée, la majorité des étudiants sont jeunes, parce que la culture est ainsi faite. « Je suppose que tu es aussi étudiant ». Mais là, ce ne sont que ses suppositions. Elle attend juste confirmation ou non. Concernant sa situation financière, elle ne sait pas vraiment quoi lui répondre. Parce qu'elle ne sait pas si elle peut répondre. « Tous les pauvres ne sont pas humbles et tous les riches ne sont pas prétentieux. Être entre les deux est plus agréable...certainement ». Elle prend une profonde inspiration. « Mais qu'est-ce qui te donne un tel indice ? Qu'est-ce qui te fait penser que je suis issue d'une famille modeste ? Et toi ? Qu'en est-il de toi ? ». Même si elle a déjà quelques idées.