Cette compétition entre moi et Na Young ne finirait-elle jamais ? Depuis cette rencontre fortuite et nocturne lors d’un jeu où nos vies étaient en danger que nous avions partagée, le destin avait voulu que nous nous retrouvions dans la même chambre. Un véritable carnage. Carnage auquel, étonnement, j’avais pris gout. Sans m’en rendre compte, il m’arrivait fréquemment de jeter un coup d’œil dans les alentours, voir si sa chevelure coloré ne s’y trouvait pas. Alors que j’avais vu son nom inscrit à cette épreuve, je ne peux m’empêcher de m’y inscrire également. Cette compétition entre nous était devenue une obsession maladive. Un psy aurait sans doute conclu que j’essayais d’attirer son attention ou que j’avais fait un transfert ou je ne sais quoi d’autre de leur connerie. Je m’en fichais bien au fond. Je vivais cette obsession assez bien, puis si cela pouvait me permettre d’avancer et me faire oublier mes déboires passés, ce n’était que bénéfique. Je jetais un coup d’œil à mes pieds palmers, me demandant comment les canards pouvaient gérer cela au quotidien. Je fis claquer l’élastique de mon slip maillot que je trouvais bien petit pour le coup. Des fesses rebondies attiraient mon attention dans le couloir à ma gauche dédié aux jéongals, rendant mon paquet à l’étroit dans mon maillait noir. J’installais mes lunettes de plonger, et me mis en position, attendant patiemment que le départ soit donné.

Le coup de sifflet retentit. C’est le départ. En position pour plonger, je pliais les jambes pour me donner un maximum d’élan. Elan que je perdis lors de mon déséquilibre alors qu’une sirène au cul d’enfer bondissait dans les airs dans un saut splendide qui me déconcentrait. Un magnifique plat qui éclaboussait une partie du publique à ma droite, étant à une des extrémités du bassin. Je rageais intérieurement avant de rattraper mon retard en tapant du pied au fond de la piscine. Une remontée rapide. Le ton était donné. Je m’aidais de la force de mes jambes pour donner de l’impulsion à mes palmes, partant telle une flèche qui devait atteindre sa cible. Compétiteur dans l’âme, je me donnais à fond pour rattraper les étudiants devant moi. Je ne m’arrêtais que quand ma main touchait le mur de l’autre côté. Je sortis ma tête de l’eau. Mon regard se relevait immédiatement vers le tableau des scores où était donné le temps de chacun, cherchant mon numéro de couloir et mon nom. Si je ne sortais pas gagnant de cette épreuve, j’espérais au moins battre le temps de Nana. Les dés en étaient jetés, il suffisait plus que d’attendre que l’ordinateur affiche le tout.

Tout le monde a l'air très concentré sur le jeu et personne ne semble être apte à entamer une quelconque conversation. Je ne préfère donc pas m'aventurer sur ce terrain là même si j'ai bien envie d'échanger quelques ressentis avec quelques participants, mais au vu de leur concentration je ne préfère pas les déranger. Je racle plusieurs fois ma gorge, prêt à me lancer dans la gueule du loup, enfin du requin pour le coup. Lorsque l'arbitre donne le top départ chacun se rue, tels des animaux enragés, sur la piste, prêts à bousculer toutes les personnes pouvant être un obstacle au jeu.  Je ne réalise pas de suite que le top départ a été donné et je prends forcément quelques secondes de retard, voir une, voir deux, ou voir même plusieurs. Je ne sais pas. Je réalise rapidement que courir avec des palmes sur les pieds avec sur les yeux un masque ce n'est pas si simple que ça et même plus compliqué que je ne l'aurai imaginé. En tant que requin je ne suis habitué qu'aux nageoires pas aux palmes, je me suis trompé de jeu je crois. Je ne m'arrête toutefois pas et continue encore et encore de courir, essayant de faire un minimum de dégât. J'espère juste ne pas être le dernier, mais ça,  je vais le découvrir très vite.