a shitty day for a shitty person
na hae jin & kwon noah
Les ondes sonores qu'émit le radio réveil vinrent se répercuter contre les parois de la grande chambre, rompant ainsi le lourd silence qui régnait. La silhouette plongée sous les draps ne bouge cependant pas. Elle reste indemne, immobile, tournée sur sa gauche. La première chose qu'elle voit en se réveillant, c'est sa laideur, se reflétant contre le miroir qui orne le mur qui lui fait face. Il a envie de pleurer, rester caché sous les draps pour le reste de sa vie, à l’abri des regards extérieurs qui se mettraient bien vite à réaliser à quel point son existence est laide, impure, souillée. Il se libère enfin des couvertures et se lève, évitant à tout prix les miroirs, la vérité, et se dirige ainsi vers la salle de bain pour se préparer. Sauf qu'il oublia pour un court instant, qu'il serait poursuivi par ces derniers constamment. N'ayant guère d'autre choix, il lève la tête une nouvelle fois et contemple sa carcasse. Un couinement s'échappe de ses lèvres, il a la peau sur les os et ne ressemble à rien, il a l'air pitoyable. Ses yeux cernés se mirent à briller. Il n'irait pas à l'école, ni aujourd’hui, ni demain, peut être plus jamais qui sait. A la place il se dirige vers le canapé dans le salon où il s'y effondre pathétiquement en allumant comme ce qui semblait être la centième cigarette qu'il avait fumé ces derniers jours. Il allume la télévision, la regarde en versant silencieusement quelques larmes et au bout de quelques longues minutes, le sommeil vient prendre pitié de sa pauvre personne.

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kwon noah & na hae jin
clothes + L'absence et le silence de Noah n'a jamais rien eu de rassurant, c'est une chose que j'ai bien apprise. Où peut-il bien être ? Si cela me parait être contre ses habitudes, je conserve les miennes à passer la majeure partie de mes temps libres à le chercher du regard, allant même jusqu'à m'aventurer du côté de ses amis afin de demander s'ils l'ont aperçu depuis le matin. Je me souviens avoir quitté la maison avant lui puisque la porte de sa chambre n'avait pas bougé d'un seul centimètre du saut de mon lit jusqu'à mon départ, mais il n'est tout de même pas resté enfermé toute la journée, si ?

Je prends la décision de retourner directement chez Noah après ma journée de cours et je fronce les sourcils en remarquant sa voiture qui ne s'est pas déplacé d'un seul cheveux dans le garage. C'est mauvais signe. Un mauvais présage qui me laisse comprendre que je ferais mieux de me préparer à retrouver n'importe quelle scène en rentrant. J'abandonne ma voiture et va vers la porte, tourne la poignée et entre. L'odeur de cigarette m'agresse. Je plisse le nez sous le dégoût : cette odeur a un talent pour se prendre dans la gorge. Le son de la télévision se fait également entendre, comme une trame de fond, et je retire mes chaussures avant de laisser mon sac dans l'entrée et aller voir ce qui se passe. « Noah ? » Je l'interpelle d'abord simplement juste avant de poser un pied dans le salon où règne l'ambiance d'un drama défilant à l'écran, mais personne ne le regarde. Noah s'est endormi dans le canapé et son allure ne laisse place à aucun doute : il n'est pas sorti de la journée. Soupirant doucement, je m'approche et le regarde dormir quelques instants. Il ne se voit pas comme je le vois en ce moment, ce qui me brise le cœur un peu plus à chaque fois. Il ne se voit pas non plus comme les autres le perçoit. Je m'installe sur le canapé, puis le tire du sommeil en posant une main sur son mollet pour le secouer un peu. « Parait-il que personne n'a eu l'honneur de te voir aujourd'hui. »

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Aujourd'hui n'est rien d'autre qu'une journée de plus. Rien n'a changé depuis hier, avant hier, et le jour d'avant. Tout se répète en un schéma semblant interminable, où la seule destination à la fin du trait est une voie sans issue, une impasse. La conception des possibilités, des choix, se dissipent peu à peu, l'ambition tout autant, l'espoir. Son passé subsiste à son présent, sa joie se noie dans le pessemisme et la tristesse. Ca le répugne. Il n'aime pas la personne qu'il est en train de devenir. Il se hait, et ne se voit aucun avenir (Qui voudrait de lui de toute manière.) Se laisser tomber encore et toujours plus bas lui aspire être une bien meilleure solution cependant, bien conscient de l'alternative qui s'ouvrirait à lui s'il décidait réellement de lâcher prise et de se laisser mourir lentement sans intervenir. Mais il ne pourrait pas se laisser mourir. Il finirait par manger quelque chose s'il décidait de ne pas se nourrir, il n'aurait pas la force ni le courage de se tailler les veines, aurait bien trop peur de sauter d'un bâtiment, de paniquer pendant tout le processus. Non. Il est bien trop faible pour cela. A la place il s'admire à vue d'oeil devenir de plus en plus maigre, de plus en plus cerné, épuisé. Il se hait de ne pas être plus fort.

Ce n'est qu'après quelques longues minutes qu'il s'émancipe de son refuge, prenant place en face d'Haejin, étourdi. Si d'habitude il lui aurait donné un câlin avec un sourire plaqué au visage, ici ce n'est guère le cas. Il reste figé à sa place et n'ose pas rencontrer son regard, effrayé que l'ainé n'y voit qu'un néant, qu'une absence de vie. Finalement, il hoche la tête silencieusement aux propos de son ami. Il n'a pas besoin de savoir qu'il avait délibérément choisi de ne pas lui signaler son absence. « Désolé » Sa voix est rauque, probablement du à l'alcool, à la cigarette et à la fatigue. Il se penche d'ailleurs vers le paquet à moitié vide par terre et s'en tire une nouvelle, la portant à ses lèvres. « Ils ont eu l'honneur d'éviter ma misérable personne » Il aspire une bonne bouffée de la drogue avant de l'expirer en tournant la tête pour ne pas intoxiquer l'ainé. Puis il reprend. « Tu devrais en faire de même, il y a mieux à faire dehors »

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Noah se sous-estime. Il est aveugle à sa propre force mentale qui est plus grande qu'il ne le croit après tout ce qu'il a vécu. Le simple fait qu'il soit encore là en est une preuve et je me refuse de laisser mourir cette opportunité de lui faire remonter la pente. Je sais qu'il peut y arriver, il ne lui manque qu'un peu de motivation, une petite tape dans le dos pour l'encourager à toujours avancer. À peine réveillé qu'il s'excuse, alors qu'il ne devrait pas. Pourquoi être désolé ? Il ne me doit aucune explication pour ses gestes, même si je ne peux nier être un peu déçu qu'il ait pris la décision de baisser les bras aujourd'hui. Mes yeux suivent sa main qui prend possession du paquet de cigarettes et je m'abstiens de le lui prendre des doigts pour le balancer à l'autre bout de la pièce. Pas tout de suite. Pour l'instant, si fumer lui apporte du réconfort, je ne vais pas aller contre le processus. Pour remonter le moral, je ne suis certainement pas la meilleure personne au monde, mais j'essaie de faire de mon mieux. Noah mérite nettement mieux que de se lamenter sur son sort pour un individu qui n'a pas su constater la chance qu'il avait. « Si c'est ce que tu crois... Sauf que je n'étais pas le seul à te chercher partout. Ton téléphone doit être submergé de messages, et pas seulement les miens. » Je le regarde, secouant la tête négativement en venant retirer ma casquette l'espace de quelques secondes pour renvoyer mes cheveux vers l'arrière et la replacer correctement. « Je préfère venir te voir. Je parie que tu n'as rien mangé de la journée ? » Disons que j'ai pu constater que la nourriture dans le frigo, c'est en très grande partie moi qui la ramène quand je viens squatter et si je n'y touche pas, personne ne semble le faire. « Allez, viens. Je vais te faire un banana split. Y'a rien de mieux quand on a le moral dans les chaussettes. » À peine assis que quelques minutes plus tard je suis de nouveau debout à l'inciter à en faire autant.

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Il avale difficilement, le remord contractant sa gorge. Noah se sent désolé pour Haejin : il mériterait tellement mieux que de rester là, assit à lui tenir compagnie. Il mériterait de sortir avec des personnes normales, qui profitent de leur vie et qui n'ont pas besoin de se reposer dépendamment sur son épaule. Le cadet ne sait même plus quoi penser. Quelque part, il est persuadé que son ami est réellement inquiet de son état, mais une part bien plus pessimiste de lui ne cesse de lui infliger l'image d'Haejin se moquant de ses problèmes derrière son dos. Il avale difficilement la drogue qui intoxique son organisme, il avale sa culpabilité. Et pourtant, il se met à tousser sévèrement, comme si son corps ne le voulait pas. Sa main frappe sa poitrine tandis qu'il se penche en avant pour éviter de s'étouffer. Ce n'est pas la première fois que cela arrive, seulement, c'est la fréquence qui s'intensifie. Du coin de l’œil, il observe son ami à seulement quelques pas de lui. Il peut voir à quel point il meurt d'envie de lui arracher ce poison, et pourtant, il ne bronche pas. Noah est surpris et hésite même à écraser la cigarette pendant un court instant. Il ne faut pas trop espérer cependant. L'extrémité de la drogue joint vite ses lèvres et il inspire un bon coup, son regard rivé sur Haejin. « Ils méritent tous un peu d'air » il expire, suite à ses propos. « J'en ai marre d'embêter tout le monde » Il le pense. Même s'il doit en effet avoir des messages de ses amis, il est persuadé que ça doit leur faire du bien, de respirer sans ce pot de colle à deux centimètres d'eux. Noah n'a pas besoin de répondre à la question d'Haejin, il doit déjà connaitre la réponse, tristement. « Excuse moi » Il se lève, le regard fixant cependant le parquet, et se dirige vers la cuisine.  « Fais toi en un » Il écrase la cigarette dans le cendrier tandis qu'il se rend vers le placard pour n'en sortir qu'un petit plat. « J'ai pas faim désolé... mais merci » Il lui accorde un réel regard transmettant ce désolement, puis prend enfin place sur une des chaises hautes du comptoir.

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Il tousse et je ne peux m'empêcher de le fixer d'un air légèrement alarmé. J'ai toujours détesté la cigarette pour de nombreuses raisons, mais la principale est qu'elle ruine la santé des gens. C'est mauvais. Ce n'est pas une bonne dépendance. Sauf que dans le moment, il est préférable de ne pas forcer Noah à briser cette habitude : chaque chose à son moment et celle-là n'est pas encore arrivé. « Je crois surtout que c'est toi qui a besoin d'air. C'est pas bon de rester enfermé toute la journée à rien faire. » Je me permets néanmoins de le sermonner un petit peu pour son bien. Repousser son entourage est une réaction déconseillée dans son état, même s'il a l'impression de les énerver plus qu'autre chose. Jamais Noah ne m'embête, il en va de même pour les autres de sa fraternité j'imagine - après, je ne peux trop m'aventurer de ce côté puisque je ne les connais pas vraiment, mais je suppose que c'est le cas.

Mes yeux le suivent d'eux-mêmes lorsqu'il se lève de sa place. Pendant un instant, j'ai espoir que Noah fasse preuve de coopération, mais au final il se referme, encore une fois. « Je vais nous en faire un. Tu finiras bien par piocher dedans. » Je lui souris. Je préfère demeurer optimiste et tenter de le pousser vers un chemin plus joyeux. Quel genre d'ami serais-je d'abandonner si rapidement, de toute manière ? Machinalement, je suis ses pas jusqu'à la cuisine et replace le plat qu'il a sorti dans l'armoire pour en prendre un autre plus gros. « Tu ne connais donc pas l'expression 'l'appétit vient en mangeant' ? » Déposant le plat sur le comptoir devant lui, je prends ensuite tout ce dont j'ai besoin et commence à travailler. De temps à autre, je m'arrête une seconde ou deux pour simplement le regarder. J'aurai presque envie de l'agripper par les épaules pour le secouer et lui remettre les idées en place, mais je termine plutôt l'impressionnant dessert que je place entre nous deux. D'un tiroir, je sors deux cuillères et glisse la seconde vers lui. « Je sais qu'en ce moment ce n'est pas facile et c'est normal. Ce que t'as vécu n'était pas joyeux, mais tu n'es pas tout seul. » Profitant d'une courte pause, j’appuie un avant-bras contre l'îlot de cuisine et tend le deuxième pour venir saisir l'une de ses mains dans la mienne, la serrant doucement. « Oui, ça fait très cliché de dire que t'as des amis pour te supporter, mais c'est le cas. Je mettrais ma main au feu que Saehyang et Yiming seraient d'accord avec moi. » Je ne peux être le seul à qui le voir dans cet état fait mal.

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C'est assez choquant, la manière dont Noah est passé d'une personne aimant sortir très régulièrement à une personne refusant de mettre un pied dehors. Il le réalise lui même et c'est ce qui lui permet de prendre réellement conscience d'à quel point cette expérience a pu le faire changer du tout au tout. Il y a de ça quelques mois, il aurait littéralement craqué en restant enfermé plus que quelques heures d'affilées dans la même pièce. Alors qu'aujourd'hui, il a peur de se montrer à la vue des autres. Il a peur de leur regard, de leur jugement, et de leur pitié. Alors il reste silencieux face aux propos d'Haejin. Il considère. Réfléchit. « Tu... tu viendrais avec moi ? » Sa voix est rauque par l'épuisement qu'on peut également voir à travers les lourdes cernes qu'il porte au dessous des yeux, mais il pense malgré tout que son ami a peut être raison et qu'il devrait peut être penser à prendre de son temps pour aller jeter un coup d'oeil dehors. Mais ça, bien évidemment pas seul. C'est la seule condition.

Il suit finalement l'ainé jusqu'à la cuisine où il prend place sur le tabouret qui se trouve être à côté de lui. Il l'observe attentivement et silencieusement tandis qu'il prépare l'appétissant dessert qui lui fait de l’œil. Un gout amer nait dans sa gorge, et pourtant, il est clairement conscient de sa propre faim. Ses mains se dirigent vers son estomac dans une tentative de dissimuler les bruits de ce dernier. Il ne peut pas mentir. Ses yeux dévorent déjà la coupe qui le nargue sous son nez. Et pourtant, Noah serait encore une fois capable de décliner l'offre du plus grand. Ce qu'il ne fait cependant pas, pour son propre bien, et celui d'Haejin. « Je... je pense que j'ai un peu faim au final » 'Un peu' magnifique euphémisme. Tout en piochant du bout de la cuillère dans le succulent dessert, Noah profite joyeusement de l'attention physique et verbale qui lui est adressé. Sa main sert celle qui se mêle à la sienne, et inconsciemment, le poids de son corps vient se reposer légèrement contre celui de l'ainé. Ses paroles le touchent, profondément, et quelque part au fond, son plus grand souhait serait d'être de nouveau assez à l'aise avec lui même pour le lui exprimer. A la place, il hoche fermement la tête. Cette dernière vient ensuite joindre l'épaule  d'Haejin, tandis qu'il caresse de son pouce le dos de sa main. « Merci d'être là » Ses yeux brillent. Mais il ne compte pas pleurer, pas maintenant. « Réellement »

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Je lui souris, passant rapidement ma main contre son dos afin d'appuyer davantage ma réponse. « Tout ce que tu voudras. » Je pourrais l'emmener à Disneyland s'il le demandait, alors aller dehors n'est absolument rien. Si c'est ce qu'il faut pour permettre à Noah de mettre le nez à l'extérieur, je le ferais avec grand plaisir, mais pour le moment il doit absolument se glisser quelque chose sous la dent. Rester trop longtemps sans manger est un supplice pour l'organisme, déjà que bien peu de gras lui recouvre les os. J'ignore donc son refus de lui préparer le dessert et en fait à ma tête. Noah finira bien par succomber : il a faim. Cela se voit et s'entend relativement bien. Mon instinct ne se trompe d'ailleurs aucunement lorsqu'il accepte de prendre la cuillère que je lui décerne en prenant place à ses côtés. « Personne ne résiste à ma cuisine. » Je souris largement, content de le voir piocher dans le plat tandis que ma main trouve la sienne. La serrant affectueusement, je tourne un peu la tête pour le regarder s'appuyer contre moi et sens mon cœur s'emballer. Je n'ai pas le droit de me plaindre de la situation, mais le voir dans cet état est horrible. Ça me fait mal, car je ne peux rien faire de plus qu'être présent. Ce n'est pas un problème que je peux prendre sur mes épaules et le régler dans les plus brefs délais : c'est une simple question de laisser le temps filer et l'eau couler sous les ponts. Ce sont les scénarios que je déteste le plus puisque ce sont les plus souffrant et n'affecte pas que la personne concernée, mais aussi tout son entourage.

Je redresse légèrement le dos afin de trouver une posture plus confortable pour nous deux et mes yeux glissent vers la vision de nos mains. « Je serai toujours là. » Je le pense sincèrement. Normalement, je n'aurais pas été du genre à m'embarquer dans une telle histoire. Je préfère la simplicité, mais Noah est différent. Il est différent des gens qui ont croisé mon chemin. Il me fascine et m'intrigue, ayant toujours un nouveau morceau de casse-tête à sortir de sa manche et je m'acharne à vouloir terminer le portrait. Déposant un rapide baiser dans ses cheveux, je me décide ensuite à plonger ma cuillère dans le dessert, mais n'en ressort aucune bouchée. Je la laisse là, venant plutôt glisser ma main sous son menton pour le lui relever et le regarder. Ou devrais-je dire l'admirer malgré son air abattu. Plusieurs phrases me viennent en tête, toutes plus digne de faire vomir des arc-en-ciels à tout individu normal, mais au final je décide de ne rien dire. À la place, mon pouce glisse sous l'un de ces cernes et mon sourire se fane malgré moi. « J'en connais un qui va aller au lit très tôt après un bon bain, ce soir. » Loin de moi l'idée de le materner, mais Noah a besoin de sommeil, de beaucoup de repos. Ça ne sert à rien de le pousser à se battre s'il est épuisé moralement. Avant de poursuivre, je retire ma main de son visage et la retourne se poser sur le manche de la cuillère, commençant à jouer sans grand intérêt dans la nourriture. « Je peux même rester dormir encore, si tu veux. » Je me doute qu'il lui sera plus facile de refuser s'il ne veut pas, que le demander s'il en a besoin.

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« Tu es un ange » Ça lui réchauffe le cœur, de savoir qu'il n'est pas si seul malgré cette amère sensation dont il est la cible. Même s'il sait quelque part que ses amis s'inquiètent pour lui, il a l'impression que ce soucis ne sera qu'éphémère, que ça ne durerait pas et que cette pauvre personne du prénom de Noah finirait très rapidement dans les oubliettes. Après tout il n'a pas si importante valeur, qui s'éterniserait avec une âme aussi abimée que la sienne. « C'est délicieux » Le cadet continue de se remplir l'estomac en attaquant le dessert se trouvant en face de lui. Sa dégustation ne traine cependant pas à s'arrêter puisqu'une vive douleur au ventre le lui oblige. Noah réalise alors à ce moment que pour aller mieux, ça ne demande pas seulement qu'un effort de la volonté. Il réalise que ça va prendre du temps, beaucoup de temps pour se remettre sur pied. Et il se demande s'il a la force pour. Presque automatiquement, il en vient à la conclusion que non. Changer n'est pas si simple.

« Je l'espère... » Il le pense. Réellement. Il lui doit tout, car c'est grâce à lui s'il est encore vivant, présent accolé contre lui. Car oui plus d'une fois il s'était persuadé que si  Haejin n'avait pas été là il aurait opté pour la case du suicide. Et même s'il a tendance à dire qu'il n'aurait pas la force ni le courage de s’ôter la vie, il en aurait été parfaitement capable si l'ainé n'avait jamais fait apparition ce fameux après midi à l'arcade. L'ainé tente de lui montrer les aspects positifs de la vie, essaye de lui faire reprendre gout au bonheur, à la joie de vivre, et Noah se sent désolé de ne pas réagir aussi spontanément de manière positive à l'enthousiasme d'Haejin. Il le déçoit et se sent nul de ne pas récompenser tous ses efforts. Sa main serre d'avantage la sienne dans un élan de possession et de peur, comme s'il craignait qu'elle ne soit plus là s'il décidait de la relâcher ne serait-ce qu'un peu. Son cœur s'emballe lorsque son visage est tourné vers l'ainé. Son regard se perd dans ses yeux et il demeure immobile ainsi pendant de longues secondes. Il a envie de pleurer. Il se retient tandis que la douce peau de l'ainé suit ses rêches cernes. Il est désolé d'être la cause de ce sourire fanant, et pourtant, Noah ose hocher la tête lentement. Haejin est parfait. Il ne le mérite pas. Et pourtant, il continue d'espérer qu'un jour il ait assez de valeur pour peut être avoir ses chances. Mais encore une fois, il a envie de pleurer, et c'est ce qu'il fait en détournant le regard. Il n'a aucune chance. Les êtres purs ne se mélangent pas avec les êtres impurs. Haejin représente un idéal que son être souillé ne pourra jamais aimer, ou tenir dans ses bras, et le cadet ne supporte pas l'idée. Il essaye tant bien que mal de dissimuler ses silencieuses larmes pour ne pas inquiéter l'ainé en prenant une nouvelle cuillère du dessert. « Si tu n'en as pas envie ne te sens pas obligé hein... » Une manière détournée de dire s'il te plait reste.

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kwon noah & na hae jin
Je n'aurai jamais cru un jour faire face à ce genre de situation. Je n'aurai même jamais pensé prendre de mon temps pour ramasser les pots cassés d'une personne qui m'était encore inconnue il y a quelques mois. Pourtant je suis bien présent dans cette cuisine d'une maison qui n'est pas la mienne. Je le force plus ou moins à me regarder pour analyser son état vite-fait, mais aussi par simple plaisir de le voir de si près. Son épuisement général se lit de long en large sur son visage : il a besoin d'aide, d'un soutien externe quelconque. Ce n'est pas une situation dont Noah peut se sortir tout seul. Je ne devrais pas en être conscient puisque, en théorie, on ne se connait pas depuis bien longtemps, mais n'importe qui pourrait le lire dans ce regard. Qu'on ait pu détruire volontairement une personne si jeune et innocente est impensable, inacceptable même. Il mérite bien mieux que de se penser médiocre. Du moins, c'est ce que je crois après avoir eu l'honneur de le voir agir dans ses hauts. L'unique personne à blâmer s'est déjà fait la malle et c'est bien une chance pour lui, car je ne crois pas que j'aurai pu supporter de le croiser dans les couloirs de l'université. Noah ne devrait pas se faire porter le blâme des gestes d'une exécrable tierce personne.

Après un moment, je laisse aller son visage et détourne les yeux en remarquant à quel point il fait des efforts pour rester calme. Je prends finalement une première bouchée du dessert par simple gourmandise sans jamais lâcher sa main. « Qu'est-ce qui te fait croire que je pourrais ne pas en avoir envie ? » Ma langue est plus rapide que mon cerveau et c'est quelques secondes seulement après avoir posé la question que je fronce légèrement les sourcils. « Non, ne répond pas. » Je tourne à nouveau la tête dans sa direction, lui décernant un fin sourire. « Je te défends de croire une seule seconde que ça ne me tente pas d'être avec toi. » Ma main liée à la sienne se défait pour venir se passer à sa taille, le rapprochant afin de lui offrir un semi-câlin de côté. « J'aime quand on passe du temps ensemble. » Plutôt que de simplement le penser, je juge bon de le dire à voix haute : un peu comme pour lui assurer que ça ne me dérange aucunement de rester une nuit de plus.