Deaf ears, strong heads

YEO RAON & CHOI JI YOOL
La déception se lit sur mon visage quand je constate que le muffin à l’orange n’est pas à l’ordre du jour. Tant pis, je suppose qu’il faudra me contenter de ce bon vieux café noir, cet ami fidèle et irremplacable. Malgré mon esprit focalisé sur ma commande ou plutôt ma demi-commande, j’écoute d’une oreille inattentive la réponse du chargé d’administration. Même si ce n’est pas le gars le plus efficace que je connaisse, je peux au moins lui accorder qu’il a de l’humeur. C’est déjà ça, mais ce n’était pas pour autant suffisant. « Je publie que des choses intéressantes à lire et bien écrites. Et je doute très sincèrement de votre capacité à me fournir l’un et l’autre. Toutes mes excuses, monsieur l’écrivain en puissance. » je réponds au tac au tac lorsqu’un rire m’échappe face au geste qui n’est adressé. Je regarde Raon s’éloigner d’un oeil amusé, puis je le suis pour m’installer à mon tour à la table qu’il nous a trouvé un peu plus loin. L’employe de l’université tente alors de me vendre les avantages de travailler dans notre belle yonsei, malheureusement cela ressemble plus à mes inconvénients qu’à des avantages à mes yeux. Et je ne peux m’empêcher de le faire redescendre sur terre, même que lui même sait que ses paroles ne vendent pas du rêve. « Plus disponibles mais pas plus efficaces ni plus rapides pour autant, c’est bien dommage. » je reprends me moquant ouvertement puis je glisse mes doigts autour de ma tasse de café brûlant. Je profite des premières gorgées chaudes de la boisson qui réveillent un peu les cellules de mon corps et calment les nerfs légèrement en pelotte dû à la situation dont je semble enfin voir un peu le bout après de longues semaines. Puis un sourire sur les lèvres j’annonce la couleur à mon peut-être futur collègue. La réaction ne se fait pas attendre et elle serait presque vexante, mais je ne m’en formalise pas préférant en rire qu’en pleurer. « Si seulement… Malheureusement, ce magnifique scénario est un lointain rêve. » j’accompagne mes mots d’une petite moue triste, fausse bien sûr, qui disparait aussi vite qu’elle est arrivée. Le chargé d’administration me partage honnêtement son avis sur la question, ce que j’apprécie grandement. C’est rare de pouvoir parler à un ‘adulte’ dans cette université, la plupart des professeurs sont relativement fermés à la discussion. L’entendre souffler quelques compliments ainsi a aussi quelque chose de satisfaisant pour moi, même si je comprends qu’il n’est pas vraiment sûr que je fasse le bon choix en choissisant d’enseigner. Mais ce n’est pas comme si c’était pour le reste de ma vie. « Pourquoi pas ? Faire quelques heures par-ci par-là. C’est un bon moyen d’apprendre à manager, à diffuser sa connaissance et… d’arrondir les fins de mois aussi. » j’explique en haussant les épaules. « Ces heures sont plutôt bien payées et la start-up commence juste, ce qui ne me permet pas de vivre à vrai dire. » Après tout, c’est simplement une position d’intervenants avec uniquement un temps partiel, de quoi me retourner au cas-où cela tournerait mal avec Nunchi - peu de start-ups parviennent à survivre, c’est essentiel de prévoir ce genre de choses à mes yeux. Puis enseigner à bon nombre d’avantages à mes yeux. « Je compte bien me consacrer entièrement à Nunchi. Mais partager ses compétences, c’est aussi former les futures générations et même nos futurs collaborateurs. Et ça, je ne l’oublie pas. » j’ajoute en hochant la tête comme pour m’autoconvaincre. On ne peut pas dire que l’université dispose de la meilleure formation concernant l’édition, enfin sur la théorie ils sont très bon mais il manque le côté entreprise et réalité du terrain qui fait que les étudiants - dont moi - ont du mal à s’intégrer dans la vie active par la suite. Donc si je peux remédier un peu à cela, pourquoi pas. « Vous essayez de me dissuader de vous rejoindre dans le corps enseignant ? Vous avez tant peur de ma présence ici ou bien vous essayez de m’éviter de finir dans une vie morose et ennuyeuse de professeur ? » je souris en reprenant une gorgée de mon café. Une nouvelle fois, mon coude vient s’appuyer sur la table alors que ma joue se dépose contre la paume de ma main. Je penche légèrement la tête avec un petit sourire sournois. « Qui sait ? Ma présence aiderait peut-être à pimper l’ambiance dans le corps enseignant ? Un peu de jeunesse cela ne vous ferait pas de mal. » je conclue pointant le menton vers Raon, pour le désigner bien qu’en réalité je parle de l’ensemble des employés de yonsei.

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SWEET DREAMS who are you ? why do you hide in the darkness and listen to my private thoughts ?