@Jung Ae Ra
« Je suis pas une poule », que tu articulas, un brin horrifié à l'idée. Et vraiment, la comparaison te dérangeait, l'image t'arrachant un frisson de terreur. C'était vraiment horrible, les poules. Elle ne loupait rien que tu pensais ; mais tu n'étais capable de le dire uniquement parce que toi, tu pouvais voir. Tu n'articulas pas ta pensée alors. Heureusement tu pouvais oublier les poules maintenant, même si elles allaient probablement te hanter durant quelques heures encore. Viles créatures. « Eh oui », il fallait bien remettre les choses dans l'ordre non ? En réalité tu supposais que si mère nature était reine, vous seriez bien bas dans la chaîne alimentaire et la nature et la faune triompheraient. « Je parle chèvrien de façon très naturelle », plaisantas-tu dans un bruit amusé, le coin des lèvres levé, le regard malicieux même si elle ne pouvait le distinguer. Langue que tu avais oublié d'ajouter sur ton cv. Elles étaient tellement adorables, beaucoup plus que les poules. Et elles étaient si douces, et si agréables. Leurs regards étaient plus innocents et tu savais qu'elles rêvaient pas secrètement de te manger. « J'ai jamais lu d'études sur le sujet mais je devrais le faire », articulas-tu, songeur. Maintenant qu'elle le disait... « Juste ici », tu pris sa main, lui montrant avec délicatesse l'emplacement adéquat, le sourire léger. « Evidemment », que tu pouffas, amusé. « Mais tu mérites, tu as bien travaillé », tu osas même lui tapoter doucement le haut du crâne. « Ca et m'occuper du jardin, des plantes, des légumes... », commenças-tu, donnant à manger aux chèvres, en caressant certaines, t'amusant avec d'autres, le rire aérien. « Il y a beaucoup de choses à faire. Des plantes à tailler, les fleurs à arroser, les légumes à récolter et les fruits aussi », ça te manquait. Tout cet espace vert te manquait. « Et c'est tellement agréable, même si c'est dur et qu'il faut parfois tirer ou porter des choses lourdes. Ca reste plaisant, même si c'est épuisant », ça ne l'était pas autant qu'en ville. Ce n'était clairement pas la même fatigue, le même stress, la même pression. « Est-ce que tu ressens la même fatigue qu'au bureau ? », lui demandas-tu alors, le visage penché. « C'est une fatigue musculaire mais l'esprit est en paix », dis-tu lentement, l'esquisse rêveuse. « C'est pas du tout la même chose qu'en ville. Et en plus, l'air est beaucoup plus agréable à respirer, tu trouves pas ? », tu inspiras longuement, fermant les yeux, avant de terminer la raison de ta présence ici, attrapant sa main pour la diriger lentement vers son repos tant mérité. « Tu as bien mérité ton repas, aussi », commentas-tu dans un rire, arrivant à destination, la laissant s'asseoir.