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1997 ; BUSAN & LE RESTE DU MONDE.  Sa ville de naissance, ses origines. Les longues balades sur les plages, le rythme effréné de son quartier jeune, il ressent les plus belles qualités de cette ville dès que ses souvenirs refont surface. Pourtant, il n’a jamais eu l’occasion de l’explorer jusqu’au bout. En effet, le métier de sa mère les a fait beaucoup voyager en Asie, et lorsque l’heure des fêtes sonnait, la famille prenait l’avion pour rejoindre la France. En y réfléchissant, il se demande si ses parents n’ont pas passé la moitié de leur vie dans un aéroport. Quant à lui, il doit avouer qu’il n’est clairement pas en reste. Ce n’est donc pas surprenant de savoir qu’il a dû suivre des cours par correspondance pendant son enfance. Leur résidence principale était peut-être à Busan mais ses parents refusaient de le laisser tout seul. Du coup, il était souvent embarqué dans leurs voyages avant que sa petite sœur ne rejoigne la partie en l’an 2000. Une petite famille sympathique et artistique. Leurs parents leur ont toujours appris à être ouverts d’esprit. Aucun membre de la famille ne fait exception. En bref, ses proches lui ont apporté beaucoup de choses dans sa vie, sa mère la première. Son sens de la rigueur, sa fibre artistique : il a pu voir de ses propres yeux à quel point elle vivait pour son métier.

2008 ; BUSAN ONLY. Les parents souhaitent ralentir le rythme avec leur carrière internationale. Ils ont conscience que construire une vie de famille autour de leur travail n’est pas sain, ni pour eux, ni pour leurs enfants. Ils décident donc de s’installer de façon plus définitive à Busan. Sa mère continue de faire partie de la troupe de cirque mais ses performances ne se déroulent qu’en Corée du sud. Un choix qui la laisse parfois nostalgique, quand, plus tard, Théo découvre sa mère jeter un coup d'œil sur les éloges rédigés par des journalistes internationaux. Pas question de s’emporter contre elle, même si la crise d’adolescence commence à montrer le bout de son nez… En réalité, il s’inquiète surtout pour sa mère. Est-elle aussi heureuse qu’avant ? Aurait-elle dû chercher à se battre encore pour rester une femme en plus d’être une mère ? Une telle passion vous pousse à vous lever tous les matins… A défaut, c’est les bras de son fils qui l’entourent quasiment chaque matin. Un souvenir qui amuse désormais toute la galerie, à chaque repas de famille. Câlin et attentionné, Théo a toujours montré sa sensibilité aux autres, sûrement touché par la beauté de l’humain. Pour autant, il en a aussi découvert ses noirceurs.

2013 ; BUSAN. Toujours installé dans la ville portuaire, le jeune homme s’est sociabilisé ces dernières années. S’il est du genre à avoir beaucoup de contacts dans son répertoire, il y a certaines amitiés qui sont bien plus fortes que d’autres. Il ne saurait dire ce qui a pu le rapprocher de Dongmin, si ce n’est peut-être le cinéma. Cette passion est notamment née de ses nombreux visionnages dans l’avion et est restée malgré le temps. Il a vu beaucoup de films étrangers et a apprécié voir la nuance apportée par chacun. Chacun a sa vision du monde, des sentiments et c’est étonnant de savoir à quel point chaque pays pouvait voir les choses de manière complètement différente. Mais malgré sa curiosité, c’était avec Dongmin avec qui Théo adorait refaire le monde jusqu’à tard le soir. Ces deux véritables meilleurs amis, qui ont fini par étudier plus en profondeur la réalisation, les plans de caméra, tout ce qui fabrique un film de la première à la dernière seconde. Un objectif en tête pour Dongmin : celui d’être un grand réalisateur. Théo, plus modeste, est pourtant le premier à l’encourager. C’est ce dernier qui se retrouve devant la caméra pour leurs premières âneries.

Et puis, Dongmin rencontre ses premières difficultés quand l’autre a ses facilités. Sa famille demande des résultats et ces derniers commencent à chuter. D’après ses parents, Théo exerce une mauvaise influence sur lui mais il ne peut pas se passer de ces moments de liberté. Il gribouille leur futur logo youtube, un truc moche qui n’est pas cohérent avec leur projet futur mais qui vient d’une idiotie…

2015 ; BUSAN. Le monde s’arrête de tourner lors du passage du Suneung. Tout est prévu dans la tête de Théo si ce n’est son choix de filière. Féru de travail, il serait capable de se lancer dans un double-cursus mais c’est une autre histoire qui l’attend quand le jour des résultats, Dongmin constate son échec. Impossible de fêter la nouvelle pour Théo, qui découvre son meilleur ami en pleurs. Et puis, plus de nouvelles pendant des jours. Des messages laissés sans cesse sur le répondeur, des recherches dans la ville pour tomber sur lui, dans leurs endroits fétiches. Et c’est finalement, un soir où Dongmin se présente à lui pour lui avouer être victime de cyberharcèlement. Un secret bien gardé depuis des années et un énième échec, fortement pointé du doigt par ses parents, encouragent tristement Dongmin à mettre fin à ses jours sans que Théo devine ses intentions…Il le découvre le lendemain et passe plusieurs jours, si ce n’est des semaines à culpabiliser, à s’énerver contre le monde entier et décide de reporter son entrée à l’université pour faire son service militaire.

MARS 2018 ; SEOUL. À la fin de son service militaire, Théo rejoint l’université de Yonsei. Pas de double-cursus, mais finalement son coeur se décide pour la sociologie. Il cherche à développer ses talents en arts en s’inscrivant dans le club de musique. A la même période, il ouvre au public sa chaîne youtube avec le logo dessiné par son défunt meilleur ami. Quelque chose qui dénote avec les sujets évoqués dans ses vidéos : débats sur la société, thématiques sur la vie en Corée. Il parle avec son coeur et, à défaut d’avoir pu sauver Dongmin, il espère aider d’autres personnes. Le sujet n’est pas tous les jours simples mais il est bien déterminé à profiter de cette liberté, tant espérée par le garçon. Sa période de deuil terminée, c’est un hommage qui se traduit également par une dédicace, inscrite à la fin de la légende de ses vidéos. Quelque chose de personnel, rarement connu par ses abonnés.

Théo a besoin de faire bouger les choses dans son pays natal et de faire ouvrir les yeux de certains. Il fait un peu tâche parmi toutes ces chaînes centrées sur les tuto make up ou bien les chorégraphies endiablées de nanas qui ne savent pas particulièrement bouger des reins. Par chance, ce n’est clairement pas la popularité qu’il attend, simplement une bonne influence sur les autres.

Il devient grand-frère pour la seconde fois. A la surprise générale, sa mère est enceinte. La nouvelle a étrangement perturbé la famille, surtout sa soeur qui doit accepter de ne plus être la bonne dernière. Théo a beaucoup taquiné sa soeur à ce sujet avant de la rassurer sur sa place dans la famille. La différence d’âge la perturbe mais la naissance de la toute dernière finit par provoquer de larges sourires. Les deux aînés sont rassurés de savoir que leur petite soeur grandira en toute tranquillité, sur Séoul, bien que son père décide de lancer la procédure pour obtenir un passeport, deux jours après la déclaration de naissance.. Il s’est trouvé drôle tout seul.

2022 ; SEOULCela fait maintenant quatre ans que le jeune homme s’occupe de sa chaîne à côté de ses études, et peut-être qu’il serait temps d’entreprendre de nouvelles choses : des documentaires beaucoup plus professionnels. Il partage le rêve d’autres étudiants, met en valeur des métiers souvent dénigrés. Pour autant, le contenu de sa chaîne principale continue d’être alimenté au même titre que les commentaires malveillants. Sa soeur s’inquiète pour Théo. Son histoire n’est pas là pour la rassurer quand il refuse de porter plainte dans un premier temps. Malheureusement, les choses s’enchaînent et finissent par atteindre le moral du jeune homme. Il ne veut pas reculer devant les adversaires de son ancien meilleur ami, et il veut pourtant protéger sa soeur. Le dilemme est grand pour le garçon, qui fait l’erreur de garder quasiment tout pour lui. Quasiment jusqu’à son séjour sur Busan, pour retrouver quelques copains, se ressourcer, réfléchir et beaucoup réfléchir.

2023 ; SEOUL. C’est avec regret qu’il avoue prendre une pause à ses abonnés. Une pause avant une fermeture définitive ? Il ne saurait dire. Théo se réfugie dans le montage vidéo et donne des coups de main à ses contacts. Son prochain objectif est de tourner un spot publicitaire pour le club de musique.