Jetant un regard vers la fenêtre de ta chambre, un large sourire vient doucement étirer les traits de ton visage. Dehors, le temps est magnifique. Et, en tendant légèrement l'oreille, on pourrait presque entendre les oiseaux chanter. Une journée parfaite pour une petite balade en vélo...

Et pourtant – pourtant, tu as décidé de rester dans ta chambre de dortoir, aujourd'hui. Pas pour étudier. Ni même pour dessiner ou peindre. Oh que non, tu as d'autres projets en tête pour la journée, et ces derniers riment avec chiffons et chasse à la poussière. Un programme que d'aucuns jugeraient parfaitement barbant - à l'image de tes colocs de chambre qui ont aussitôt pris la fuite quand tu leur as dit qu'il était temps de procéder à un grand ménage de Printemps – Et à raison ! Mais, bizarrement, ce n'est pas ton cas. Faut dire que t'as toujours apprécié voir ton « chez toi » en ordre et malheureusement, ces derniers temps, vous vous êtes quelque peu laissées aller avec les filles. Il était donc grand temps que tu remédies à ça. En plus, la présidence des Baekje a récemment alloué une petite partie du budget de la fraternité à l'acquisition d'un aspirateur Dyson dernier cri et il te tardait grandement de le tester...

Ton casque audio sur les oreilles – parce que c'est quand même mieux de faire le ménage en musique – tu es donc prête pour quelques heures de nettoyage intensif. Le tout, en tapant tes plus beaux déhanchés sur du Twice. Mais dans ton désir d'offrir la meilleure performance possible, tu oublies complètement l'existence de ce pauvre petit pot de fleurs sur le rebord de la fenêtre. Et, un coup de coude plus tard, voilà que ce dernier vient lamentablement s'écraser plusieurs mètres plus bas. Oops...

Hak Kun ne comprend toujours pas cette règle qui oblige les étudiants à rester au dortoir les soirs de semaine. La plupart sont adultes, majeurs et vaccinés. Ils peuvent bien vivre comme ils l’entendent, non ? Notre jeune couturier a un problème avec l’autorité et les règles, encore plus quand elles lui paraissent infondées, alors il ne fait pas prier pour faire le mur chaque fois qu’il en a envie. Avant de reprendre ses études, Hak Kun vivait avec sa petite-amie depuis plusieurs années déjà. Être obligé de passer la semaine loin de Soo Bin s’apparente à une torture pour lui. Non, il n’exagère pas le moins du monde. Ils avaient leurs habitudes dans leur appartement, une vie commune… Désormais partagée entre les moments où Hak Kun doit rentrer au dortoir. Sauf les soirs où il décide de faire le mur, bien évidemment. Il ne sait même pas pourquoi une telle règle à été édictée. Pour renforcer le taux de réussite de l’université ? Si les étudiants dorment sagement au dortoir, ils étudieront mieux et seront plus assidus en cours ? Conneries ! Il sait très bien qu’il n’est pas le seul à violer le couvre-feu et à quatre étudiants dans une chambre, il y a mille et une façon de se coucher tard ou de ne pas réviser, sans même mettre un pied dehors. C’est une juste une règle complètement absurdes sorties tout droit d’une lubie de la direction…

Hak Kun rentre de l’université en plein milieu de l’après-midi. La journée a été courte, pour son plus grand bonheur. Il a déjà l’intention de ne pas dormir là ce soir, il va aller rejoindre Soo Bin un peu avant qu’elle ne termine le travail. Puis il restera passer la soirée et la nuit avec elle, peu importe ce qu’on pourra lui dire. Il arrive à peine à la porte de l’immeuble où se trouvent les dortoirs des Baekjae, qu’il manque de se faire écraser par un pot de fleurs qui se brise à côté de lui. Hak Kun fronce les sourcils et lève la tête. Il faut beau. Beaucoup de fenêtres sont grandes ouvertes. Il aperçoit vaguement une jeune femme au balcon. Sur ce même balcon, il voit un autre pot de fleurs identique à celui qui vient de tomber à ses pieds. Hak Kun le ramasse. Du moins, ce qu’il peut, puisque le pot s’est brisé en plusieurs morceaux. Puis Kun monte à l’étage où il a vu cette fille. Il espère ne pas se tromper et si c’est le cas… Tant pis. Une fois devant la porte, il toque une première fois. Aucune réponse. Cependant, il a l’impression d’entendre du bruit à l’intérieur, alors il insiste. C’est une jeune femme qui vient lui ouvrir.

- Je crois que c’est à toi, dit-il, alors qu’il lui tend ce qu’il reste du pot et de la plante qui était dedans.

Il ne dit même pas bonjour en premier, Hak Kun et les bonnes manières… Il a perdu patience à tambouriner contre cette porte.

- J’ai aperçu le même sur le bord de ta fenêtre. La prochaine fois que tu veux essayer de tuer quelqu’un, évite de laisser des preuves.

Miss catastrophe... Certainement le surnom qui te sied le mieux. Et pour cause, si l’on peut dire que t’es plutôt douée de tes deux jambes quand il est question d’enchaîner chorégraphies sur chorégraphies, on aura toutefois tendance à dire que tu es malheureusement née avec deux mains gauches et des réflexes, ma foi, quasi inexistants. Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir essayé de le rattraper, ce petit pot de terre. Et cela s'est joué à quelques secondes, à peine. Juste quelques petites secondes, avant que ce dernier ne vienne s'écraser au pied de l'immeuble, manquant de venir tuer un jeune homme qui passait par là au même moment. D'ailleurs penchée sur le rebord de ta fenêtre, tu restes figée pendant un court instant, la peur d'avoir pu le blesser te prenant aux tripes. Mais quand celui-ci finit par lever la tête pour voir d'où est tombé le pot, tu as ce réflexe de reculer et de t'accroupir pour qu'il ne puisse plus te voir.

« Merde ! Merde ! Merde ! » En effet, tu es dans la merde, Emi. Et toujours accroupie dans ta chambre, tu te mets à prier que le jeune homme n'ait pas eu le temps de te voir, décidant tout bonnement de passer son chemin. Au bout d'une ou deux petites minutes, tu te risques même à te redresser légèrement pour pouvoir de nouveau jeter un coup d'oeil par la fenêtre, ne laissant dépasser que le haut de ta tête. Et si, dans un premier, c'est un sentiment de soulagement intense qui te submerge lorsque tu t'aperçois qu'il n'est plus en bas de l'immeuble, ton cœur finit toutefois par manquer un battement quand tu entends quelqu'un frapper à la porte de ta chambre. Et, encore une fois, c'est le drame ! Dans un énième geste maladroit provoqué par la surprise, tu fais tomber le manche de l'aspirateur, réduisant alors à néant toutes tes chances de rester discrète et de faire croire à ta victime qu'il n'y a personne dans la chambre. Tu n'as donc plus le choix, Emi ! Il te faut aller l'ouvrir cette foutue porte, et après avoir pris une trèèèèès grande inspiration, tu finis par enclencher la poignée. « Euh, oui... C-C'est pourquoi ? » que tu demandes alors, feignant l'innocence. Mais quand le jeune homme te tend les restes de ton pot, tu esquisses une légère grimace, comprenant que ton petit cinéma n'a pas pris. « Ah, euh, oui... C'est bien à moi. Merci... » A quoi bon continuer de nier ? Cela ne servirait à rien ! Et puis, de toute façon, tu es une bien piètre menteuse... Cependant, tu n'es pas non plus une tueuse et, alors que ton visage se charge d'une expression ébahie aux paroles du jeune homme, tu clignes plusieurs fois des yeux, avant de simplement répéter : « T-Tuer quelqu'un ?! » Pauvre Emi... Il semblerait que l'humour sarcastique/noir ne soit pas vraiment ton fort... « C-Ce n'est vraiment pas ce que tu crois ! J-Jamais je n'ai essayé de t-tuer qui que ce soit ! » La moue légèrement boudeuse, tu croises les bras sur ta poitrine. « Je... J'étais juste en train de faire le ménage et j'ai accidentellement donné un coup de coude dans le pot... » ressens-tu alors le besoin de te justifier. Mais aussitôt ces paroles balancée, tu te mets à scruter le jeune homme, avant de demander, un tantinet inquiète : « Tu n'as pas été blessé, au moins ? »

La réaction de la jeune femme fait beaucoup rire Hak Kun. Taquin dans l’âme, il passe son temps à embêter ses proches, ses ami.es et sa petites-amie pourraient vous le confirmer. Il garde cette personnalité espiègle même avec des inconnus parfois. Pas timide pour un sous, Hak Kun a du bagout et la plaisanterie facile. Il n’a évidemment pas pensé que la jeune femme voulait tuer quelqu’un. Ou alors, elle s’y prend très mal. Laisser des preuves, déjà, c’est une mauvaise idée. N-a-telle jamais regardé Esprit Criminel ? La jeune femme a l’air de s’en vouloir en tout cas ou de réellement penser qu’Hak Kun a quelque chose à lui reprocher. Il la soupçonne d’avoir fait semblant de ne pas être présente. Pour éviter des représailles peut-être ? L’étudiant hausse les épaules.

- Je ne sais pas, on ne se connaît pas. Tu voulais peut-être t’entraîner avant que ta vraie cible ne passe. Heureusement que je l’ai évité, ça aurait fait une victime de plus à cacher, il continue sur le même ton sarcastique.

La pauvre n’a fait qu’accentuer son envie d’être taquin avec une telle réaction. Elle ignore encore sur qui elle est tombée, un sacré phénomène.

- Hm, ça commence toujours par un accident. Travaille sur ton alibi, si la prochaine fois ce sont les forces de l’ordre qui viennent te demander des comptes.

Son sourire s’élargit. Il ne lâche pas la jeune femme du regard pour ne rien manquer de sa réaction. Elle n’a pas l’air bien vieille, sans doute plus jeune que lui. Hak Kun pourrait la laisser tranquille, mais il aime trop embêter son monde. C’est affectueux venant de lui. Tant qu’il vous taquine, c’est qu’il vous apprécie ou qu’il n’a rien contre vous. Un Hak Kun rancunier est bien plus agressif verbalement et parfois… Physiquement. Ce ne sont plus des taquineries innocentes qu’il dirigera vers vous, mais de vrai pique pour frapper là où ça fait mal. Alors la jeune femme n’a pour le moment pas à s’en faire.

- Je vais bien, j’ai de bons réflexes.

Il lui sourit encore une fois et lève son regard vers la jeune femme.

- Et donc, à qui est réellement destiné ce pot de fleur ? Un ex ? Un gars trop collant ? Une fille qui t’as piqué ton crush ? Un voisin trop bruyant ?

Tu pourrais t’occuper de tes affaires Hak Kun et laisser cette pauvre demoiselle tranquille...

Ta réaction après avoir manqué de tuer quelqu'un avec un pot de fleur ? Faire comme si de rien était. Comme si tu ne savais pas pourquoi le jeune homme se tient devant ta porte – alors que si, tu sais très pourquoi – Malheureusement pour toi, tu es très nulle à ce petit jeu. Mentir ou jouer la comédie n'a jamais été ton fort et il a suffit d'une demi-seconde au Baekje pour te faire avouer que tu étais la personne à l'origine de cette tentative d'homicide involontaire...

Totalement involontaire, oui ! Car quoiqu'en dise le jeune homme, tu ne l'as vraiment pas fait exprès. D'ailleurs, devant les « accusations » de ce dernier (parce que t'es trop bête pour comprendre qu'il est juste en train de se payer ta tête), tu commences légèrement à baliser. « L-Les forces de l'ordre ? » Tu répètes ces quelques mots, déglutissant doucement, avant de demander presque en chuchotant : « Tu ne vas pas aller porter plainte contre moi, quand même ? » Tu es bien trop jeune et trop douce pour finir en prison, Emi. Et puis, lui-même vient de te dire qu'il n'a rien et qu'il va bien, alors pourquoi irait-il jusque là ? Bonne question ! Mais question qui ne t'effleure même pas l'esprit, tant tu es trop occupée à tenter de te justifier pour prouver que tu ne l'as pas fait exprès. « Je te jure que ce n'est vraiment rien de tout ça ! Je ne voulais pas faire tomber ce pot, c'était vraiment un acc... » Et soudain, tu te stoppes. Parce que ça a mis un peu de temps à monter jusqu'à ton cerveau, mais tu finis enfin par la voir, la lumière, et tes sourcils se froncent lorsque tu comprends que tu viens d'être bernée. « Yah ! Tu es en train de te moquer de moi, pas vrai ? » que tu finis alors par t'exclamer, les joues gonflées.

Hak Kun est malicieux, la réaction de la jeune femme l’amuse beaucoup. Est-ce qu’il va arrêter là pour autant ? Bien sûr que non. Demandez à Eui Joo, son colocataire, à qui le jeune homme adore adore raconter des histoires effrayantes pour le terrorise. Hak Kun se rattrape ensuite en le laissant dormir avec lui et en inventant d’autres histoires bien plus jolies, dans un univers fantastique peuplé de pirate, de fée et autres créatures fantastiques. L’étudiant adore les légendes, particulièrement celles qui font froid dans le dos, mais pas que, il a aussi en stock des récits fantastiques, folklorique et fascinant, de son point de vue. Il a également une imagination débordante. Pourtant, Hak Kun n’a jamais été un fervent lecteur, bien loin de là. Toutes ces légendes qu’il connaît, il les a surtout puisées sur internet. Sa passion pour les légendes urbaines et les histoires étranges peut le happer pendant des heures. Si vous voulez entendre parler du Wendigo, des Loups-Garous, de Nessie le monstre du Loch Ness, et bien d’autres, c’est à lui qu’il faut s’adresser. Pour aujourd’hui, il ne s’agit pas de créatures légendaires, mais d’un pot de fleur tueur…

- Hm… Je ne sais pas, ça dépend. Tu voulais tuer qui pour de vrai ?

Les meilleurs blagues sont les plus courtes ? C’est ce qu’on dit… Pour Hak Kun, tant que ça l’amuse, ça peut durer. Le sourire qu’il retenait fleurie sur ses lèvres. Il est démasque.

- Moi ? Je n’oserais pas. Je suis très sérieux, il réplique, mais son air mutin le trahit. Ou peut-être que ton pot de fleur a été possédé par un dokkaebi, il ajoute avec un léger rire.

Une légende qu’il aime beaucoup, mais il va passer pour un fou, si la jeune femme n’en a jamais entendu parler. Il en parlait d’ailleurs avec Ryuu lors de leur dernière virée urbex. Un récit similaire existe au Japon. Pour faire court, dans la mythologie, un dokkaebi est un objet inanimé à l’origine, devenu vivant et malicieux. Il peut faire tourner son propriétaire en bourrique. Hak Kun a probablement été un dokkaebi dans une vie antérieure. Ou peut-être que c’est ce qu’on lui réserve pour sa prochaine réincarnation…