@Choi Ha Neul
« Et voilà, on est arrivés », que tu articulas avec lenteur mélangé à la douceur du sourire posé sur ta bouche alors que les pupilles se posaient sur l'étendue verte devant vous. C'était fabuleux, pas vrai ? Magique même. Tu aimais tant ce tableau, et ces couleurs. Ce n'était pas exceptionnel comme dans le village de ton enfance mais ça valait le détour. Ca changeait des couleurs ternes et sombres de la ville, de ces immeubles trop hauts pour en voir le bout et de ce bruit constant qui polluait l'oreille. Tout était calme, ici. Les seuls sons habitant les lieux étaient ceux de la nature elle-même, cette puissance fantastique qui comblait le vide devant tes yeux ébahis. Et tu la découvrais toujours de la même façon, avec un air rêveur et le sourire, les bons souvenirs flottant dans ta mémoire, déposant alors sur ton palpitant un drap serein. Tu te sentais bien, tu te sentais heureux – mais pas totalement complet. Tu sentais quelques trous dans le tissu sur ton cœur, le vent venant le chatouiller de temps en temps mais ça ne rendait pas le moment plus horrible. Tu adorais découvrir et redécouvrir la nature. Tu aimais les tableaux qu'elle peignait au gré du vent et de la pluie et de ses envies. Elle se construisait seule, se détruisait seule parfois aussi – mais pour créer quelque chose de plus fabuleux encore. Et ça t'épuisait de voir les Hommes la détruire, la réduire en miettes, la faire disparaître. Car elle était importante, trop pour qu'on l'efface totalement. Tu ne pourrais vivre sans. On t'y a forcé ; on a voulu que tu l'oublies mais tu ne pourrais jamais l'oublier. Tu l'aimais bien trop pour ça. Tu inspiras longuement, fermant les yeux, te laissant bercer par la brise légère contre ta peau et le son de cette nature qui vous accueillait. C'était merveilleux. « On dirait un paysage d'un livre pas vrai ? », tout était parfait que ça semblait irréel. Tu tournas les prunelles vers ton amie, l'esquisse douce aux lèvres, les pommettes faiblement relevées. C'était un paysage que tu appréciais et adorais. Un paysage dont tu ne pourrais jamais te passer, qui te calmait et te rassurait. « Tu veux qu'on aille s'installer où ? J'ai regardé la météo avant de partir, et normalement on devrait pas avoir de pluie », ni un temps trop chaud, quelques nuages dansant dans le ciel pour couvrir les rayons brusques du soleil, un vent léger venant rafraîchir la place mais pas refroidir. Vraiment parfait. Tu allas récupérer vos affaires, laissant le choix à Ha Neul de l'endroit où elle voudrait poser bagages. Le terrain était grand et vaste – tout était libre, vert, merveilleux.