Dabin se demandait vraiment si il y avait pas quelqu'un là-haut qui s'amusait avec ses nerfs. Qui tirait les ficelles de là où il était parce que ça le faisait marrer de jouer avec les émotions des gens. Oui, ça pouvait être que ça, Dabin voyait pas autrement sinon pourquoi il s'évertuait à foutre Hansoo sur son chemin alors que le jeune homme avait montré à quel point ce qu'ils avaient eu par le passé, ça n'avait rien représenté pour lui. Depuis qu'elle avait découvert qu'il était celui avec qui ils allaient travailler pour la pièce, Dabin avait l'impression de le croiser sans arrêt sur le campus alors que ce n'était en réalité pas si souvent que ça. Si sa raison tentait de lui dire de l'oublier après ces retrouvailles plus que blessantes, son cœur lui ne semblait pas avoir compris qu'il devait oublier Hansoo lui. Encore ce soir ce dernier tambourinait dans sa poitrine à la vue du jeune homme, mais c'était une toute autre émotion que de l'amour qu'elle ressentait actuellement face à la scène qu'il se passait. Dabin pinça les lèvres, portant son verre à celles-ci en levant les yeux au ciel. Quelle comédienne, elle pensa en voyant la jeune femme rire comme si Hansoo venait de dire la chose la plus drôle du monde alors que le stylise donnait l'impression de vouloir être ailleurs, n'importe où tant que ce n'était pas avec cette greluche qui refusait de le laisser partir. La brune ignorait ce qu'ils pouvaient bien se dire, ou plutôt ce que la demoiselle pouvait bien babiller parce qu'Hansoo donnait pas l'impression de participer réellement à la conversation, Dabin était tellement concentrée sur cette fille et lui qu'elle ne vit pas l'homme qui s'était approché d'elle. Elle n'eut pas vraiment le temps de comprendre ce qu'il lui disait qu'il passait déjà son bras autour de son épaule comme si ils étaient les meilleurs amis du monde. « T'as cinq secondes pour dégager ton bras de là, tocard. » La brune lui adressa un regard noir, auquel il répondit simplement par un rire. Culotté et bourré, parfait. Il trouvait ça drôle, génial. Il lâcha ses épaules, Dabin eut un fin espoir mais qui fut de courte durée car il vient poser sa main sur sa taille cette fois, ok lui il tenait vraiment pas à ses doigts. « On t'a jamais appris à demander avant de toucher quelqu'un ou t'es simplement trop con pour comprendre les signes. » Ce n'était même pas une question, non Dabin était persuadée qu'il était juste con et qu'il comprenait pas le sens de l'expression espace vital.

Cette fille le saoulait plus qu’il ne le montrait, continuant à lui parler de choses qui ne l’intéressaient pas, probablement parce que Han Soo lui plaisait. Hors, lui n’était pas dans ce lieu pour draguer mais pour se détendre ; il attendait qu’un ami le rejoigne cependant ce dernier avait l’air d’avoir du retard. D’un naturel patient, le styliste laissait donc parler cette demoiselle, sans daigner lui accorder une profonde attention, avant de passer commande au comptoir. Une commande qu’il ne réceptionnera jamais, à cause de son intérêt qui fut détourné par une jeune femme qu’il reconnaîtrait entre des millions, peu importait les années écoulées. Les souvenirs de leur dernière rencontre restaient fermement ancrés dans son esprit, le brisant de tout son être à chaque fois qu’il y songeait ; pourtant, le garçon ne parvenait pas à détacher ses yeux de la jeune femme, ignorant celle qui cherchait son attention, assise à côté de lui. Aller la voir, il ne le pouvait bien évidemment pas, toutefois ses yeux se froncèrent machinalement à la vue de cet homme qui approchait Da Bin. Han Soo n’était personne pour s’en mêler, il ne dirait rien non plus si elle rencontrait un autre homme que lui, sachant pertinemment qu’il ne serait jamais assez bien pour elle, cependant il y avait quelque chose qui le dérangeait chez cet individu. La demoiselle ne paraissait pas entrain à échanger avec lui, elle le repoussait mais lui continuait. Une réaction qui fit serrer les phalanges du styliste, sous la frustration et la colère, alors qu’il n’était pourtant pas quelqu’un qui s’emportait facilement. Hors, il détestait ce genre de comportement, encore plus lorsque ça la concernait elle.

Sans daigner réfléchir, sans hésiter non plus, il abandonna sa voisine qui le contempla d’un air complètement outré, tandis qu’il marchait d’un pas rapide en direction de celle qu’il avait tant aimé. L’homme était trop insistant à son goût, se croyant tout permis alors Da Bin était claire sur ce qu’elle voulait. « Je crois qu’il faudrait que tu apprennes le sens du mot non. » S’interposa-t-il, attrapant le bras du vaurien, pour le lui tordre légèrement. « Lorsqu’une femme te dit stop, on s’arrête. » Pauvre con. La colère brillait dans ses pupilles et, non, ce n’était pas l’envie de lui briser le bras qui manquait, néanmoins Han Soo n’était pas une personne assez violente, pour aller si loin. « Dégage de là avant que j’appelle la sécurité ! » Sur ses dires, il le repoussa sèchement, le foudroyant du regard quand l’homme voulut riposter puis, une fois ce dernier s’éloignant, le garçon reporta ses iris sur la demoiselle. « Ça va ? » Peut-être aurait-il dû jouer aux durs, comme l’autre jour, cependant sur l’instant, il en avait été incapable, beaucoup trop soucieux de son bien être pour jouer la comédie.

Il y avait certaines images qui avaient le don de vous hérisser les poils, rien que de les voir ça pouvait rendre malade ou bien faire ressentir une telle rage qu'il valait mieux parfois se détourner complètement afin de ne plus avoir ça sous le yeux. Dans le cas de Dabin, elle se demandait même si quitter carrément la pièce ce n'était pas mieux. Mais ça voudrait dire ne pas savoir si oui ou non Hansoo allait finir par s'intéresser à l'autre greluche qui lui faisait du charme, quand même bien à l'heure actuelle le jeune homme ne la calculait pas du tout, il semblait même s'ennuyer à mourir mais après quelques verres qui pouvait vraiment savoir ? Si ça se trouvait cette fille pour le moment insignifiante pouvait se révéler bien plus passionnante quand l'alcool était présent. Dabin ne voulait pas assister à ça et pourtant elle ne voulait pas non plus ne pas savoir, étrange sensation autant qu'elle était contradictoire.

En tout cas être obnubilée par le spectacle qui se passait devant elle ne lui rendait pas service, car concentrée sur Hansoo et l'autre fille l'empêcha de voir l'homme qui s'était approché d'elle pour lui compter fleurette. Avec un humour lourd et une tentative déplorable, au point que lorsqu'elle capta enfin que c'était à elle qu'il parlait, elle ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel et serrer les dents quand il jugea que c'était le bon timing pour la toucher, passant son bras autour de son épaule. Menace lancée par la brunette à laquelle il répondit par un rire, lâchant ses épaules pour descendre sa main sur sa taille. Ok, toi, t'as gagné le jackpot. Elle s'apprêtait à mettre sa menace à exécution, se moquant bien si il le prenait mal ou pas, elle lui avait demandé il n'avait pas écouté c'était pour sa pomme, mais elle n'eut pas le temps de faire quoi que ce soit... Hansoo apparut comme un chevalier servant pour déloger le bras de l'inconnu de sa taille. Dabin leva les yeux vers lui, comme si elle avait du mal à croire qu'il était vraiment venu mais après leur dernier échange c'était aussi normal qu'elle soit surprise non ? Elle aurait pu rire en voyant l'échange entre les deux, les menaces d'Hansoo et son attitude avaient apparemment plus d'effets sur l'homme que ce qu'elle-même avait dit plus tôt et pourtant... elle avait demandé exactement comme Hansoo. À croire que c'était plus sérieux quand c'était deux mâles l'un contre l'autre. Regardant l'homme s'éloigner, elle laissa un rire blasé lui échapper, attrapant son verre pour en vider le contenu avant de répondre à Hansoo. « Non ça va pas. » Elle grommelle, tournant son visage vers lui. « J'ai l'air d'aller bien ? » Question purement rhétorique. « Ce mec me colle mais il s'en carre que je lui dise de me lâcher par contre il écoute comme un toutou quand c'est toi ? Cette blague. » Mais ce n'était pas de la faute d'Hansoo. « Et la dernière fois tu me dis que je représentait rien pour toi mais là tu viens jouer les preux chevaliers. » Dabin laisse claquer sa langue contre son palais, demandant un nouveau cocktail au barman. « Pourquoi t'es venu Hansoo ? T'étais pas mieux avec l'autre poupée qui te collait ? »

Lorsque Da Bin était concernée, le styliste n’était jamais en mesure de réfléchir avant d’agir. Il en oubliait son mauvais comportement de l’époque, le mal qu’il lui avait infligé et les dernières paroles qu’il lui avait dites. Tout ce qu’il remarquait en cet instant était l’abruti qui lui tournait autour, qui ne prenait pas en compte ses refus puis se montrait terriblement insistant. Dés le moment où il avait repéré la jeune femme, il n’avait plus accordé le moindre intérêt à celle qui essayait tant bien que mal de lui faire la conversation. Déjà qu’elle l’ennuyait depuis le début, l’existence de celle semblait avoir disparu au moment où ses yeux se posèrent sur son ancienne camarade. Han Soo ne regrettait pas d’être intervenu, parce qu’il s’en serait voulu de l’avoir laissé se débrouiller – puis surtout parce qu’il était incapable d’ignorer – toutefois il regretta d’avoir posé cette question. Evidemment que ça n’allait pas… Comment pouvait-elle aller bien après s’être fait aborder de la sorte ? Sauf que le problème ne paraissait pas venir que de là, son intervention également avait l’air de la mettre en colère et la déranger. C’était vrai ça, pourquoi s’était-il interposé ? Ses actes n’allaient pas avec ses mots de l’autre jour, ils se contredisaient. Mais, en même temps, est-ce que protéger une demoiselle d’un pervers signifiait automatiquement quelque chose ? Certes, il n’avait jamais été un véritable preux chevalier, principalement autrefois, donc son attitude pouvait être surprenante. Et bien qu’il admettait être intervenu uniquement parce qu’elle était concernée, il ne savait pas s’il aurait pu détourner le regard devant une autre personne en difficulté. Contrairement à l’adolescent qu’il était par le passé, il n’était plus aussi lâche, et plus aussi fébrile. « Je serai venu que ça soit toi ou une autre. » Déclara-t-il calmement, peut-être un peu trop. Hors, le garçon s’était sincèrement inquiété pour la jeune femme et, en réalité, c’était toujours douloureux de lui faire face. S’il parvenait à rester bon comédien devant elle, son cœur se compressait à chaque seconde où ses prunelles s’égaraient en sa direction. Parce que tous les souvenirs revenaient le hanter, les bons comme les mauvais, et que l’amertume qu’il éprouvait envers lui-même, le dégoût aussi, ne faisaient que s’amplifier. Sans parler de sa culpabilité qui n’avait jamais cessé de le ronger et le ronger toujours aujourd’hui. « Tu devrais quand même faire plus attention. Ce genre de gars traîne partout. » Mais qui était-il pour donner son avis ? Personne. Seulement c’était juste un prétexte, une remarque qu’il avait trouvée pour rester encore quelques secondes en sa compagnie. Il n’avait pas relevé plus tôt la réflexion sur l’autre demoiselle qui le collait au basque, peut-être aurait-il dû… Mais pour dire quoi ? Elle ne l’intéressait pas et, même s’il avait conscience de n’en avoir aucun droit, il préférait ce temps qu’il passait auprès de Da Bin. Cette dernière pouvait l’insulter, lui crier à la figure ou même le frapper, il restait simplement content d’avoir pu la croiser une nouvelle fois, ce soir.

Certaines personnes ne comprenaient pas le non ou tout simplement quand la personne n'était pas intéressée. C'était totalement le cas avec cette greluche qui papillonnait des yeux et qui souriait de cette manière à Hansoo, ignorant totalement le fait que le jeune homme semblait se moquer éperdument de ce qu'elle pouvait bien raconter. Mais avec quelques verres dans le nez et de la bonne musique, la situation pouvait changer d'ici là et Dabin n'avait vraiment pas envie d'assister à ça. Plutôt mourir que de voir Hansoo rouler une pelle à une parfaite inconnue, voire même plus. Non vraiment elle ne voulait en aucun cas voir un tel spectacle, ça relevait plus d'une tragédie d'ailleurs si ça devait arriver. Mais tout comme la demoiselle ne semblait pas comprendre qu'Hansoo ne la calculait pas, un homme avait décidé de venir voir la brune... et semblait tout autant doté d'un talent inné pour ignorer le regard blasé de Dabin. Ils s'étaient donnés le mot ce soir ou quoi ? À la différence c'était que l'inconnu devait être un peu plus torché (ou bien plus entreprenant) que l'autre fille car lui osa empiéter sur son espace vital, se rapprochant suffisamment pour qu'il puisse même la toucher, d'abord en la prenant par l'épaule puis quand elle le rembarra glissant son bras jusqu'à sa taille. Non mais je rêve. Certains hommes n'avaient clairement pas la lumière à tous les étages, cet idiot réagissant seulement quand Hansoo arriva près d'eux pour s'interposer, elle était quoi Dabin exactement ? Une plante verte ? Tout ça l'agaçait, la jeune femme ne manquant pas de faire part de son humeur à son sauveur (et bourreau de son coeur). « Charmant, c'est totalement digne d'un prince Hansoo, tu mérites les honneurs. » Dire qu'elle avait pensé être spéciale à ses yeux mais comme les fois précédentes il semblait prendre plaisir à lui montrer que non, ce n'était pas le cas, elle n'était qu'une parmi d'autres. « Oui comme tu dis ils traînent partout, je vais pas passer mon temps à éviter tout le monde sous prétexte que je ne sais pas quelles sont leurs intentions. » Dabin marmonna, remerciant le barman pour son nouveau cocktail, avalant la moitié du verre en une seule gorgée. « Mais dis-moi, t'étais où pour jouer les chevaliers servants quand j'en avais vraiment besoin ? » Dabin avait l'alcool mauvais apparemment, pinçant les lèvres en lui adressant un regard en coin. Il était là maintenant mais quand ils étaient au lycée, là où elle avait vraiment eu besoin de lui, il l'avait laissée tomber... « Ne me fais pas espérer dans le vide Hansoo, j'ai déjà trop souffert au lycée pour le revivre. » Espérer qu'il lui avait menti, qu'elle comptait réellement au final à ses yeux.

Pourquoi tenait-il autant à se justifier ? Da Bin était censée avoir compris qu’elle ne l’intéressait pas, et ne l’avait jamais intéressé non ? Cependant, c’était justement car ceci n’était qu’un tissu de mensonge que Han Soo se sentait obligé d’insister. Comme un besoin de la convaincre de l’homme horrible qu’il était, refusant de lui donner des excuses pour le pardonner. Parce qu’il ne le méritait pas, parce que lui était toujours rongé par la culpabilité au point où il lui était difficile dans la regarder en face, sans sentir son cœur se compressait dans sa poitrine. C’était cruel d’appuyer à l’endroit où ça faisait le plus mal, néanmoins ce que sa camarade ignorait était qu’en la blessant de la sorte, le styliste se blessait davantage. Il s’était toujours promis de la protéger, de ne jamais la faire pleurer mais, à ses côtés, il n’avait fait que la décevoir. Encore et encore. Et au lieu de tourner les talons, de cesser de lui faire de la peine, le garçon persistait à rester devant elle, avec cette arrogance dont seul lui avait le secret. Pourtant, son seul désir était de la réconforter, de lui dire ô combien il était désolé, qu’elle avait toujours occupé une place précieuse dans son cœur et que, même s’il le souhaitait, il ne pourrait jamais oublié tout ce qu’elle lui avait apporté. Mais malheureusement, plus les années s’écoulaient, plus les bons moments s’effaçaient de son esprit, pour retenir uniquement leurs derniers instants et ô combien il l’avait détruit. La raison pour laquelle il n’avait relevé aucune de ses remarques, songeant à partir après l’avois mise en garde, cependant elle l’attaqua sauvagement de ses mots. Une attaque qui était puissante, qui lui donnait l’impression d’avoir le cœur poignardé de milles épines, et les pieds qui s’enfonçaient de plus en plus dans le seul.

Où était-il quand elle en avait besoin ? Pas là. Il avait fui comme un lâche, incapable de tenir tête à sa famille, et il avait laissée derrière lui la femme qu’il aimait. Il l’avait trahie, blessée, achevée… Et non, il n’avait pas été présent au moment où Da Bin comptait le plus sur lui. Une réflexion qui lui brisait le cœur à chaque fois qu’il y songeait, une réflexion qui le bouffait et ne faisait qu’accentuer un peu plus ce sentiment de culpabilité, ce dégoût qu’il éprouvait envers lui-même. Quel être horrible il était. « Je ne compte pas te faire espérer quoi que ce soit. » Finit par répondre le jeune homme, encore un peu troublé par ce coup de massue qu’il venait de se prendre sur la tête. « Je doute qu’on se reverra de toute manière. » Leur contrat n’était-il pas tombé à l’eau ? Il n’avait pas eu de nouvelles depuis la dernière fois ; ce qui l’arrangeait en réalité puisque la revoir ravivait en lui de vieilles cicatrices jamais pansées. « Et c’est mieux comme ça. » Parce qu’il n’était pas en mesure de revenir en arrière et réparer ses erreurs.