Un seul être vous manque et tout est dépeuplé.
Elle, qui prend rarement des vacances, ne s’émerveille pas autant que prévu. Oh, elle a beau se donner une fière allure en s’offrant des petites escapades enneigées et du fromage illimité. Malgré tout, elle se sent un peu seule. Elle a l’impression de passer ses journées, le nez collé sur son téléphone. Yujin envoie des photos de son séjour à l’homme avec qui elle aurait dû partager tous ces petits moments, et bien d’autres. Elle a eu du mal à cacher sa déception quand le jeune homme a dû faire face à un contretemps, l’empêchant de monter à bord du bus. Et maintenant ? Eh bien, elle aperçoit tous ces couples autour d’elle sans pouvoir y faire grand-chose. Alors, l’étudiante compense avec la nourriture - une belle excuse ridicule quand on connaît l’estomac de la jeune femme -. Toutefois, le fromage fondu semble avoir eu raison d’elle. Même elle, elle est à deux doigts d’abdiquer. Son ventre est aussi lourd que son poids tout entier. Chaque pas est une épreuve mais la beauté des commerces est une source de motivation. D’autant plus que les couleurs pourraient l’aider à faire son meilleur selfie. Une première recherche d’angle, une deuxième pour être la plus parfaite et finalement, un juron lâché parce que son visage est une nouvelle fois un souci. Yujin décide d’élargir le cadre pour avoir un air moins bouffi avant de faire une découverte colossale. Le manque commence à se faire vraiment ressentir. Et pourtant, voilà qu’elle sourit de toutes ses dents. “ Mais ? Qu’est-ce que tu fiches ici ? “ Voilà qu’elle essaye de sauter dans ses bras, malgré son estomac qui pèse trois tonnes.

Évidemment que tu aurais préféré monter dans ce bus, toi aussi. Passer ces quatre longues heures de route à emmerder ta coloc préférée... Malheureusement, le destin en a décidé autrement lorsqu'un appel de la caserne a purement et simplement coupé court à tes vacances. Du moins, c'est ce que tu croyais, finissant même par accepter le fait que toutes ces photos envoyées par Yu Jin seraient probablement ton seul moyen de profiter un peu de ce séjour à la montagne. Mais après deux jours rythmés par quelques interventions plus ou moins compliquées, ton supérieur a décidé de te libérer, estimant que tu méritais bien de souffler un peu toi aussi. C'est donc à bord d'un bus plein à craquer que tu finis par atteindre la station d'hiver. Avec un peu de retard, certes, mais tu es enfin là et, après avoir rapidement déposé tes affaires à l'accueil de l'auberge, tu ne perds pas plus de temps, te mettant aussitôt en route vers l'avenue principale de la station. Celle où l'on trouve une grande majorité des boutiques - d'après la propriétaire de l'auberge - et donc celle où tu es le plus susceptible d'y croiser Miss Eoh en train de flâner. En tout cas, c'est ce que cette dernière a laissé entendre dans le message accompagnant sa dernière photo en date. Et cela te prend bien quinze minute, peut-être même un peu plus, mais tu finis par l'apercevoir, tenant son portable à bout de bras. Et tandis que tu te faufiles derrière elle, oreilles de lapin dégainées lorsqu'elle s'apprête à prendre un énième selfie, tu laisses échapper un « Surprise ! » avant de lâcher un rire amusé quand elle te saute dans les bras. « Bah dis donc, je t'ai tant manqué que ça ?! » C'est que tu n'attendais pas à recevoir un tel accueil...

Elle en oublie les oreilles de lapin qui viennent ruiner son dernier cliché. Qu’importe, en sa présence, elle n’a plus besoin de perdre son temps avec des photographies. La batterie de son téléphone le remercie sincèrement d’avoir fait le déplacement, même pour un séjour qui se retrouve écourté. Et cette source d’énergie n’est pas la seule à se sentir redevable. Il suffit de voir les lèvres de la jeune femme qui s’étirent pour former un grand sourire. Ce séjour commençait à devenir vraiment pénible sans lui. Alors, quand Yujin voit son colocataire préféré, elle ne fait pas dans la dentelle. Petite euphorie qui la pousse - à sauter - dans ses bras et qui invite très vite Daewon à la charrier. Elle s’en moque pas mal. C’est évident, non ? Cette fois-ci, elle ne compte pas se cacher derrière des mensonges pour garder bonne figure. En sa compagnie, son cœur parle de plus en plus pour elle. “ Et encore ce n’est rien ! J'ai une raclette dans le bidou alors… La gravité me rappelle facilement à l’ordre.  “ Yujin le gratifie d’un sourire. “ T’en as eu marre de sauver des vies ? T’as préféré me sauver de ma solitude ? “ Petite égoïste… Elle ne peut pas lui en vouloir d’avoir été bloqué par le travail, mais il est vrai que ce changement de programme l’avait quelque peu contrarié. Maintenant, tout est résolu, non ? Elle croise enfin son regard. “ Et moi, je t’ai manqué ? “ Presque scotchée à ses lèvres, dans l’attente d’une réponse qui n’a pas intérêt de se faire trop attendre, elle ajoute : “ Tu as éteint ton téléphone ? Ça ne sert à rien, on ne capte pas très bien ici. “ C’est une façon pour accaparer le garçon.

Devoir annoncer à Yu Jin que tu ne pourrais finalement pas l'accompagner, tout cela peu de temps avant d'embarquer dans le bus, fut un réel crève-cœur. Pas seulement parce qu'elle semblait ultra déçue et contrariée de la tournure que prenaient les événements. A vrai dire, tu l'étais aussi. Énormément. Et si tu avais pu choisir, nul doute que ton choix se serait porté sur la jeune femme... Par chance, les choses ont fini par rentrer dans l'ordre. Certes, tu as manqué la moitié du séjour – et une bonne grosse raclette, par dessus le marché – mais quand tu vois l'accueil que t'a réservé la Silla, tu te dis que c'était finalement pas si mal d'arriver en retard. Laissant d'ailleurs échapper un rire à ses paroles, tu hausses légèrement les épaules. « Honnêtement, je crois que c'est surtout mon supérieur qui en a eu marre de me voir tirer la tronche... » Pour autant, tu ne nierais pas le fait que tu avais grandement hâte de la retrouver, et devant cet air impatient que la demoiselle arbore à l'idée de t'entendre lui dire ô combien elle t'a manqué elle aussi, tu ne peux réprimer ce petit sourire amusé. « Peut-être bien que oui... » Et qu'on se le dise, si ce n'était pas pour elle, certainement que tu n'aurais pas pris la peine de faire ces quatre longues heures de route. Il va d'ailleurs de soit que tu comptes bien profiter au maximum de ces deux petits jours en sa compagnie. Alors quand la jeune femme te fait plus ou moins subtilement comprendre qu'elle ne veut pas que vous soyez de nouveau dérangés, tu finis simplement par t’exécuter, éteignant ton téléphone. « C'est bon ? Madame est satisfaite ? » La moue légèrement taquine, tu viens ensuite entourer ses épaules de ton bras, avant d'ajouter : « Alors ?! Par quoi on commence ? »

Cette annulation de dernière minute avait installé un doute chez la jeune femme. Quel est l’intérêt de se rendre à ce séjour toute seule ? Elle aurait pu rester sur Séoul mais la belle s’est engagée à profiter des pistes de ski. Et puis, elle n’est pas certaine que Daewon aurait été ravi de changer ses plans pour lui. Elle n’en sait trop rien. Ce qu’elle retient ? C’est que son patron n’avait aucun cœur pour priver les deux colocataires de leurs premières vraies vacances ensemble. Mais finalement, le destin leur a permis de se retrouver. Yujin chérie aussitôt la compagnie de ‘ son ami ‘. Elle continue de sourire bêtement. La raclette a eu un effet néfaste sur son énergie et sur son poids, mais pour l’instant, la blonde est sur son petit nuage. Il n’y a plus qu’à espérer que Cupidon, allongé tout nu sur un beau cumulus, rentre en action lui aussi. Un jour… Mais vu son expression joyeuse, la belle a déjà été victime de sa flèche. “ Il aurait dû s’en douter… “ Priver son sapeur pompier de ses vacances à la dernière minute n’est jamais un bon plan. Ou est-ce que Daewon ne peut pas travailler correctement car ses pensées sont ailleurs ? Ca serait remettre en cause son professionnalisme, et pourtant, c’est ce que l’étudiante tend à découvrir. Comme si ses éternelles incertitudes l’empêchaient d’avoir un minimum de jugeote. Ne vient-il pas de lui offrir la plus belle surprise en venant ici ? Une part d’elle le sait et c’est bien pour cette unique raison qu’elle ne tilte pas à sa possibilité. Il y a du net progrès, peut-être que la neige la rend plus mâture. “ Madame est très satisfaite. “ Encore plus quand son bras entoure ses épaules. Est-ce qu’il la soutient pour éviter qu’elle tombe à la renverse avec ses dix kilos de fromage dans le ventre ? Oh, ça serait une belle excuse dont il n’a jamais eu besoin. “ Je commençais à faire les boutiques pour t’acheter un souvenir… Mais maintenant que tu es meilleur que moi pour les surprises… Je vais m’acheter un bonnet ! Je comptais essayer de skier demain… Et vu mes compétences en glissade, j’ai décidé de briller par mon style. “ Une grande première ! Yujin se met à rire. “ Mon bonnet blanc ne m’aidera pas à me faire repérer des secouristes… “ Elle repère une boutique dont la devanture est tout aussi ravissante que ses voisines. Mais ont-elles des bonnets avec des oreilles de lapin ? Non. Yujin ne les a pas remarqués pour le moment. Il faut dire que la jeune femme se retourne vers Daewon, un air choqué sur le visage. Elle en oublie l’essentiel. “ Tu as pu manger quelque chose ? T’as peut-être faim ou soif… avec la route ? Comment il est ton dortoir ? Les propriétaires ne t’ont pas cherché des poux ? “

Deux jours, c'est court. Vraiment très court... Malheureusement, vous n'avez d'autre choix que de vous en accommoder et, pour cette raison, tu comptes bien profiter un maximum du temps qui vous est imparti en laissant complètement de côté ton téléphone portable. Décision qui semble totalement ravir Yu Jin, à en croire le sourire qu'elle affiche, et alors que tu viens réduire le peu de distance qui vous sépare encore, tu laisses échapper un rire à sa réponse. « Va pour le nouveau bonnet, alors ! Allons faire de toi la nana la plus stylée de la piste verte ! » Et ces mots à peine prononcés, vous vous mettez aussitôt à la recherche d'une boutique afin que la Silla puisse trouver son bonheur. Et autant dire que vous avez l'embarras du choix, la plupart des boutiques dans le coin vendant exclusivement des souvenirs ou des vêtements et accessoires pour tenir chaud. Pour autant, quand vous passez finalement le pas de l'une d'entre elles, ce n'est pas les bonnets qui attirent ton attention, mais le regard estomaqué de ta camarade. « Wow... Je croyais qu'on venait pour un bonnet, et non pas pour que je passe un interrogatoire... » Une nouvelle fois, tu ris doucement, avant de reprendre : « C'est gentil à toi de t'en inquiéter mais le bus s'est arrêté sur une aire d'autoroute alors j'ai pu me remplir un peu l'estomac sur le chemin. » Loin d'être le meilleur repas de ta vie c'est certain, mais pour l'instant ton estomac semble s'en contenter. « Sinon, je n'ai pas encore eu le temps de voir mon dortoir. J'ai déposé toutes mes affaires à l'accueil de l'auberge et je suis directement venu ici. » Parce que j'étais pressé de te voir, aurais-tu pu ajouter. « Et pour les propriétaires... Pourquoi ils m'auraient cherché des poux ? » Surpris de cette question, tu fronces légèrement les sourcils. Mais ton regard se pose finalement sur un bonnet, derrière la jeune femme, et tu t'empresses de l'attraper, avant de le mettre. « T'en penses quoi de celui là ? C'est parfait pour être stylé sur les pistes, non ? » Une belle horreur, oui... Franchement, est-ce qu'il y a vraiment des gens qui achètent ça ?

Dans le chapeau d’un magicien, se cache un oiseau ou un lapin. Dans le futur bonnet de la demoiselle, un interrogatoire se dévoile. Le choix du spectateur étant limité, c’est Daewon qui finit par en être la victime. De quoi rassurer Yujin sur la suite du programme. Elle ne voudrait pas imposer une séance shopping quand l’estomac vide de son colocataire pourrait devenir une menace à tout moment. Maintenant qu’elle est rassurée, la jeune femme peut découvrir les propositions, l’esprit tranquille. “ Je les ai trouvés un peu bizarres, un peu vieux jeu. Tu sais que les dortoirs sont séparés par genre ? “ A vrai dire, Yujin se fichait de cette organisation jusqu’à l’arrivée de Daewon. Entre le couvre-feu et compagnie, ça sera bien l’une des rares fois qu’elle ne dormira pas près de lui ou à un couloir près. Distraite par l’intervention du pompier, elle regarde son bonnet de travers. “ Ce bonnet a un grand pouvoir magique : il est capable d’effrayer le Yeti à lui tout seul ! “ Elle se met à rire et secoue les petites têtes comme si c’était le pompon d’un bonnet. “ Vu le prix et vu cette info, tu devrais le prendre. “ Ça le rendra peut-être moins charmant comme ça. De quoi faire rompre le sortilège et de faire fuir les autres ! Elle attrape un accessoire à son tour et esquisse un sourire satisfait. “ Toi qui t’amusais à me faire des oreilles de lapin tout à l’heure. “ Elle enfile son beau bonnet en forme de lapin et appuie sur un bouton. “ Oh !!! Il fait de la lumière ! Regarde Daewon, c’est trop mignon. “ Et peut-être qu’elle se prend au jeu en enchaînant une série de ses meilleures moues. “ Ils proposent une balade en moto neige le soir… Tu n’aurais pas peur du noir comme ça. “ Ni en temps d’orage. “ Je serais ta lumière, ton phare quand tu seras égaré en mer, dans l’obscurité… Enfin si tu as envie. “ Et histoire de faire genre, elle porte son regard ailleurs. Sur une écharpe précisément assez classique mais dont la douceur est très agréable au toucher. Ce n'est pas une idée de date romantique.

Loin d'être un goinfre, tu as quand même besoin de ta petite dose de calories pour faire fonctionner tous ces muscles. Alors, mine de rien, cela te touche – un peu – que la jeune femme s'inquiète ainsi de te savoir le ventre vide. Heureusement, le chauffeur du bus a été plutôt cool, vous octroyant une petite pause sur une aire d'autoroute et te permettant ainsi de recharger tes batteries pour être au top de ta forme lorsque tu rejoindrais la jeune femme. Arrivé sur place, tu n'as d'ailleurs même pas pris le temps d'inspecter ce qui serait ton dortoir pour la nuit à venir, et encore moins celui de taper la causette avec les propriétaires si ce n'est pour leur demander où se trouvait l'avenue principale, alors quand la jeune femme te dit les avoir trouvé bizarres, tu arques légèrement un sourcil. « Ah ouais ?! Ils m'ont semblé plutôt sympathiques, perso... » Ce qui ne les empêcherait pas d'être bizarres, ceci étant dit, et le front légèrement plissé, tu poursuis : « C'est ce que j'ai cru comprendre, ouais ! Je me demande d'ailleurs comment ça se passe pour ceux qui viennent passer des vacances dans leur chalet, tout en étant en couple. Tu crois qu'ils les obligent à dormir séparément ? » Laissant ensuite échapper un rire, celui-ci redouble d'intensité à la réaction de la jeune femme, face à ce bonnet que tu lui montres. « Effrayer le Yeti ? Moi qui pensais plutôt essayer de devenir pote avec lui... » Et alors qu'une légère grimace prend possession de ton visage, tu finis par enlever le bonnet. « J'vais m'abstenir de le prendre, du coup... » Reposant définitivement cette atrocité, tu jettes un coup d’œil sur les autres couvre-chefs, avant de reporter ton attention sur la jeune femme, et un sourire vient de nouveau se plaquer sur tes lèvres alors que tu l'observes multiplier les poses mignonnes, son bonnet « lapin » sur la tête. « Toi qui parlais d'effrayer le Yeti, je pense qu'il risque surtout de tomber amoureux s'il te voit débarquer comme ça ! » Et si t'étais pas vraiment enthousiaste à l'idée de faire peur à l'abominable homme des neiges, t'es pas non plus certain d'avoir envie que ce dernier succombe au charme de la jeune femme. Flemme d'avoir de la concurrence. Heureusement, tu pars avec un avantage : celui d'être l'élu avec lequel la jeune femme semble vouloir passer sa soirée. « Si je ne te connaissais pas, je dirais que tu es en train de me proposer un rencard ! » Le regard légèrement empli de malice, tu ne peux t'empêcher de la taquiner, avant de poursuivre : « Mais pourquoi pas ! Ça me tente bien ! » Toi qui aimes tout ce qui est « sensations fortes » et joyeusetés du genre, tu y trouveras forcément ton compte. Et ce sera encore mieux, en compagnie de la jeune femme. Indiquant d'ailleurs le bonnet qu'elle porte toujours, d'un léger signe de la tête, tu finis par demander : « Alors ?! Tu prends celui-ci ou on continue à chercher ? »