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C’est drôle mais à parler avec Ivy, Raphael avait parfois l’impression que la jeune femme essayait de creuser un fossé entre eux. Comme là tandis qu’elle parlait de la musique qu’elle aimait en excluant presque le fait qu’il puisse avoir des goûts similaires voir plus « inavouable » qu’elle. De fait, un sourire un brin désabusé aux lèvres mais pas sans amusement qui perçait le fond de sa voix, Raphael fait remarquer :

« Ma génération –quoi que nos deux générations soient proches- a connu l’apologie du rock et même du métal en réalité alors tu sais, il y a plus de chance que j’y sois réceptif qu’autre chose. »

Par contre il était vrai qu’il y avait eu des déclinaisons et que les rois du rock ou du métal de son adolescence ne faisaient pas les mêmes recettes que ceux qui leur succédaient. Pour autant ça restait quand même dans le même registre. Ceci étant dit :

« Parmi mes groupes de rock préféré il y a beaucoup de nationalités mais il faut admettre que l’Amérique et l’Angleterre ont su se tailler la part du lion. Toutefois quand je pense à Ghinzu ou Mintzkov je me dis que le reste de l’Europe peut voir naître de vraies perles. »

Il salue brièvement Ivy, la laissant à sa potentielle surprise de le voir être plus callé qu’il n’en avait peut être l’air. Encore que « callé » n’était pas le mot. Il ne connaissait pas tous les groupes et n’avait pas d’intérêt à ce que ce soit le cas ! Mais il avait découvert beaucoup de choses, d’une manière ou d’une autre. Et à propos du métal, il concède :

« Niveau métal j’avoue que si tu me parles de Marilyn Manson tu vas me laisser assez froid. Je suis de ceux qui pensent que le métal le plus écoutable est finlandais ou dans ce coin là… ! Mais j’ai été surprit : au Japon et en Corée il y a quelques excellent groupes méconnus dans ces deux déclinaisons. »

Des amis avaient finit par lui trouver des choses écoutables pour lui ! Bon malheureusement ils n’avaient pas autant de visibilité que les nouvelles idoles qui sortaient tous les six mois c’est sûr… Et pour conclure à propos de la jalousie et ce qu’elle enchaînait les gens, Raphael assure :

« Personne n’est fait pour être enchaîné, à moins de choisir ses propres chaînes par goût du bonheur. »

Levant les yeux au ciel, Raphael reconnaît :

« Je me fais l’impression d’avoir été transformé en biscuit chinois. »

De ceux avec ces proverbes ou conseils plus ou moins nébuleux et digne des pires torchons présentant l’avenir selon le signe astrologique ! Mais bon, tant pis pour maintenant. Le sujet était de toute façon très vaste et débattre dessus aurait pu leur prendre la nuit, même en étant tous les deux d’accord comme ça semblait être le cas !

« Parfois quand c’est possible les petits amis sont juste fait pour rester des amis. »

Malheureusement quand une relation se terminait mal, récupérer l’amitié était rarement quelque chose de facile. Il pouvait en témoigner et vu comme Ivy en parlait, elle pouvait probablement également. Raphael n’en rajoute pas pour ce qui était de cette relation entre Ivy et l’homme mystère ensuite. La jeune femme ne voulait pas en parler et lui ne comptait pas lui tirer les vers du nez. Par contre propos des coréennes qui auraient pu lui taper dans l’œil :

« Ho tu sais, moi j’aime les coréennes très naturelles, très femmes et, je dois l’admettre : assez coquines. Mais d’avantage dans le sens des femmes fatales que dans celui des femmes enfants. »

C’était son problème majeur avec les femmes ici et mal à l’aise, Raphael reconnait :

« Le concept de ces jeunes femmes qui se font passer pour des écolières me dépasse. Et plus encore lorsqu’elles s’insurgent d’être draguer ensuite par des pervers… J’ai du mal à accepter cette maigreur que beaucoup de femme porte en étendard et si je trouve qu’un teint de porcelaine peu avoir son charme, je ne suis pas convaincu par les agents de blanchiment de la peau… »

C’était un peu l’heure de sa critique sur la mode sûrement. Ho il n’allait pas mentir :

« Certaines femmes sont somptueuses avec tous ces critères mais la plupart me laissent assez froid. Mais je comprend que ce soit une question de culture. Chez moi en général on préfère les peaux bronzées et les formes un peu pulpeuses. Maintenant peut être que je n’ai juste pas encore rencontre LA personne faite pour moi. »

En revanche, étouffant un rire, Raphael admet :

« Mais j’adore le fait que les coréennes soient petites ! »

Quand même une chose qui lui plaisait ! Raphael ne se voyait pas avec une femme très grande sur le principe. Puisque les hommes étaient parfois dans ses goûts il se devait d’admettre qu’il était moins difficile en ce qui les concernait… Mais voilà, une petite femme avec un peu de chair et le teint ambré, ça avait le don de lui donner envie de sortir le Casanova qui sommeillait en lui ! Et à son grand désarroi, c’était l’image type de son ex-femme !

Quoi qu’il en soit le sujet de l’écriture ne semble pas passionner Ivy et Raphael n’insiste pas. Il n’était pas là pour l’aider à s’orienter dans la vie et supposait qu’il y avait déjà bien assez de monde pour essayer de lui ouvrir des portes. Il n’avait pas l’intention d’en rajouter, à moins que son aide soit requise d’une façon plus ou moins claire.

La conversation vire en tout cas au culinaire et Raphael sort son cellulaire pour noter le nom de l’endroit qu’Ivy lui donne, lui montrant l’appareil pour qu’elle lui confirme l’orthographe du mot. Il avait encore du mal avec les noms propres, allez savoir pourquoi eux en particulier. En tout cas ça pouvait être une bonne idée un jour de spleen ! Et cette histoire de pâte à le don de le faire rire hein !

« Est-ce que tu trouves du… Ha, comment vous appelez ça vous autre ? »

Il réfléchit un instant, le mot lui échappant et finalement, le retrouvant :

« La vegemite ! Je suis allé une fois dans ma vie en Australie et j’ai goûté ça… Sans vouloir t’offenser, j’ai trouvé ça immangeable ! »

C'était probablement parce qu'on dénigrait souvent ses goûts musicaux, ou que l'on s'en servait de prétexte pour la juger que Ivy n'aurait jamais pensé que Raphael puisse s'y connaître, même un minimum en rock, hardrock et metal. Mais force est de constater qu'il avait quelques notions, que Ivy écouta religieusement, la bouche légèrement entre-ouverte dans un « o » silencieux, surprise d'entendre qu'il y touchait un peu. Elle se mit à sourire lorsque, malgré sa tirade, il la salua, comme s'il s'amusait de la surprise qu'il réveillait en elle. Il conclut brillamment en parlant de rock finlandais et coréen. Elle hocha la tête, sincèrement impressionnée. « Whoah qui l'eut cru ! J'avoue. Et je suis d'accord avec pas mal de tes avis. Je t'embrasserais bien même ! » Dit-elle en riant. « Tu es un des rares qui s'y connaît un peu et ne me dit pas que j'écoute un son de barbares. » Elle rit encore un peu en repensant à tous les commentaires qu'elle pouvait entendre ici. Les coréens étaient accro à la pop ou aux longues ballades sirupeuses alors forcément, il y avait comme un gouffre culturel entre elle et les autres, bien qu'elle généralisait et qu'il y avait quelques exceptions. « Je suis assez d'accord avec toi. Je vais souvent au Japon pour faire quelques concerts. Je ne sais plus si c'est le mois prochain ou dans deux mois, il y a des concerts de Maximum The Hormones à Tokyo, mes places sont déjà au chaud dans mon tiroir de bureau. » Plaisanta-t-elle doucement. Elle travaillait pour avoir son argent, et elle aimait se faire plaisir de cette façon.

Elle préférait parler musique que de ses relations amoureuses, parce qu'elles étaient souvent chaotiques. Peut-être Ivy était trop passionnée dans ce qu'elle ressentait, et qu'elle ne pouvait que finir par se blesser. La relation qu'elle avait avec Gabriel était loin de tout ça, des prises de tête et des sentiments trop forts, juste qu'elle n'était pas autorisée. Ne pas en parler lui semblait plus prudent. Elle ne pu s'empêcher d'éclater de rire lorsque son ami canadien se fit l'impression d'un biscuit chinois. Il n'avait pas tort, mais ses propos étaient véridiques elle devait bien l'avouer. « Certes ! Mais tu n'as pas tort ! De toute façon les biscuits chinois ont toujours raison. » Elle garda son sourire même si ce sujet était compliqué, et la ramenait à de souvenirs pas forcément faciles. « Oui c'est vrai, mais parfois lorsque les regrets sont trop lourds,  malgré que l'on veuille rester amis, les choses sont trop compliquées. » Elle savait tristement de quoi elle parlait. « Tu as gardé de bons rapports avec ton ex femme ? » Il en savait un peu sur elle, elle estimait avoir le droit de savoir un petit peu. « Ou alors tu es du genre faites ce que je dis et pas ce que je fais ? » Elle avait un sourire taquin, elle ne le jugeait pas, elle le chahutait juste un petit peu.

Elle ne s'attendait pas à ce que Raphael aime le genre de coréennes, et très probablement de femmes en général, qu'il lui décrivit. Allez savoir pourquoi, avec sa carrure, elle l'imaginait préférer les femmes fragiles à protéger aux femmes fatales comme il le disait si bien. Elle ne put cependant retenir un éclat de rire à la conclusion qu'il apporta à tout ça. « Hey on est pas petite ! C'est toi qui est beaucoup trop grand, c'est pas pareil. » Elle lui tira la langue avant de rire doucement. « Je suis assez d'accord avec toi en fait. Je trouve triste que certaines femmes refusent d'embrasser leurs féminités et leurs corps pour préférer entrer dans des canons de beauté qui ne sont pas les leurs. » Elle haussa les épaules avant d'ajouter : « Mais les coréens pour le moment préfèrent favoriser le physique à tout le reste, tout le temps que ce fait ne changera pas, les femmes devront beaucoup souffrir pour être belles comme on dit. » Sauf Ivy. Elle faisait des efforts pour se plaire, mais refuser de changer pour plaire aux autres. Elle ne cachait pas ses tatouages, elle ne voulait pas changer de couleur de cheveux, et elle ne prévoyait pas de couvrir sa peau halée par des fonds de teint trop blancs.

Parler nourriture occidentale lui avait donner faim. Ivy aurait tué pour une grosse assiette de pâtes, mais elle n'avait plus grand chose chez elle. Un passage par la boutique qu'elle avait évoqué allait être obligatoire dans les jours à venir. Elle éclata de rire en l'écoutant, ah la végémine. Bien qu'il parlait de l'Australie, on en trouvait aussi en Nouvelle-Zélande. « Oui oui, on en a aussi chez nous. » Elle avait souvent entendu des discours similaires à celui de Raphael, pour elle c'était quelque chose de normal. « Enfin, à la maison mes parents cuisinaient beaucoup coréen. » Sa mère n'avait jamais renoncé à cuisiner des petits plats comme une bonne épouse coréenne, et ils avaient rarement mangé autre chose sous leur toit, sauf pour les dîner d'affaires. « Et ne prétend pas qu'il n'y a rien de ce genre au Canada ! C'est pas parce que vous avez le sirop d’érable que tout est bon chez vous ! » Elle rit une nouvelle fois, se moquant doucement de lui. Elle tapa des mains en se souvenant de quelque chose. « Ah oui et vous avez ce truc de fou là... C'est hyper gras mais que c'est bon... La poutine ! C'est ça ? » Elle en avait mangé à plusieurs reprises. Elle se sentait à chaque fois terriblement coupable mais ne pouvait s'empêcher d'en commander à chaque fois qu'elle en avait l'occasion. « Je me sens obligée de faire un jogging à chaque fois que j'en mange. » Ajouta-t-elle en souriant. A parler de toute cette nourriture, son café finissait par lui sembler complètement fade.