Il était loin, le garçon qui observait de loin celle qu’il désirait. Il avait franchi de nombreux obstacles, s’était affranchi de sa timidité et avait provoqué le destin. Et à cet instant, à ce moment précis je ne pouvais que ressentir la fierté et le soulagement d’avoir su dépasser cette crainte. Le sourire étirait mes lèvres contre les siennes, je ne parvenais à retenir la joie de fendre mon visage en une moue comblée avant de retomber afin de goûter ce que je convoitais depuis tant de temps. Il était exactement comme je l’avais imaginé, un baiser pourtant maladroit mais au travers duquel je me délectais de son parfum, je savourais la douceur de ses lèvres qui se fuirent finalement pour me laisser tout le loisir de mêler nos deux souffles. Ma conscience me murmurait que c’était une erreur, qu’il ne fallait pas franchir cette limite, que cet instant ne durerait pas… et je la bâillonnais. Refusant obstinément de rester une nouvelle fois au second plan, mes bras écrouaient sa taille tandis que ses jambes emprisonnaient les miennes, et même si je voulais davantage, l’oxygène venait à manquer, mais je préférais ne plus jamais respirer plutôt que de rompre cette étreinte. Pas même lorsque je parvins à sentir la douleur soulever sa poitrine dans un hoquet dissimulé, et si elle resserrait son emprise, mes yeux s’ouvrirent difficilement, juste pour m’assurer qu’elle allait bien, juste pour me persuader que je ne commettais pas l’irréparable. Si seulement j’étais resté sourd à l’appel de détresse de son corps, je n’aurais pas eu à voir les larmes rouler de nouveau sur ses joues, je n’aurais pas eu le cœur déchirer de la voir souffrir de cette étreinte. Du moins c’est ce que je comprenais de cette tristesse soudaine. Les perles s’échappaient du coin de ses yeux, et je pus voir ses onyx inondés lorsqu’elle mit fin à cet échange. Tu fais une erreur Seo Joon… Mes pensées m’accablaient, me reprochaient d’avoir profité d’un instant de faiblesse et de n’avoir pas su la réconforter comme je savais pourtant le faire d’ordinaire. Mais je n’eus pas plus le temps de réfléchir, ni même de lui murmurer quelques paroles réconfortantes qu’elle me força au silence. Une contrainte que j’accueillais sans même la repousser, et qui me laissa un goût quelque peu amer. Étais-je entrain de me servir d’elle ? Et brutalement, ma volonté s’effondra, je ne pus rester de marbre contre ses lèvres inquisitrices pour finalement répondre à son appel. Mes paupières chutèrent sur ces larmes qui se déversaient pourtant toujours ses joues, je sentais sa peau noyée de ces diamants liquide contre la mienne sans pour autant réussir à lui rendre sa liberté. Ou bien était-ce elle qui m’en privait ? Plus rien n’avait de sens, plus rien si ce n’était mon cœur qui hurlait de cette affliction pourtant si douce. Puis en une fraction de seconde, elle s’éloigna pour se délester du coton qui recouvrait ses épaules, sans même me laisser le temps de comprendre ce qu’elle venait de faire, elle se jeta à nouveau sur l’ourlet de chair qu’elle malmenait malgré elle, tandis que mes paumes échauffées soutenaient son dos. Lorsqu’à nouveau elle mit fin à ce baiser, et ce n’est qu’à cet instant que je compris. Le muscle loupa un battement en découvrant que désormais il ne lui restait qu’une seule barrière avant de me dévoiler entièrement le haut de son corps. Puis une phrase, quelques mots lâchés à bout de souffle, une supplication à laquelle j’aurais tellement aimé pouvoir répondre, et pourtant… je restais encore une fois figé, interdit devant elle.

La soirée avant commencé sous le signe du jeu, de l’humour et de la bonne humeur, comment avait-elle pu changé à ce point ? Comment la situation s‘était elle retournée pour finalement jouer avec la pudicité, l’envie et les sentiments inavoués ? Je retenais les tremblements de me secouer de peur qu’ils ne trahissent les doutes qui m’assaillaient soudainement, et d’un air grave, je plongeais dans son regard pour tenter de comprendre. Mais je ne pouvais y lire qu’une lueur étrange et que je ne lui connaissais pas encore. « Noona… est-ce que ça va ? Je… » Je peux partir, te laisser le temps de guérir de ce qui te fais si mal. Mais tout ce que je voulais à cet instant, c’était de goûter à nouveau ses lèvres et de dessiner de mes mains les lignes délicates de son corps qu’elle venait de me révéler. Je dû me faire violence pour ne pas regarder, pour simplement contempler son visage jusqu’à ce qu’elle soit sûre de son choix. « Je ne veux pas que tu regrettes, ni même que tu souffres… je ne veux pas que tu te sentes forcée de faire quoi que ce soit, je… » Elle réveillait en moi toute la concupiscence dont j’ignorais tout et qui se diluait paresseusement dans mes veines. Et j’attendais, suspendu à ses lèvres, mes yeux rivés aux siens, dans l’espoir qu’elle ne décide soit de mettre fin à mon calvaire, soit de m’accorder un instant, juste un moment de cette douceur qu’elle cachait au monde.

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« Only Human »

But I'm only human, And I bleed when I fall down, I'm only human, And I crash and I break down, Your words in my head, knives in my heart, You build me up and then I fall apart, Cause i'm only human...

©️crackintime

Et cette étreinte l’apaise. De longues minutes elle reste ainsi. Blottie contre lui. Puis Sawan se redresse, suffisamment pour garder son regarde rivé au sien, ses mots, sa timidité, ses craintes … tout transpirait l’amour chez ce garçon. Tout était touchant ; tout attirait Sawan. Elle était touchée par sa bienveillance et sa quiétude. Il était différent des autres. Il était serein, calme. Il combattait ses propres démons mais ne les laissaient pas l’envahir. Elle l’admirait. Elle l’admirait Sawan pour avoir cette force. Elle aurait aimé se fondre dans ses bras et ne plus jamais rien craindre du monde. Elle sait pourtant qu’elle ne peut rester ainsi cachée, pourtant le bien-être qu’elle ressent à cet instant l’apaise. Elle se noie dans sa contemplation. L’expression de son visage est si … sincère. Il est beau. Beau de ces émotions qui sont dépeintes sur son visage délicat. Il la trouve belle. Il ne veut ni la posséder, ni la dominer. Il ne veut ni lui faire de mal, ni la blesser. Il s’inquiète pour elle et la fait passer avant ses propres besoins. Sawan est à un tournant de sa vie où elle sombre dans le vide ou se raccroche à la falaise. Seo Joon venait de lui prouver qu’une main lui serait alors toujours tendue … ses doigts tremblants viennent caresser sa joue délicatement. Elle chercherait quoi lui dire si elle avait l’esprit assez claire … Les larmes lui montent aux yeux à nouveau. Mais d’émotion cette fois. Emue. Elle se penche vers lui et colle son front au sien en fermant les yeux. Ses larmes glissent alors sur les joues du garçon comme si elle partageait sa peine. Elle caresse ses joues de ses pouces et se perd dans cette sensation de plénitude. Il devait être sûrement perdu, incertain sur ce qu’il devait faire. Alors Sawan lui montre, lui prend les mains pour qu’il vienne la serrer dans ses bras. La serrer fort. Non, elle ne partira pas ce soir, elle ne mettra pas fin à ses envies non plus. Parce que ce soir Sawan voulait lui apprendre l’amour. Le partage. Elle voulait se souvenir de ce que c’était que de s’oublier dans les bras d’un autre … alors dans un geste qui se veut délicat, elle lui soulève le visage et se penche vers lui. Ses lèvres viennent épouser les siennes avec délicatesse pour un baiser chaste, doux, puis un baiser qui veut lui prouver, lui montrer que « Je te veux toi … je te veux toi Seo Joon … » Elle ne réalisait pas que sa nudité pouvait gêner le garçon, ni même qu’il n’avait jamais connu ça … alors, peut-être dans un soucis d’équité, pour être plus à l’aise contre lui, elle soulève le t-shirt du garçon et murmure « Retire le … »