insouciance de l'enfance

des rires, des joies, et même des larmes. des conneries à droite à gauche, des courses à n'en plus finir, des jeux de regards malicieux, des jeux d'enfants en réalité. véritable bout-en-train, je ne laissais jamais rien au hasard. toujours dans les bons comme dans les mauvais coups, c'était l'enfance que j'avais décidé de mener. venant d'une famille modeste, j'ai eu la chance d'être choyé et aimé. si bien que lorsque mon père et ma mère m'ont annoncé la venue d'une petite soeur, je me souviens avoir ressenti une joie immense.

au fur et à mesure des années, les échappées belles enfantines s'accumulaient. évidemment, j'étais tellement fier d'être grand-frère que je me plaisais à entraîner woori dans nos bêtises les plus folles. elle devenait de plus en plus importante pour moi, et nous étions comme les cinq doigts de la main; toujours fourrés ensemble à en faire voir aux autres des vertes, et des pas mûres. ainsi l'insouciance de mon enfance s'est déroulée, sans soucis apparent. et l'adolescence suivit, dans ce même état d'esprit.

le premier amour, est toujours le dernier.

je me souviendrais toujours de ton sourire, aussi éblouissant que le soleil lui-même. t'avais-je déjà dis ces mots ? peut-être t'avais-je charmé à ma manière, en te montrant sincèrement que cette attirance, cette curiosité amoureuse était réciproque. notre premier amour, aussi léger qu'une plume mais aussi profond que l'océan. je te revois encore t'avancer vers moi, à cette époque, je ne voyais que toi. des regards complices, et des gestes échangés. certains plus ambigu que d'autres, et pourtant comme j'avais toujours rêvé de te dire ces mots. je t'aime. j'étais sûrement le premier à tomber pour toi, entre nous deux. à moins que tu me regardais aussi de loin ? déjà à cette époque, mon charme en attirait plus d'une, mais je ne pensais qu'à toi. je suis tombé fou amoureux de toi, et après quelques échanges et quelques mois passés à se tourner autour, toi et moi, ça s'est fait, à mon plus grand plaisir.

cette fleur venait d'éclore

 tout semblait beau, tout semblait pur. tu étais le brin de folie qui manquait à ma vie. les années passaient, mais je ne regardais toujours que toi. nous avons passé nos années lycée ensemble, et ce fut, sûrement, les plus belles années de ma vie. je suis rentré à la yonsei, commençant mes études en sciences politiques et droit. mon but était de diriger, d'être à la tête d'une entreprise et je comptais me battre pour y arriver. je savais sincèrement que j'en étais capable. mais quelque chose me rattrapa encore plus vite: le service militaire. le jour où j'ai regardé bora dans les yeux et où j'ai acquiescé d'un oui je le veux, c'était le 7 août 2009. à l'époque, j'étais encore assez jeune pour me marier, j'avais vingt-et-un an, je pouvais attendre. attendre de savoir si notre amour allait continuer, mais pris dans cette peur effroyable de la perdre pendant mes vingt mois loin d'elle, j'ai voulu lui passer la bague au doigt, croyant inlassablement que cela ne pouvait être qu'elle, la femme de ma vie.

et puis, lentement, la fleur s'est fanée

ce 7 juillet 2012, woori a accouché d'un petit garçon, qu'elle nomma yoon woo. quand elle l'a annoncé, ce fut un choc pour moi. qui était le père ? qu'allait-elle faire d'un enfant si jeune ? j'étais revenu de l'armée depuis un an et j'avais emménagé avec bora. mais les choses ne se sont pas produites comme je l'avais rêvé. nous avions la pression de la société sud-coréenne, cette pression qui peut te faire tout remettre en question autour de toi. un mariage, un emménagement à deux et maintenant.. un enfant. et alors que woori, ma soeur avec qui j'avais toujours été fusionnel, m'annonçait qu'elle était enceinte, tout s'est effondré. dans mon esprit, je voyais flou. comment pouvait-elle avoir cet enfant avant moi ? ce n'était pas dans l'ordre des choses, ce n'était pas.. comme ce que les parents aurait voulu de moi. lentement, doucement, la fleur s'est fanée, et j'ai laissé mes pensées noires m'envahir.

la vie est un long fleuve tranquille

je l'observais regarder le test de grossesse, sûrement comme je l'avais déjà observé de nombreuses fois. rien n'y faisait. ce bébé, cet enfant, cette nouvelle étape, rien n'arrivait. la pression que notre entourage nous faisait ressentir, commençait à me rendre fou. notre couple a commencé à s'effondrer, sous les disputes et les reproches, sous les suspicions et les jalousies apparentes. sous le regard des autres, et le qu'en-dira-t-on. je commençais à ne plus reconnaître bora, et je m'éloignais, petit à petit. je ne me sentais plus lié à elle.

entre temps, j'avais changé de voie. j'avais travaillé un an dans une boîte de design, à la tête d'une équipe, et j'aurais pu continuer ainsi. mais l'envie de faire de la cuisine mon métier me trottait dans la tête depuis bien trop longtemps. n'écoutant que mes sentiments et ma façon de penser, j'ai foncé. j'ai bifurqué. deux ans de formation en cuisine et en février 2017, j'étais devenu cuisinier au nyam nyam. de cette manière, j'espérais un peu m'évader de ce quotidien, dans lequel je me sentais piégé, quelque chose qui me correspondait de moins en moins. et peut-être que, de cette façon, les choses avec bora allaient s'arranger. encore une fois, ce fut une pensée puérile, bien puérile.

je pensais t'avoir trouvé

la vérité, c'est que je me sentais obsessionnellement emprisonné, dans cette culture traditionnelle à suivre à la lettre, dans cet environnement étouffant, et je voyais dans les yeux de bora cette tristesse de ne pas avoir d'enfant, mêlée à de l'incompréhension. cette situation nous plombe, elle et moi, encore aujourd'hui, et j'ai l'impression de ne plus m'en sortir. lorsque je suis au nyam nyam, et que je cuisine, je me sens bien, apaisé et dans un autre monde, que celui vers lequel tout le monde tend à me mener. cette vie, je n'étais plus vraiment certain d'en vouloir, et j'en venais à douter de mes propres sentiments, envers cette femme, qui me séduisait tant auparavant. j'entendais la pression alors je l'écoutais. c'était la seule raison qui me poussait encore à toucher bora.

récemment, je réalise que je préfère même être au travail, que de revenir à la maison. je fais des heures supplémentaires, à n'en plus finir et je rentre à des heures tardives. un soir, j'ai finis par tromper ma femme. mais une tromperie, en entraîne souvent une autre, et j'ai réitéré. au restaurant, j'ai l'habitude de côtoyer certaines clientes, avec qui je passe du bon temps. j'imagine, que ça me fait me sentir désirer à nouveau, pour autre chose que de procréer. cette attraction séduisante que ces liaisons m'offrent, ce renouveau qui me fait me sentir homme, encore. j'agis discrètement, alors bora n'en sait rien. je continue de m'éloigner d'elle, et de cette pression insupportable de nos proches, pour finir par, étonnamment, me rapprocher de woori et de son fils, yoon woo.

yoon woo, j'aurais aimé que woori nous le confie, à moi et bora. peut-être que ça nous aurait évité d'en arriver là. c'était, j'en suis convaincu, la solution pour sauver notre couple même si, je n'étais plus sûr d'un vouloir un, de gosse. mais je l'aime ce petit, et je suis le premier à en prendre soin. alors pendant que ma vie semble prendre un chemin dangereux, les choses se font, et se défont, les liens s'entremêlent et se démêlent, et mes pensées se focalisant sur bora ne semblent en venir qu'à une seule conclusion, je pensais t'avoir trouvé.