« Ouais… » Heureusement, pas aussi longtemps, comme il l’avait spécifié. C’était toujours incompréhensible pour lui. Il ne pouvait se contenter de demander aux individus louches d’arrêter de le suivre, hélas. Son regard s’était posé sur Junyong à nouveau et il avait hoché la tête en écoutant sa réponse, réalisant que son interlocuteur avait très certainement raison. « Non, de mémoire… Enfin j’avoue que je regarde pas vraiment sa tête, je m’inquiète surtout de voir qu’on me suit… » Une erreur de sa part, mais de toute évidence, il ne pouvait pas faire quelque chose d’autre qu’essayer de s’en souvenir, aujourd’hui. La question suivante lui avait arraché un léger sourire.

« Ah, je suis influenceur ! » Un métier comme un autre, à ses yeux. « Enfin, je suis aussi hand-model. » Mais surtout étudiant, mais de toute évidence, ça ne valait pas la peine qu’on le mentionne. « J’ai pas mal de gens qui me suivent mais disons qu’habituellement, c’est pas dans la rue, haha. » Quelle bonne blague. Il fallait clairement qu’il arrête l’humour. « Si ça commence à arriver ça va devenir un peu ennuyeux… » Mais bon, il n’était pas là pour parler de ça. « Et toi, tu fais quoi dans la vie ? » Il savait pour lui, après tout.

Junyong écouta ce que Eun avait à lui dire et il hocha la tête à ses mots. C'était inquiétant qu’il ne se rende pas compte qu’il était suivi et encore plus qu’il n’ait jamais vu la tête de la personne. « Est-ce que tu l’as vu pour retenir son visage pour la prochaine fois ? » C’était la meilleure chose à faire pour ce genre de situation. « Enfin, je te souhaite pas qu’il y ait une autre fois. Je pense que c’est assez une seule fois. » Eun ne pourrait qu’être d’accord avec lui. Ce n’était pas tous les jours qu’on se faisait suivre dans la rue et encore moins par un inconnu. Ça n’était encore jamais arrivé à Yong et il n’avait pas réellement envie d’expérimenter ce genre de choses. Il était bien dans sa vie sans tarés qui le suivaient partout où il allait. Puis de toute façon, il ferait sûrement ce qu’il faisait si bien, si c’était un homme, il le draguerait. La plupart s’enfuirait en courant. Pour les femmes, il n’aurait sûrement qu’à dire le prénom d’un idol ou le nom d’un groupe connu pour s’échapper. Heureusement ça ne lui était pas arrivé et ce malgré son métier.

En parlant de métier, il demanda ce que Eun faisait et Junyong ne fut par surpris de savoir qu’il était suivi. Il apprécia le jeu de mots qu’il fit et un sourire s’afficha sur ses lèvres. « Oh je vois ! C’est sûrement pour ça qu’on te suit dans la rue. » Yong hocha à nouveau la tête. C’était sûr que ce n’était pas agréable. « Je suis streamer la plupart du temps quand mon père n’essaie pas de me faire reprendre l’entreprise familial d’immobilier. » Il grimaça à cette phrase. Il n’avait jamais eu envie de faire de l’immobilier. Soyong était bien plus douée à ça que lui. Tout ce que le plus jeune de la famille An rêvait, était de faire du jeu vidéo qui était sa passion, son métier. Et il y arrivait mieux que ce que son paternel aurait voulu. « La joie d’avoir une grande sœur qui ne convient pas aux standards de mon père. » Il se dévoilait un peu, parce qu’après tout Eun avait fait la même chose.

«Eun avait hoché la tête à la question très judicieuse de son camarade improvisé. « Oui, je l’ai vu tout à l’heure, quand il est passé. » Il avait été suffisamment stupide pour regarder dans sa direction, ce qui facilitait forcément les choses. « Oui, je me dis aussi… » Il détestait l’idée d’être pris en chasse, qu’importe par qui. Son regard s’était posé devant lui alors qu’il essayait de déterminer si ce type était finalement sorti. Les gens étaient tellement bizarres… Heureusement, Junyong semblait particulièrement… normal. Il ne pouvait pas mentir : il en était heureux. Après tout, le contraire aurait été un peu préoccupant ; il ne pouvait pas rencontrer deux personnes totalement bizarres en même temps, si ? Il faudrait qu’il en parle à Jae.

« Oh, tu stream quel genre de choses ? Du jeu vidéo ? » Il devait bien l’avouer, c’était souvent ce qui revenait, quand il était question de streaming. Il connaissait quelques amis qui se livraient à la même activité, mais il ne parlait pas très souvent avec eux. En fait, il parlait à tellement de monde que trouver une seule personne à laquelle s’attacher était parfois un peu difficile, même si cela l’était un peu moins depuis qu’il avait eu la chance de faire la connaissance de Jae. « Et ça ne t’intéresse pas, de reprendre tout ça ? » La grimace lui mettait la puce à l’oreille, mais il préférait être certain d’avoir bien compris. À quel moment avaient-ils commencé à avoir une discussion sérieuse ? Cela ne lui déplaisait pas, cela dit. « Oooh, elle s’appelle comment ? Moi je suis fils unique, c’est un peu triste… » Il aurait rêvé d’avoir une sœur ou un frère, mais cela n’était visiblement pas possible. Du moins, ses parents n’en avaient pas envie. Il devait se contenter de lui-même et des personnes qu’il rencontrait.

Junyong était rassuré de voir que Eun avait quand même le visage de la personne qui le suivait en tête. Même si ce n’était pas grand chose, c’était déjà un élément qu’il pourrait donner aux policiers si jamais le type venait à le suivre à nouveau. Après tout, s’il l’avait fait une fois, qu’est-ce qui l’empêcherait de le faire à nouveau. Néanmoins, de ce qu’il pouvait voir, il était parti. Peut-être que le fait de voir le jeune homme parler à quelqu’un d’autre l’avait dissuadé de continuer à le stalker. Il y avait des gens malades un peu partout sur la planète mais quand ça arrivait près de soi, ce n’était jamais marrant. Heureusement, Eun semblait le prendre mieux qu’il le pensait.

La conversation se détourna alors sur les activités professionnelles de chacun et Junyong en vint à se livrer un peu sur sa condition. « Ouais je streame du jeu vidéo depuis quelques années maintenant. J’ai une petite communauté qui grandit doucement… Mais je n’entre pas vraiment dans les standards qu’on attend d’une personne publique en Corée. » En effet, il jurait, parlait d’homosexualité librement même s’il n’avait jamais clairement fait son coming out dans un de ses streams à cause de la réputation de sa famille et de pleins d’autres sujets controversés et tabou dans son pays natal. Heureusement, même si son père le pressait pour reprendre l’entreprise d’immobilier, il le laissait faire et dire ce qu’il voulait en live, tant que ça n’entachait pas la réputation des An. « Absolument pas. Je n’ai jamais aimé l’immobilier et honnêtement j’ai même arrêté mes études pour pas bosser dedans et partir faire mon service. » De cette façon, il avait eu deux ans de plus de répit avant que son père ne réessaie à l’introduire dans le monde immobilier. « Elle s’appelle Soyong et elle a 6 ans de plus que moi. On est pas vraiment proche, mais elle est passionnée par le métier. Seulement, c’est une femme et tu comprends, une femme CEO, ça ne convient pas à mon père. » Cette vision archaïque n’était pas la sienne et même si ça lui avait plu, il aurait tout fait pour que sa soeur reprenne quand même la tête. « Tes parents ne voulaient pas d’autres enfants ? » demanda-t-il, espérant que ce ne serait pas déplacé à cause d’un décès ou d’un divorce.

Il allait en parler à ses parents quand il en aurait l’occasion, de toute façon. Ses parents ne manqueraient pas de l’aider et de s’assurer que ce gars ne le prendrait plus en chasse, si c’était bel et bien ce qu’il faisait. Pour l’heure, il était assez heureux d’avoir pu rencontrer une personne avec laquelle il pouvait discuter sans trop de problème. Cela le mettait de très bonne humeur. Une humeur bien meilleure, en vérité, que celle qu’il avait juste avant.

« Oh, je vois ! Ça a l’air intéressant. C’est quoi ton nom de streamer ? » Il avait hoché la tête avant de froncer les sourcils. « Ah bon ? Qu’est-ce que tu veux dire par là ? » C’était difficile à comprendre pour lui. Il était homosexuel, mais cette sexualité n’était jamais abordée sur les réseaux sociaux, à part par ses admirateurs et les personnes de la communauté. Après tout, il défendait la cause. Pas étonnant, après tout ça, qu’une grande partie des personnes qui le suivaient venaient de l’étranger. « Oh, je vois… » Il voyait beaucoup, en effet. Mais ce n’était pas parce qu’il ne s’intéressait pas à ce que lui racontait Junyong, au contraire. Il connaissait bien la pression de reprendre l’affaire familiale, même si son père à lui n’avait jamais vraiment insisté là-dessus. Sa mère le protégeait bien trop pour ça. D’un autre côté, il leur rapportait bien plus d’argent en tant qu’influenceur, alors pourquoi auraient-ils dû arrêter d’encourager leur petite poupée articulée ? « C’est ridicule. » avait-il affirmé en fronçant les sourcils. « Enfin, désolé, je ne voulais pas insulter ton père… Mais si elle est passionnée, il devrait la laisser travailler dans le milieu et faire ce qu’elle veut. » Il avait croisé les bras en secouant la tête à la question suivante. « Non, ils n’avaient pas le temps. Enfin, ils me disent souvent qu’ils n’en ont jamais eu envie… Mais ça va en vrai, j’ai beaucoup d’autres amis. » Des amitiés pas forcément profondes, mais qui avaient fini par remplir un peu sa vie. « Ma mère a toujours tout fait en son pouvoir pour que je sois pas tout seul. » Ah, s’il avait su les raisons. « T’as eu une nourrice du coup ? » L’habitude qui s’exprimait, une fois encore.

Junyong n’aurait jamais pensé parler à quelqu’un de la sorte. Ce n’était pas dans ses habitudes d’aider les gens, mais Eun semblait réellement avoir besoin d’assistance. Et maintenant, ils faisaient connaissance, Junyong parlant de ce qu’il faisait dans la vie après avoir appris ce que sa nouvelle connaissance faisait. Il lui révéla quelques trucs sur lui et il sourit en voyant l’intérêt qu’il provoquait. « Tu peux me trouver sous Bloodstream. Je stream souvent le soir et la nuit. C’est là où j’ai le plus d’audience... » Il sourit un peu plus avant de lui répondre. « Je parle de sujets jugés tabous en Corée, comme la cause LGBTQIA+, la condition des femmes et d’autres trucs qui m’ont valu le retrait de certains sponsors. Ça ne leur convenait pas que leur marque soit associée à moi. Et sinon, je suis naturel. Je jure, je rote ect… Ça non plus, ça ne plait pas. » Yong ne comptait plus le nombre de fois où il avait perdu des partenariats simplement parce qu’il avait dit un mot de travers et que ça ne pouvait pas être associé à la marque. Tant pis, il en trouvait d’autres et il vivait très bien. Le jeune homme finit par avouer à Eun qu’il avait arrêté ses études et fait son service militaire pour éviter de prendre la suite de l’empire immobilier de son père. Il avait naïvement pensé que pendant son absence, son père reviendrait à la raison et ainsi qu’il pourrait profiter de sa vie et laisser Soyong prendre la suite. Mais ça ne s’était pas passé ainsi. Quand Juyong était rentré, rien n’avait changé. C’était même comme si son père voulait encore plus qu’il prenne la suite. Eun mit des mots sur ce qu’il pensait et il haussa les épaules. « Oh tu ne l’as pas insulté et même si tu l’avais fait… Tu n’as pas tort. Il devrait la laisser faire… Mais c’est malheureusement une femme. » Junyong lui demanda ensuite si c’était un choix qu’il soit fils unique et il hocha la tête à sa réponse. Avoir beaucoup d’amis, n’était-ce pas un moyen de compenser un manque ? Il n’en savait rien mais il se doutait que c’était ça. « Oh je vois… Non ce sont mes parents qui m’ont élevé. » Il n’avait pas eu de nourrice. « J’en déduis que tu en as eu une ? »

Eun était vraiment curieux, et surtout très intéressé par le travail des autres. Une raison principale était la façon dont il avait lui-même été élevé : ses parents aimaient savoir avec qui il travaillait, avec qui il parlait, et avaient pendant très longtemps gardé un œil plus qu’attentif sur tout ce qu’il faisait. [/b]» Oh, je crois que ça me dit quelque chose… » avait-il annoncé en plissant les yeux. Il avait dû croiser le nom un jour ou l’autre où il se perdait un peu sur le contenu d’autres streamers. « Ah… Je vois le genre, oui ! » Un léger rire avait filé entre ses lèvres. « C’est un peu le genre de choses qu’on n’aime pas trop que je fasse non plus… » Ses parents, en particulier, lui avaient toujours appris à ne pas se comporter comme ‘un porc’ en public… Mais autant dire que depuis qu’il était majeur, il avait pris quelques libertés. « Oui, c’est pas faux… Ça serait bien si les choses étaient différentes… » Il avait froncé les sourcils en l’entendant prendre la parole. « On m’a déjà demandé d’arrêter de parler de ce genre de choses parce que j’allais énerver les gens. » avait-il annoncé en laissant échapper un soupir. « Oui, j’en ai eu une pendant une grande partie de mon enfance, puis ma mère a pris le relai… » Il avait froncé les sourcils. « Mais du coup, t’as un manager ou tu te gères tout seul ? » Non, il n’avait jamais fini avec ses questions. [/font]

Si Eun prêtait attention à ce que Junyong lui disait, il se rendrait compte qu’il était réellement passionné parce qu’il faisait. Il n’avait pas encore parler de ses jeux préférés mais rien que le fait de mentionner son pseudo sur Twitch mais également ses horaires où il streamait le rendait heureux. Il parla aussi des causes qu’il défendait, sans citer le fait qu’il faisait partie de la communauté LGBTQIA+, ainsi que des choses qu’il faisait à l’écran qui ne plaisait pas aux sponsors. Junyong ne comptait plus le nombre de partenariat qui s’était terminé parce qu’il ne représentait pas une image immaculée. Sauf que contrairement aux idoles, il n'avait aucune raison de bien se comporter et de représenter la Corée du Sud comme eux le faisaient. « Et pourtant, c’est important pour les nouvelles générations. Les vieux sont foutus, mais ceux qui sont plus jeunes que nous, ceux de notre âge ou même certains plus âgés qui voudraient changer leur mentalité, c’est maintenant qu’il faut le faire. » Il soupira et serra légèrement les poings. « Ça existe et c’est pas en fermant les yeux et en prétendant que le racisme, l’homophobie, la transphobie et tout ça n’existent pas que c’est le cas. » Yong était toujours révolté par ce qu’il voyait et entendait. Combien de fois il lisait qu’une personne, simplement parce qu’elle n’entrait pas dans le moule hétéro se faisait frapper, n’importe où dans le monde. Ça le mettait hors de lui et s’il pouvait, à son échelle, essayer de changer la vision de ses viewers, il le faisait volontiers. C’était comme le fait que son père ne voulait pas d’une femme à la tête de son entreprise. Junyong était énervé parce que Soyong en était capable, plus que n’importe qui et surtout plus que lui. « Faut pas avoir peur de dire ce que tu penses ! Justement c’est quand tu ne dis pas ce que tu penses qu’on te marche dessus. Après tu peux dire les choses sans être insultant mais faut les dire quand même. » Il lui sourit avant d’écouter son histoire, ou du moins le bout d’histoire qu’il lui donnait « Oh d’accord… Mais c’est pas bizarre de pas être élevé par ses parents ? Fin toi t’as eu le comparatif non ? » Junyong trouvait ça bizarre mais si Eun avait été heureux, c’était le principal. « Non je gère tout, tout seul. Y a assez d’intermédiaire quand je dois négocier une sponso, c’est pas pour m’en rajouter un. Mais toi t’en as un non ? » Petit à petit, ils apprenaient à se connaitre.

Ah, Eun faisait l’objet d’une surveillance plus que rapprochée de la part de ses parents. Ce n’était pas pour rien qu’il ne leur avait jamais avoué faire partie de la communauté LGBTQIA+, d’ailleurs. Ils n’auraient jamais compris, jamais accepté cette vérité, et ils n’auraient pas non plus souhaité qu’il continue d’interagir avec ses amis masculins. Alors, il avait préféré continuer à faire comme si de rien n’était, même s’il devait bien avouer que, parfois, il s’amusait de réaliser que ses parents ne voyaient pas à quel point il était évident, dans sa façon d’être. Il ne cherchait pas à se cacher et, au contraire, se mettait en avant autant qu’il le pouvait, de façon plus discrète, pour que les personnes qu’il cherchait à viser le comprennent sans que les autres ne s’en offusquent. Mais tout ça, c’était un petit jeu qu’il avait commencé très récemment, et qu’il ne maîtrisait pas encore. « Évidemment que c’est important. Ça permet aux gens de se sentir compris et inclus, aussi. C’est ridicule que les gens ne le voient pas tous de cet oeil. » Mais Junyong avait tristement raison : c’était foutu, pour les plus vieux. L’homosexualité existait, et elle méritait d’être reconnue comme quelque chose de tout à fait naturel, non pas comme quelque malédiction que certains aimaient bien y voir. Ça, c’était tout bonnement ridicule. « C’est pas faux… »

Mais dans le fond… Influenceur, c’est tout ce qu’il était. Il faisait ce qu’on lui disait de faire, obéissait aux règles des partenariats et des sponsorisations que lui trouvait sa mère, puis, quand ça ne lui plaisait vraiment pas, il osait un peu lever le ton… Mais il avait besoin de tout ça pour se sentir en vie. Il vivait à travers l’objectif de cette caméra. « Hm… C’est un peu différent, oui. T’as pas le même lien avec les gens. » Il était plus proche de sa nourrice que de sa propre mère, à l’époque. Aujourd’hui, elle agissait envers lui comme un patron plutôt que comme sa génitrice, d’ailleurs. Ce n’est qu’en public qu’elle se montrait particulièrement affectueuse et admirative. « Ça a l’air compliqué… » Il avait néanmoins hoché la tête assez rapidement. « Oui, ma mère ! C’est elle qui s’occupe des partenariats et de mes finances aussi… Fin elle gère un peu tout pour que ça soit pas trop difficile pour moi. » Et surtout, elle s’était bien arrangée pour que cette compétence reste parfaitement en dehors de sa portée. Ah, c’était facile, quand on avait une personne aussi bienveillante pour s’occuper de nous. Si seulement il en avait eu conscience. « Elle aime bien faire ça alors ça me dérange pas du tout. » Il avait encore réfléchi un peu. « T’as déjà eu des problèmes à cause de tes streams, du coup ? »

Junyong était engagé dans ce combat et pas seulement parce qu’il faisait partie de la communauté. C’était quelque chose d’important à faire et ce même si cela dérangeait beaucoup de monde. Il n’avouait jamais explicitement qu’il était homosexuel dans ses lives parce que cela ferait du mal à ses parents, mais il ne niait jamais quand on lui demandait ou n’admettait jamais être hétéro. C’était la seule chose qu’il pouvait faire puisque sinon, ses parents n’apprécieraient pas. Ils n’étaient pas totalement fermés à ça, son père plus que sa mère, mais ils n’avaient pas envie d’être jugé parce que leur seul fils était gay. « La société est ainsi faite. C’est à nous et aux futures générations de faire changer les choses. » Ce n’était pas en ayant des oeillères que ça ferait avancer les choses et le monde. Yong tentait comme il le pouvait avec ses petits moyens et sa communauté grandissante d’inculquer des valeurs qu’il aurait aimé que ses parents lui inculquent. Puis comme il le disait tant que ce n’était pas insultant, il n’y avait pas de mal à dire et essayer de faire comprendre aux gens que leur vision était erronée. Chaque personne avait le droit de vivre comme elle le voulait et d’aimer qui elle voulait. Il y avait encore du chemin à faire, mais ils étaient sur la bonne voie.

La conversation vira alors sur leur enfance et Junyong fut surpris d’apprendre que Eun avait été élevé par une nourrice avant de retourner dans les bras de sa mère. Ce n’était pas quelque chose qui lui était arrivé et il se posait des questions sur le lien qui les unissait. Il se doutait bien que ce n’était pas la même chose mais avoir la confirmation était bizarre. « Et t’as réussi à devenir proche de ta mère ou c’est que avec ta nourrice? Tu la vois encore d’ailleurs ? » Yong était curieux, ce n’était pas sa faute. Après tout, il ne connaissait pas cette façon de vivre. Lui n’avait connu que ses parents et un père assez autoritaire qui ne voulait pas de sa fille à la tête de son empire immobilier. C’était bizarre et en même temps intriguant pour le jeune homme. Il fronça les sourcils en l’entendant parler. « Elle gère pour que ce ne soit pas difficile pour toi, ou parce qu’elle n’aime pas ne pas avoir la main sur ce que tu fais, dis et penses ? » Le jeune homme arrivait bien à cerner ce genre de personne. C’était comme son père qui voulait diriger sa vie parce qu’il ne supportait pas l’idée de ne pas avoir de fils à la tête de son entreprise. « Oui beaucoup. J’ai perdu des partenariats à cause de ce que je peux dire, l’image que je véhicule et d’autres trucs. J’ai même refusé des partenariats parce qu’ils n’aimaient pas mon contenu, mais j’avais beaucoup de followers. Mais en vrai, je m’en fous. Tant que je suis moi-même ça me gène pas. Je ne changerai pour rien au monde. » Il sourit avant de reprendre. « Et toi, t’as déjà eu des ennuis ? Hormis ce type là... »