Résumé du dossier médical n°586922 : Patiente Bang Ji Woo. Date de naissance : 24 décembre 2003 (6h57 am).  Parents : Bang So Ra (décédée) et Bang Si Woo. Antécédents médicaux et facteurs de risques : accouchement prématuré à 7 mois et demi, très compliqué pour la mère et le bébé, suivi post-partum allongé de 3 mois. Syncope et malaise vagal fréquents. Asthénie physique entraînant une faible résistance aux virus et infections.

Jeune fille de 17 ans. Emmenée en ambulance privée. Famille présente. Constantes normales à son arrivée. Asthénique et fébrile. Prise en charge actuelle : infection virale (grippe), hospitalisation préventive à la vue des antécédents de la patiente. Surveiller pour éviter complications (surinfection).


Ji Woo a toujours connu les hôpitaux. D’aussi loin qu’elle se souvienne, elle s’est baladée dans ses longs couloirs, a attendu dans ses salles d’attente accompagnée par ses parents et y a rencontré de nombreux médecins. Elle n’a jamais eu de réponses à ses questions : pourquoi était-elle plus sujettes aux malaises ? Pourquoi tombait-elle plus souvent malade que les membres de sa famille ou ses camarades de classes ? Mais Ji Woo a apprit à vivre avec. Ce n’est pas ça qui allait l’empêcher de jouer, sourire, rire, apprendre, profiter de la vie tout simplement.

D’un naturel joyeux, Ji Woo a toujours voulu montrer à sa famille qu’elle ne se laissait pas abattre malgré les infections, les médicaments, les rendez-vous médicaux. Cela ne l’empêchait pas de courir dans les bras de sa mère, de sauter sur le dos de son père, ou bien de faire des bonds de kangourou sur le lit de sa sœur. À l’école, elle a toujours été une enfant sage, sérieuse et bonne élève. Elle avait un regard différent sur l’école que ses autres camarades. Si ceux-ci se plaignaient régulièrement, Ji Woo était toujours ravie de s’y rendre car cela voulait dire qu’elle n’était pas malade ou hospitalisée. Elle voyait l’école comme une chance. Sa famille a toujours fait bien attention à ce qu’elle récupère chaque jour d’école manquée, qu’elle travaille consciencieusement à la maison pour ne pas prendre de retard (sans pour autant lui mettre la pression toutefois). C’est dans un petit cocon familial que la jeune fille a grandi, elle ne peut pas nier qu’on l’a beaucoup choyée dans son enfance et même encore maintenant. Elle a eu l’habitude d’avoir tout ce qu’elle voulait, mais n’en a jamais profité (ou alors peut-être pour avoir la dernière part de dessert ou bien un nouveau livre au magasin). Ses malaises fréquents ne l’ont pas empêché de vivre et grandir normalement.

Pourtant son monde s’est effondré à la mort de sa mère. Ji Woo avait 11 ans et ce jour-là. C’est son père qui lui a annoncé la nouvelle et la jeune fille s’est évanouie à cause du choc. Elle ne s’est réveillée que 4 jours plus tard et a pleuré pendant plusieurs mois chaque jour. Sa mère était son pilier, son souffle, c’est elle qui l’emmenait à l’hôpital la plupart du temps, elle qui venait de temps en temps la chercher à l’école pour l’embarquer dans une virée shopping ou pour aller manger une glace. Ce lien mère-fille était si précieux et il avait disparu.

Se remettant difficilement de la perte de sa mère, Ji Woo développa une anxiété spécifique : qu’un malheur arrive à un autre membre de sa famille. C'est une peur qui ne la quitte jamais et qui s'insinue dès qu'elle se rapproche de quelqu'un. Malgré tout, étant d'un naturel très sociable, elle était rarement seule à l'école, même lorsqu'elle était à l'hôpital, elle avait sympathisé avec tous les malades chroniques, les soignants, certains malades d'autres services. Car malgré tout, elle faisait tout pour être heureuse. Certains jours restaient compliqué, certains jours elle n'avait qu'une envie : se laisser aller et rester au fond de sa lit en pleurant sa mère. Et certains jours, elle avait la force. Elle pensait tous les jours à sa mère, mais elle avançait petit à petit.

Elle avait intégré le lycée et malgré ses absences, elle s’accrochait et réussit à passer en dernière année. Elle n'avait pas vraiment d'idées sur ses projets futurs, ne sachant trop dans quoi s'orienter : peut-être autour des animaux, comme sa mère décédée qui était soigneuse dans un parc animalier. Elle se verrait bien ouvrir un refuge pour tous les animaux abandonnés, ramenant déjà tous ceux qu'elle croisait sur son chemin à la maison, les yeux larmoyants devant son père et sa soeur pour avoir l'autorisation de les garder jusqu'à ce qu'ils aillent mieux.