J’échappe un léger rire à la remarque de ma jeune camarade (somee). « Et alors, c’est quoi le résultat de ton expérience ? » Puis, je lui tends finalement la main afin d’éviter de la voir mourir de froid. Il faut dire que les températures ici sont négatives  et que cela ne risque pas de s’arranger avec cette tempête de neige. Ainsi, après quelques efforts, la jeune femme est de nouveau debout. Je la gratifie d’un sourire et me prépare à rejoindre le chalet à ses côtés. J’ai l’impression qu’elle ne risque pas de faire long feu si je ne la surveille pas un peu. Et puis, il faut dire que son petit minois n’est pas déplaisant à regarder. Mais soit, si ma meilleure amie me surprendrait, elle me dirait que le Père Noël lui-même ne pourrait pas me racheter une bonne conduite. « Tu ne devrais pas t’avancer. Ça porte malheur. » Et être aussi négatif risque de me porter poisse également. Jetant un coup d’œil autour de moi, je vérifie si aucun signe de superstition ne traîne dans les parages. J’échappe un soupir de soulagement quand je finis par poser les pieds sur les marches qui nous séparent de l’entrée. « A toi l’honneur. » Si elle tombe, peut-être que mes bras seront prêts à l’accueillir ? Rigolant de moi-même, je finis par entrer dans le chalet et je suis rapidement surpris par l’ampleur des dégâts. Apparemment, les radiateurs de la pièce n’ont pas décidé de s’activer pour les touristes que nous sommes. Je me retourne vers l’étudiante dont j’ignore toujours le nom. « Je te l’avais dit. » En attendant, je vois que les plus actifs ont déjà allumé le feu. Mon regard se porte ensuite vers Ji Na, qui,  semble vouloir jouer la standardiste. « Si tu arrives à les avoir, demande leur si ça risque de se calmer dans les heures qui suivent. » Après tout, j’ai l’impression que rien n’a été prévenu pour nous. A moins qu’il y ait une information qu’on ignore ? « On va avoir assez de bois pour ce soir ? » Admettons que cette tempête ne dure qu’une soirée, même. Mais pour l’instant, j’ai quand même hâte de savoir si on a un truc à manger dans cette foutue cuisine. Je m’approche alors des placards et espère tomber sur du chocolat pour les filles.

J'échangeais quelques paroles avec l'étudiant à mes côtés sur le chemin vers le chalet. « Résultat des courses, pas du tout comme de la poudreuse, j'avais l'impression de m'être écroulée sur du béton ». Pas après pas, je me retrouvais à l'entrée du chalet. Le seul obstacle qui me séparait du refuge était les petites marches bien glissantes, car d'autres étudiants étaient déjà passés par là. L'étudiant me laissait passer la première, je lui fais un petit signe « Merci ». Il devait avoir peur que si je passe derrière lui, j'allais l'entraîner cette fois avec mois. Je m'accrochais à la petite barre et j'ouvrais la porte du chalet. Surprise ! Pas d'électricité. Il n'y avait pas de lumière, les pauvres étudiants étaient en train de galérer pour essayer de trouver quelques éléments pour faire du feu. Je dépose mon sac dans un coin du chalet et je regarde rapidement autour de moi. J'aperçois Jeha, la seule personne que je connaissais du chalet. Je lui fais une petite tape à l'épaule. « Tu galères pas trop ? » lui dis-je alors qu'il essaie de faire une petite flamme, mais le bois avait l'air trop mouillé. Ah ! Juste à côté, une autre étudiante (hojoo) réussit à faire enflammer. « Merci, tu nous sauves ! » Plus loin, j'entends des grésillements de radio, une étudiante (jina) essaie de la faire fonctionner, mais elle se coupe soudainement. Je n'essaie pas de m'approcher de celle-ci parce qu'avec ma maladresse, j'avais peur de la casser. Je vais dans une pièce où je trouve des torchons de cuisine. Pour empêcher le froid d'entrer davantage, je les mets au niveau des fenêtres et de la porte principale.

Mais c'était quoi ce bordel, j'entendais plus rien, plus rien du tout, Je secouais la radio en mode desespérée triturant les boutons, Le grésillement partait et revenait et c'était juste atroce. Je sentais déjà la faim poindre à l'horizon. Oh mon dieu. Je posais 30 secondes la radio, avant de soupirer. Ca, ca avait l'air d'un bouton on/off, j'étais refaite d'avoir compris ca, donc la molette a côté ca devait être pour les fréquences ; Je la rallume, ca grésille, ca grésille mais rien, j'ai du passer trop vite. Je sens que je perds ma patience, je me connais, et c'est mal barré. Je peste, et tout en tournant la molette, je parle a voix haute « Putain, saleté de radio, le téléphone c'était vraiment fait pour les chiens ou quoi ? » Puis je continue a m'exciter sur le bouton pour enfin trouver une séquence qui grésille plus forte que les autres. Peut être un canal ? Et me voilà qui commence « Bonjour, ici le chalet N°2, vous me recevez ? » Puis je reprend un tantinet frustrée, « On a pas d’électricité, le chauffage ca va être chaud... ET ON PEUT PAS BOUFFER... Vous savez quand ça sera fini a peu près cette foutue averse de neige, ou on va attendre Pâques ? » Cette situation commençait a m'énerver au plus haut point « ALLO ? On est laaaaaaaaaa ... Bande de f... » Je finissais ma phrase en éternuement pour ne pas dire la fin. Allez prions pour que quelqu'un ai reçu ce message,

Une voix familière m'interrompit alors que je jouais avec mon briquet au dessus du prospectus. Je levai légèrement les yeux et reconnus le visage -ou plutôt l'un des visages- de Yong Sun. « Au pire, le rire que tu sais si bien faire naître nous tiendra au chaud. » rétorquai-je avec humour avant de tendre la feuille vers le bois. La flamme lécha le bois, qui resta néanmoins insensible à son approche. Le papier se consuma tandis que je le laissai tomber dans une âtre replongée dans l'ombre. Je serrai les dents de dépit, frigorifié jusqu'aux os, mais relevai à nouveau le poing tenant fermement le briquet pour une nouvelle tentative. Une tape, un nouveau visage. (So Mee) Un sourire étira mes lèvres, qui contrasta avec le grognement qu'exhala ma gorge une seconde plus tard. « Le Robinson en moi n'est pas décidé à se réveiller. » Une silhouette me sauva néanmoins d'une seconde fois infructueuse. (Ho Joo) Je me tournai vers la nouvelle venue, inconnue cette fois, et opinai sans hésiter. « Je crois que je suis aussi doué pour faire du feu que pour remettre le courant d'un claquement de doigt. » admis-je alors qu'elle tendait les mains vers le bois. J'observai avec attention ses gestes, précis et rapides. De toute évidence, elle savait ce qu'elle faisait. « Aucun journal à l'horizon. » annonçai-je dépité alors qu'elle fouillait son sac, dont elle sortit le sésame. J'attendis qu'elle les ait placés dans la cheminée et qu'elle me donne le feu vert pour actionner de nouveau la flamme. Le papier journal s'embrasa brusquement et les buches commencèrent à crépiter timidement mais sûrement.« Tu viens de nous sauver de l'hypothermie. » soufflai-je soulager en tendant les mains vers les flammes. La chaleur lécha ma peau tandis que je tournais la tête pour apercevoir les autres. Certains cherchaient de la nourriture, une autre s’échinait à faire marcher la radio. Et y succéda apparemment. Interpellé, je me tournais vers celui qui nous avait approché (Seo Heon) et coulai un regard vers le tas de bois. Très sincèrement, je n'en avais pas la moindre idée. Le tas n'était pas énorme. Je me tournais donc vers Ho Joo qui semblait bien mieux à même de répondre à cette question, somme toute cruciale. « Le mieux à faire. » intervins-je brusquement, « serait de nous débarrasser de nos vêtements trempés avant d'attraper la crève. Quelqu'un a trouvé des couvertures ? »

Le feu jaillit soudainement entre les branches, prenant petit à petit possession des buches situées un peu plus en retrait. La jeune femme était un brin fière du travail accompli en groupe. Elle soupira de soulagement avant d’avancer ses mains vers la flamme histoire de se dégourdir un peu les doigts. La chaleur, encore légère, faisait cependant du bien. Elle sourit à la jeune femme qui l’avait remerciée plus tôt (somee) avant de se faire ramener un peu à la réalité, par son voisin (jeha), qui ne perdait pas le nord, ni visiblement sa bienveillance naturelle. Elle réfléchit quelques secondes avant de hocher la tête « - tu as raison. Je vais aller voir s’il n’y a pas des couvertures dans les chambres par hasard. » en temps normal il serait logique que tout un tas d’édredons trainaient quelque part, mais, en ayant vu la mauvaise surprise à leur arrivée, plus rien ne semblait étonner la demoiselle. Elle se redressa alors, grimaçant sous la douleur légère mais toujours présente dans sa jambe lorsqu’elle était tombée sous une imposante pièce de bois. Elle pressa sa cuisse avant de se tourner vers le petit monde derrière elle « - je vais aller voir s’il y a des couettes pour tout le monde, quelqu’un veut venir m’aider ? » il semblait étonnant en effet, qu’elle parvienne seule à trainer assez de couvertures pour tout le monde, un peu de soutien ne serait pas de refus, d’autant plus que hojoo avait hâte de se déshabiller pour voir ce qu’elle s’était faite à la jambe. Si seulement quelqu’un était étudiant en santé ici.

Je regardais la radio telle un enfant devant le sapin de Noël. Allez marche poutine, marche, marche. J'allais déclarer forfait quand la radio se mit a crépiter, puis a crépiter. Avant qu'une voix ne se fasse entendre. Je sursautais de surprise. OH MON DIEU, ca marche. J'entends une voix masculine me répondre, c'était pas le tip top niveau qualité mais on s'y ferait. Un certain Jae In du chalet il ne savait pas combien. Oups. Pas d'eau chaude, il était en train de pisser dans le noir et ils avaient trouvé des allumettes. Il avait commencé une phrase qui n'était pas passé. Olalala. Je lève la tête pessimiste avant de me mettre a ricaner. Jae In, comme dans Dumbo ? Le mec qui pouvait déplier ses oreilles pour voler ? Je commence à avoir un rire foutrement nerveux. De toutes les personnes sur cette foutue expédition, je devais tomber sur lui ? J'allais répondre quand la radio s'était de nouveau allumée laissant un message de Sungwook, qui demandait si tout le monde allait bien. Tiens, bonne question... Il me semblait, j'avais pas revu la fille qui avait voulu m'aider mais il me semblait. Et me voilà qui me retourne vers tout le monde en criant « LA RADIO MARCHE LES GENS . CA MAAARCHE. » Et qui reprend le combiné en demandant « Ici châlet 1 désolée, j'avais zappé le numéro du notre. Ji Na à la radio. Bonjour Sung Wook, je pense qu'on est tous en sécurité. Y'a une fille qui etait encore dehors tout à l'heure mais elle devrait être rentrée à l'heure qu'il est. » Puis de reprendre « Bon Dumbo, tu as réussi a viser correctement ? C'est plutôt gênant de parler a quelqu'un aux chiottes là...Grouille toi ou file la radio a quelqu'un d'intelligent... » C'était gratuit, mais quelque part ca faisait du bien vu le chaos environnant. Puis j'avise le feu que les autres venaient de faire avant d'avoir un sourire en coin, on allait avoir chaud c'était déjà ça. Je reportais mon attention sur la radio avant de dire d'un ton goguenard « En plus, je savais pas que vous étiez comme ça les mecs, à deux aux chiottes... » et de pouffer de rire. Non, mais fallait avouer que le concept était étrange hein... « On a un feu, et des couvertures. Reste a explorer le machin. Vous avez déjà fait le tour ? Et je parle pas des chiottes hein Dumbo... » J'insistais lourdement sur le dumbo, parce que je trouvais que ca lui allait vraiment comme un gant.

Yindee regarda Ho Joo s'éloigner brusquement, les mains en l'air comme si elle avait été menacée. Le sourcil levé elle se demandait bien quelle mouche l'avait piqué. Chassant rapidement cette impression bizarre elle avait reporté son attention sur Jun Soo qui galérait visiblement avec son téléphone. Elle sortit le sien de la poche de son manteau, en alluma la lampe de poche et le lui tendit avant de regarder autour d'elle. Tout le monde était rentré, et la porte du chalet était enfin fermée. Un petit groupe s'affairait autour de la cheminée, et elle priait tous les dieux dont elle connaissait le nom pour qu'ils y parviennent, elle était transie de froid. Elle surveillait le moindre de leurs faits et gestes, et quand enfin elle vit l'âtre s'enflammer, elle poussa une exclamation de joie. Abandonnant Jun Soo sans se retourner pour se rapprocher de la cheminée. Elle regarda Ho Joo et celui qui l'avait aidé à se relever (Je Ha) et leur sourit. « Vous êtes mes héros là un peu. » Son accent perçant légèrement, elle ôta ses gants trempés, s'accroupit et tendit les mains vers l'âtre. Elle écoutait les propositions fuser, elle qui n'était pas habituée aux températures glaciales autres que celles de la Corée, elle ne savait comment réagir en fonction. Se débarrasser de leurs vêtements mouillés ? Il est vrai que suite à sa chute son pantalon était mouillé et collant mais surtout gelé. Des couvertures ? Elle finit par se relever et sourit à Ho Joo. « Je t'accompagne, c'est parti ! »

Le feu jaillissait enfin sous leurs yeux, et tout de suite, les choses paraissaient moins terribles. Elle en oubliait presque qu’elle s’était fait mal à la jambe, convaincue qu’il ne s’agissait de rien de bien méchant. Elle glissa un morceau de bois dans les flammes avant de se redresser et d’adresser un sourire à yindee « - au moins on peut barrer la possibilité de mourir de froid. » commenta hojoo alors qu’elle repliait son écharpe trempée pour la laisser, au coin du feu, se chauffer tranquillement. Elle fut enchantée d’ailleurs de voir qu’elle s’était trouvée une camarade pour aller fouiller dans les chambres et pouvoir chercher des couettes pour tout le monde. Elle connaissait vaguement la belle brune qui s’était proposée (yindee) et à vrai dire, c’était une personne qu’elle avait toujours eu envie de rencontrer. La danseuse fut néanmoins happée par son pantalon trempée. Elle se mit à rire « - toi aussi tu as fait une mauvaise chute dans la neige ? » l’acrobate s’empara de son téléphone gelé et commença à marcher vers la porte qui conduisait vers un grand couloir, arborant toutes les autres pièces de la demeure. Elle se déplaça de quelques pas avant de grogner sous l’inconfort de son mollet. Mais elle n’en fit rien, elle aurait pu rester assise au coin du feu à se lamenter sur sa plaie. Hojoo n’était pas comme ça. Elle attrapa cependant le bras de yindee avant d’éclairer l’obscurité du couloir de sa faible lampe de poche, s’éloignant alors du bruit de la pièce principale. Elle poussa une première porte ; une première chambre. « - on peut commencer à fouiller ici, j’espère qu’il y aura assez de couvertures pour tout le monde. »