Luella n’a jamais été très studieuse à l’école malgré ses efforts pour avoir un niveau normal. Elle s’est rendue compte très tôt que le travail manuel lui apportait une plus grande satisfaction.  C’est pour cela qu’à l’âge de seize ans, elle se résilia à abandonner le lycée. A l’époque sa famille d’accueil n’avait jamais vraiment considéré Luella comme utile dans les bancs de l’école. Bien au contraire, lorsqu’elle put obtenir un petit travail (souvent dans les marchés à ranger les palettes et les légumes) elle devait donner les efforts de son travail à ses parents « adoptifs » L’argent a toujours conduit le foyer de la famille recomposée, puis elle n’osait pas se rebeller. Parmi les sept enfants, Luella était indéniablement la plus effacée, la plus influençable et celle qui semblait avoir peur de faire ou dire quelque chose qui pourrait attiser la colère de ses parents adoptifs.

A l’âge de huit ans, elle se souvient avoir apporté une aide à sa mère adoptive dans la cuisine. Pour la récompenser de son travail, elle avait tendu un kinder bueno à Luella. Petite et frêle, la petite enfant avait naturellement sautillé de joie, prête à déguster le chocolat. Mais elle se souvint seulement du rire sadique de la mère de famille et la fourchette planté sur le dessus de sa main. Jouer avec la fragilité de la petite fille était un des passe-temps préférés de la « maman » Luella se souvient de cette scène, marquée par la cicatrice toujours présente sur le dessus de sa main gauche.

Luella aime profondément ses frères et sœurs. Malgré sa personnalité introvertie, elle a toujours pu trouver une place parmi eux et ils ont toujours accepté son besoin de solitude, le manque de bavardage et souvent plongée dans ses pensées. Luella garde dans son petit appartement des photos avec chacun de ses frères et sœurs.

Elle est souvent interpellée comme un homme à cause de son physique ; grande, les cheveux très courts et le manque de forme. Dans son adolescence, elle eut cette crise identitaire en se demandant si elle devait être une femme ou un homme. Devoir se traduisait être comme les autres attendaient d’elle ou alors comment elle sentait intérieurement. En grandissant, Luella se considéra comme une femme, parce que c’est ce qu’elle est et qu’elle ne veut plus douter de cela sous prétexte que les autres la perçoivent différemment.

Luella a toujours manifestée une certaine tendresse dans son comportement. L’hypersensibilité a un rôle majeur au cœur de sa vie, bien qu’introvertie, ses émotions sont multipliées et très souvent son seul moyen d’expression sont les larmes. Elle inspire la stabilité et la solitude, s’éloignant de la vie citadine elle se ressource à la campagne. Elle essaye de garder une certaine maîtrise d’elle-même mais cela semble une difficulté surtout en présence de gens. Elle se sent notoirement comme une éponge entourée de gens, les énergies négatives s’accrochent désespérément à elle et elle se fatigue très rapidement. De condition humble, sans se plaindre et plutôt simple, Luella vit sobrement et n’aime pas vraiment s’enticher d’objets inutiles.

Au travail, la jeune femme fait preuve de perfectionnisme, surtout au contact des chevaux. Elle se met à leur parler et à vouloir faire tout parfaitement pour eux. Ce comportement traduit un aspect excentrique de sa personnalité. La présence des animaux lui apporte une grande sécurité et lui permet de se débarrasser du stress intense de la grande ville. Son besoin de solitude suggère un certain égoïsme ou une certaine peur mais Luella n’a aucune confiance en elle. Et oui les apparences pourront avoir l’air de tromper mais au fond, elle a toujours été cet enfant, effrayée de se voir abandonné. Alors c’est toujours elle qui s’excuse la première, qui s’humilie pour soulager l’égo des autres et se sacrifie pour simplement ressentir ce sentiment « Ok, j’existe. » Elle peut tout laisser passer parce que Luella n’ose pas se rebeller ou blesser avec les mots.

Les mots…l’ont tellement poignardé dans la vie, qu’elle n’ose même plus aucun son sortir de sa bouche.

Alors elle ne parlera jamais de sa vie privée ou d’elle-même. Sa maladresse s’ajoute dans cet état, alors il est très difficile pour elle d’avoir des amis. Son hypersensibilité, son manque de confiance en elle et sa maladresse repoussent très souvent la compagnie des gens, surtout au milieu de la société coréenne, elle est pointée comme « anormale », tout semble dégoûter le monde:  son physique, sa personnalité…